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Daniel
Dictionnaire Biblique Bost
Westphal Calmet

1°. Troisième fils de David, par Abigaïl (1 Chroniques 3.1).

2°. Descendant d’Ithamar, nommé parmi ceux qui revinrent de la captivité de Babylone (Esdras 8.2).

3°. Prophète hébreu.

Daniel le prophète était d’une naissance illustre, et même, il appartenait à la famille royale et descendait directement d’Ézéchias (cf. 2 Rois 20.18). Fort jeune encore, âgé peut-être de 12 à 15 ans, il fut emmené captif en Caldée, après la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar, la quatrième année de Jéhoïakim (av. J.-C. 606). Il fut élevé avec trois autres de ses compatriotes et compagnons d’âge pour le service de la cour, et reçut le nom de Belteshatsar (Daniel 1.7 ; 2.26). Il se distingua par ses abstinences et sa fidélité, refusa de se souiller en goûtant des mets qui lui étaient défendus par la loi de Moïse, et commença, au bout de trois années de préparation, son service auprès du monarque. Les quatre jeunes gens ne tardèrent pas à gagner la confiance de leur maître par leur sagesse et leur science admirables ; Daniel, en particulier, ayant su rappeler au roi un songe remarquable que celui-ci avait fait et qu’il avait entièrement oublié, et lui en ayant en même temps donné l’interprétation, devint l’objet d’une haute considération et fut élevé à la dignité d’inspecteur de la caste des mages (2.46), charge qu’il paraît avoir perdue cependant sous l’un des successeurs de Nebucadnetsar, et qu’il n’exerçait plus sous Belshatsar (5.10-16).

C’est revêtu de ce titre nouveau qu’il fut appelé auprès du roi pour lui expliquer un second songe, mais personnel à Nebucadnetsar, et plus terrible que le premier ; il lui annonça qu’il serait, pendant un certain nombre d’années, réduit à l’état de bête sauvage. Puis, pendant deux ou trois règnes, ceux d’Evil-Mérodac, de Nériglissor et de Laboroso-Archod, Daniel disparaît de la scène : les armes de Cyrus remplissent déjà l’Asie, sa renommée est portée sur toutes les bouches, ici la crainte, là l’espérance. Daniel, qui sait la succession des monarchies et le renversement de Babylone par la puissance médo-perse, Daniel qui sait que la fin de la captivité, que le terme des soixante et dix années approche, Daniel enfin qui se rappelle que c’est un guerrier du nom de Cyrus qui doit présider au retour des Juifs dans leur pays, dire à Jérusalem : sois rebâtie, et à son temple : sois refondé, Daniel attend dans le silence le développement et l’accomplissement de ces faits dont aucun autre peut-être n’a la clef. Puis, une nuit, pendant que Belshatsar est dans la salle du festin, Cyrus marche dans le lit du fleuve mis à sec, et l’ange écrit sur la muraille du festin des mots mystérieux et redoutables. Après avoir inutilement consulté les mages et les devins, Belshatsar mande le prophète hébreu. Daniel apparaît : ses paroles sont sévères ; il parle à un roi puissant, mais qui n’a plus que peu d’heures à vivre ; il lui reproche ses crimes et lui déclare que le moment de la vengeance est arrivé : bien loin de profiter de l’expérience de ses pères, il a résisté au vrai Dieu, il s’en est détourné, il a foulé aux pieds les choses saintes ; les coupes et les vases sacrés du temple de Jérusalem sont encore là, sur la table, pleins de vin, destinés à passer par les lèvres des courtisans et des concubines royales.

Frappé de terreur, et voulant essayer peut-être de parer le coup fatal en s’amendant à la hâte, Belshatsar fait revêtir Daniel d’écarlate, lui met un collier d’or au cou, et le déclare le troisième du royaume. C’était trop tard. Darius le Mède, grand oncle de Belshatsar, et pour qui Cyrus avait fait cette conquête, s’empara du royaume à l’âge d’environ soixante et douze ans ; il continua d’avoir pour Daniel le même respect et la même considération que lui avaient témoignée ses prédécesseurs ; il établit cent vingt satrapes dans le pays, au-dessus d’eux trois gouverneurs, et Daniel comme leur chef. Darius fut le sixième roi que Daniel fut appelé à servir d’une manière ou de l’autre dans l’administration ; il servit encore plus tard sous Cyrus (Daniel 6.28).

Cependant l’envie et la malveillance ne dormaient pas ; la religion fut le moyen que l’on mit en avant pour perdre Daniel ; on arracha à Darius un édit par lequel tout homme qui, pendant trente jours, adresserait des prières à une autre divinité qu’au roi lui-même, serait jeté aux lions. Daniel, qui n’a jamais fait étalage de piété, ne craint point non plus de montrer sa foi ; il doit l’exemple à ses coreligionnaires, il doit les soutenir dans ce combat entre les dieux de Darius et Jéhovah : sa position l’y oblige ; s’il cède, tous céderont ; s’il persévère dans le bien, tous y persévéreront. Aussi, trois fois le jour il ouvre sa fenêtre du côté de Jérusalem, se met à genoux, prie et célèbre son Dieu comme il faisait auparavant. Découvert, accusé, condamné malgré le roi que sa parole engage, on le descend dans la fosse aux lions ; mais ces animaux affamés respectent l’oint de l’Éternel, et quand, au jour suivant, Darius, qui croit au Dieu de Daniel, s’approche avec une vague et faible espérance de trouver son ami vivant, Daniel lui répond : Ô roi, vis éternellement. Mon Dieu a envoyé son ange, et a fermé la gueule des lions, tellement qu’ils ne m’ont fait aucun mal, parce que j’ai été trouvé innocent devant lui ; et même à ton égard, ô roi, je n’ai commis aucune faute. Daniel sort du tombeau triomphant ; ses ennemis, qu’on y jette avec leurs femmes et leurs enfants, sont dévorés « avant même qu’ils soient parvenus au bas de la fosse ». Le prophète reprend dans l’empire son rang et son autorité (Daniel 6.11) ; c’est en grande partie à son influence qu’il faut attribuer la permission donnée aux Juifs de retourner dans leur patrie. Lui-même resta à la cour, surveillant jusqu’à sa mort les intérêts du règne de son divin maître, et mourut, à ce que l’on peut croire, âgé d’au moins quatre-vingt-dix ans, quelques années après l’avènement de Cyrus.

Dieu n’avait envoyé Daniel à Babylone, et ne l’avait revêtu du ministère public qu’en vue du peuple d’Israël, dont la régénération morale devait s’opérer pendant l’exil. Or, quoi de plus propre à atteindre ce but que la mission de Daniel ? Tous les Israélites pouvaient attacher leurs regards sur lui comme sur un modèle de fidélité : ils voyaient se déployer en lui, même au milieu des idoles, toute la puissance du vrai Dieu ; jeune, il les encourage par sa fermeté ; plus tard, il les soutient de son crédit et par les révélations de sa sagesse surhumaine ; vieillard, il affronte les lions, et, par sa haute position, s’expose aux premiers coups, aux premiers châtiments, comme le sapin de la montagne qui détourne la foudre des arbustes qui l’environnent, en l’attirant sur lui-même. Enfin ses prophéties consolantes devaient relever leur courage abattu, et leur montrer dans un avenir peu éloigné le moment que les fidèles appelaient de leurs vœux les plus chers.

Deux passages d’Ézéchiel (14.14 ; 28.3), nous montrent que sa destinée providentielle fut comprise au moins par quelques-uns de ses compatriotes ; ils nous font voir en même temps combien Daniel devait être un homme de prière, puisque de son vivant, un de ses contemporains, mû par l’esprit de Dieu, ne craint pas de le citer avec Job et Noé, comme un des hommes dont l’intercession eût pu avoir le plus de succès auprès du trône des miséricordes et de la justice. Sa sagesse y est également exaltée.

On s’est étonné quelquefois que Daniel n’ait pas été enveloppé dans une même condamnation avec ses trois amis qui furent jetés dans la fournaise ardente pour avoir refusé d’adorer la statue de Nebucadnetsar (Daniel 3) ; mais outre que Daniel pouvait se trouver accidentellement éloigné, il faut remarquer que la fête de cette dédicace se fit dans la province de Babylone où les trois autres jeunes gens étaient établis, tandis que Daniel qui avait un autre poste dans la ville même de Babylone, à la porte du roi (2.49), était peut-être retenu par sa charge même, loin d’une scène d’idolâtrie dans laquelle il aurait certainement participé à la conduite, au supplice et à la délivrance de ses amis, s’il eût été appelé à y assister.

Quoique le prophète ait été un homme pécheur comme nous, et qu’il le reconnaisse avec tant d’humilité dans la belle prière du chapitre neuvième, on a fait la remarque que sa vie telle qu’elle est racontée ne présente aucune espèce de taches, de même que celle de Joseph en Égypte : ce sont deux figures qui nous offrent la plus grande pureté de caractère, nobles, droits, fidèles dans tout ce que nous en connaissons.

Livre de Daniel. Les six premiers chapitres se rapportent à la biographie du prophète ; les six autres contiennent les prophéties proprement dites, qui ont essentiellement pour objet l’histoire des principaux peuples aux destinées desquels le peuple de Dieu fut mêlé et enchaîné. Ce devait être pour les Israélites pieux une grande consolation de pouvoir ainsi discerner clairement, au milieu des révolutions politiques, la main de celui qui fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. Le sujet du chapitre 7 est le même que celui du songe expliqué au chapitre 2, la succession des quatre monarchies, chaldéenne, médo-perse, macédonienne et romaine. Le chapitre 8 annonce avec plus de détail l’histoire de la deuxième et troisième de ces monarchies. Le 9 détermine de la manière la plus remarquable et la plus précise l’époque des bénédictions messianiques, il renferme le passage des septante semaines. Les chapitres 10 et 11 prédisent les destinées du peuple Juif sous la domination égyptienne et sous la domination syrienne. Enfin, le 12 s’étend de nouveau jusqu’aux temps du Messie. Ces douze premiers chapitres sont écrits partie en chaldéen, partie en hébreu ; les catholiques en ajoutent deux autres écrits en grec, et renfermant les histoires de Susanne, de Bel et du Dragon ; on les compte ordinairement à part. Voir Apocryphes.

Le livre de Daniel contient des vérités tellement précises, les miracles qu’il rapporte sont si inexplicables, qu’il devait être une pierre d’achoppement pour tous les ennemis de la révélation : aussi les voyons-nous se liguer dans leurs attaques contre son authenticité, depuis le païen Porphyre jusqu’aux rationalistes modernes inclusivement. Cette authenticité, cependant, repose sur des preuves assez solides et assez nombreuses pour que sous ce rapport Daniel puisse se mesurer avec tout autre livre de l’antiquité hébraïque. Il existait déjà en collection du temps des Macchabées (1 Maccabées 2.59-60), et Josèphe nous apprend (Antiquités judaïques 11.85), qu’il fut présenté à Alexandre-le-Grand, fait dont nous n’avons aucune raison de douter. L’auteur montre aussi une connaissance si approfondie des mœurs et des événements de l’époque dont il parle, qu’il serait difficile d’admettre que ce livre ait été écrit à une époque postérieure. Enfin et surtout, nous avons en faveur de son authenticité le témoignage solennel de notre Sauveur, qui ajoute : que celui qui lit ce prophète y fasse attention (Matthieu 24.15).

Pour l’étude de ce livre difficile nous indiquerons parmi les meilleurs ouvrages à consulter, le Commentaire de Calvin, l’Apologétique de Sack, Hengstenberg’s Beitrsege zur Einl. in das Alte Test., le commentaire de Hœvernick, en anglais Tregelles, et en français les Leçons sur le prophète Daniel, données dans une école du dimanche, par M. Gaussen.

Dan
Danna  
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