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1°. Premier homme. Dieu dit au commencement : « Faisons l’homme à notre image », et l’homme fut tiré de la poussière ; Dieu les créa male et femelle (Genèse 1.26-27). Le mot Adam signifie terre ; c’est un nom qui aurait pu, dans sa généralité, s’appliquer à tous les individus de la race humaine, mais qui est demeuré le nom propre de notre premier père. – Quand l’organisation matérielle de ce vaste univers fut achevée, le Créateur compléta son œuvre en créant l’homme à son image et selon sa ressemblance. Dieu fit l’homme droit, non pas impeccable, non pas doué de la toute-puissance, ni de la toute science, mais pur de cœur et sain d’entendement comme de corps En connaissance, en justice et en vraie sainteté, il réfléchissait l’image sans tache de son puissant Créateur, et il était pourvu de ce qu’il lui fallait pour exercer l’empire sur les œuvres de la création. Celles-ci étaient alors « très bonnes » à tous égards. Ce vaste ensemble n’était qu’harmonie et bénédiction ; le gouverneur suprême en remit la domination à Adam, et fit passer devant lui toutes les créatures afin qu’il les nommât et qu’il décidât ainsi de leur rang et de leur qualité, car c’est ce qu’emportait chez les Hébreux le droit de donner le nom à quelqu’un ou à quelque chose. Mais tout ce monde et ces milliers d’êtres ne présentaient pas à l’homme le secours et la communion de sympathie dont il avait besoin ; Adam était seul ; nul être ne pouvait partager son bonheur et répondre à ses sentiments. C’est pourquoi l’Éternel le plongea dans un profond sommeil, et d’une de ses côtes lui forma une compagne : la femme est créée, le mariage est institué, et l’homme exprime, en termes pleins d’énergie, ses nouvelles affections et le sentiment qu’il a de l’intimité qui doit régner entre lui et celle qui est un autre lui-même : le nom qu’il lui donne d’abord (Adamah, Hommesse, 1.23), est destiné à rappeler constamment ce fait. Comme les saisons n’avaient point encore leurs intempéries, et que le sentiment de la honte et de la pudeur, premier fruit du péché, était inconnu à nos premiers parents, ils marchaient dans l’innocence des petits enfants, sans songer à voiler leur corps par des vêtements. (Voir Création, Ève, Femme).
Plus l’homme était haut placé, plus l’autorité que l’Éternel lui avait donnée sur les œuvres de la création était grande, plus il importait aussi que quelque chose vînt sans cesse lui rappeler qu’il avait un maître au-dessus de lui, un Seigneur qui l’avait créé pour sa gloire et auquel il devait hommage et obéissance. Peu importait en soi quel que fut le signe de cette dépendance. Dieu défendit sévèrement à l’homme le fruit d’un des arbres du jardin qui, pour cela, fut nommé l’Arbre de la connaissance du bien et du mal. Le bonheur d’Adam était ainsi entre ses mains et dépendait de ses œuvres : s’il obéissait au commandement, lui et les siens, il jouirait avec eux et à toujours d’un bonheur sans mélange, dans la communion de Dieu. Vie éternelle, vie spirituelle, voilà ce qui lui avait été donné avec la vie naturelle, et ce que son obéissance devait lui conserver. L’arbre de vie qui est au milieu du jardin sert de signe à ces promesses. Mais s’il manque à la loi qui lui est imposée, alors tout le contraire lui arrivera : la mort naturelle, la mort spirituelle, la mort éternelle seront son partage, à moins que la miséricorde divine n’intervienne ; mais Dieu ne lui fait encore aucune promesse à cet égard, parce qu’il ne veut pas préjuger sa chute.
Le grand adversaire que nos versions appelle Satan et le Diable, celui qui est menteur dès le commencement, et père du mensonge, se sert du serpent pour séduire la femme ; il parvient à glisser la tentation dans son cœur. La convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’orgueil de la vie (1 Jean 2.16), suffirent à faire succomber Ève : quand elle vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, et qu’il était agréable à la vue, et que cet arbre était désirable pour donner de la science, elle en prit du fruit et entraîna son mari dans sa chute (v. un Sermon de Hor. Monod sur les trois Convoitises). Dès lors l’image de Dieu dans l’homme fut effacée ; Adam et Ève sont morts spirituellement, et leur communion avec Dieu se trouvant rompue, ils apprennent ce que c’est que le trouble et la honte ; ils cousent ensemble des feuilles de figuier et s’en font une ceinture autour des reins ; puis, lorsque la voix, la parole de l’Éternel, se fait entendre dans le jardin, ils se cachent au milieu des arbres et pensent pouvoir cacher à Dieu ce qu’ils ont fait. Bien plus, quand Adam voit que tout est découvert aux yeux de celui à qui nous devons tous rendre compte, il essaye de rejeter toute la faute sur celle qu’il devait aimer comme lui-même, et indirectement, par un horrible blasphème, sur l’Éternel qui lui avait donné cette compagne. Toutefois, avant de frapper, l’Éternel fait entendre aux coupables l’Évangile, la bonne nouvelle du salut, c’est que la postérité de la femme brisera la tête du serpent : puis il leur annonce la malédiction qui reposera sur Adam et sur toute sa race, même sur les élus qui auront part à la grande délivrance finale. Infirmités, douleurs de l’enfantement et sujétion à son mari, telle sera la part spéciale de la femme ; travail et fatigues, récoltes précaires et arrosées de sueurs, toutes sortes de peines et d’infortunes, et la mort après tout, voilà ce qui attend Adam et le genre humain tout entier dont il est le représentant et le père. « Tu es poussière et tu retourneras dans la poussière », sentence pleine de miséricorde pour le fidèle quand on la compare à l’éternelle mort qu’il a méritée, et quand on pense à l’éternelle félicité que la grâce de Dieu lui assure.
Adam nomma sa femme Ève, c’est-à-dire vivante, parce qu’elle devait être la mère des vivants : l’immortalité de l’individu fut remplacée sur la terre par celle de la race, mais ce fut toujours l’immortalité. Puis l’Éternel, les ayant revêtus de robes de peaux, les chassa du paradis, dont il fit garder l’entrée par un ange armé d’une épée flamboyante. Bientôt après naquirent Caïn et Abel portant l’un et l’autre l’image de leur père terrestre, c’est-à-dire pécheurs et mortels comme lui. D’autres enfants en grand nombre, des fils et des filles, furent donnés à Adam ; Seth est le seul dont le nom soit conservé ; il naquit la 130e année de son père. Adam mourut huit siècles après, à l’âge de 930 ans. Lémech, père de Noé, en avait alors 56.
Observations détachées :
(a). On a pensé, mais sans fondement, que le mot Adam signifiait premier créé ; d’autres ont cru y reconnaître le mot sanscrit Adim, qui signifie le premier ; enfin, l’on a prétendu qu’il dérivait d’un mot hébreu signifiant ressemblance. Ce qui est plus probable, c’est qu’il vient de Adamah, terre : le corps d’Adam fut formé de terre, et c’est encore à présent la terre végétale, ou terreau, qui, varié de mille manières, est le principe constitutif, non seulement des végétaux, mais encore des animaux.
(b). La création de l’homme est racontée de manière à nous montrer combien d’importance l’esprit de Dieu donne à la formation de ce chef-d’œuvre sorti des mains du Créateur. Le récit ne nous dit pas simplement que l’homme a été formé, mais il nous fait part des pensées divines qui précédèrent ce grand et dernier acte de la création ; l’Éternel tient conseil et veut que nous sachions l’idée essentielle que sa puissance va réaliser. « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ».
(c). Dieu souffla en l’homme une respiration de vie, et l’homme devint une âme vivante, ce qui veut dire, non seulement que Dieu donna la vie à l’homme comme il l’avait déjà donnée aux animaux, mais encore qu’il lui donna une âme, siège de l’intelligence et du sentiment, et qu’il le doua d’un sens moral qui était la vie de son âme et son privilège essentiel. Par ses sens, dont rien ne troublait le libre et droit exercice, l’homme était en rapport avec la nature matérielle, et les facultés de son entendement dans leur force originelle le mettaient en état de saisir tous ces rapports et de les combiner, en sorte qu’il avait, hors de lui et en lui, la source de toutes les connaissances naturelles qu’il devait progressivement acquérir. D’un autre côté, il pouvait s’élever par le sens moral aux relations qui l’unissaient à Dieu, et les pieuses affections de son cœur devaient tendre à se développer par la contemplation et par l’exercice. Tel nous paraît avoir dû être le premier homme quand il sortit des mains de son Créateur, sans toutefois que nous croyions possible d’arriver à quelque chose de bien certain sur sa nature, vierge encore de toutes impressions, que les uns croient avoir été extrêmement développée, et que d’autres comparent à celle d’un enfant admirablement doué de la puissance d’acquérir, mais qui n’a encore rien acquis.
(d). La dégradation dans laquelle tombe le premier homme, et les rapides progrès qu’il fait dans la voie du mal, sont vraiment effrayants. On peut remarquer trois faits dans cette chute : la faiblesse singulière du pécheur, qui cède à la voix de sa femme ; sa lâcheté à vouloir s’excuser en l’accusant ; enfin, et surtout, l’endurcissement qu’il manifeste au point de n’exprimer aucune repentance de son péché. C’est que le repentir est impossible là où il n’y a point d’espérance, et nulle promesse de pardon n’était encore sortie de la bouche de l’Éternel. Mais, dès que la promesse d’un libérateur eut été prononcée, il y eut pour Adam une voie de retour à Dieu, et le nom même qu’il donna à sa femme semble indiquer qu’il entra aussitôt dans cette voie. Il l’appela Vivante et Mère des vivants, au moment que la sentence de mort contre elle et contre sa postérité venait d’être portée ; ce qui rend probable qu’il lui donna ce nom en vue de la promesse, c’est-à-dire par la foi.
(e). Si le Seigneur afflige quelqu’un, il en a aussi compassion selon la grandeur de ses gratuités, a dit Jérémie (Lamentations 3.32) et non seulement, après la chute, Dieu donne la promesse d’un Rédempteur, mais même plusieurs parties de la malédiction sont de réelles bénédictions, un bonheur dans le malheur, de tristes remèdes, mais pourtant salutaires à l’homme. Que fussions-nous en effet devenus si, le mal étant entré dans le monde, nous n’eussions pas été assujettis à travailler pour vivre, et que de maux l’oisiveté n’eût-elle pas amoncelés sur le genre humain ! Quel avenir de bonheur n’y a-t-il donc pas dans ces paroles : « Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage » ! – Et si l’homme, après s’être condamné lui-même par sa chute, eût continué d’être immortel, combien son sort n’aurait-il pas été déplorable ! L’immortalité dans la misère ! Mais Dieu prend soin qu’il ne puisse plus toucher à l’arbre de la vie, et cette privation, ce châtiment apparent tourne encore au meilleur bien de la créature.
(f). On suppose, et non sans raison, que les robes dont l’Éternel recouvrit Adam et Ève, furent faites avec la peau d’animaux qu’ils durent offrir en sacrifice par l’ordre de Dieu, quoique cet ordre ne soit pas mentionné par Moïse. Ces robes seraient alors une figure de la justice de Christ, dont le Seigneur revêt ses élus.
(g). L’Éternel ayant chassé Adam et Ève du paradis, prit des mesures pour qu’ils n’y pussent rentrer. C’est ainsi que les fidèles eux-mêmes, aussi longtemps qu’ils sont ici-bas, ne peuvent être pleinement rétablis dans la pureté et la félicité originelles ; et c’est dans ce sens qu’ils ne sont « sauvés qu’en espérance ».
(h). La longévité d’Adam et des premiers hommes a eu pour but, évidemment, d’augmenter plus promptement la famille humaine, et de suppléer en même temps, par la tradition, au défaut de la parole écrite. Quand la population n’aurait alors doublé que tous les cinquante ans, il y aurait eu sur la terre, à la mort d’Adam, près d’un million et cinq cent mille individus issus de lui ; et Lémec, qui mourut cinq ans seulement avant le déluge, avait pu recevoir de la bouche d’Adam lui-même le récit des premières révélations de l’Éternel.
(i). La Parole de Dieu nous montre en Adam un type de notre Seigneur Jésus-Christ (Romains 5.12-19 ; 1 Corinthiens 15.45). Comme le corps d’Adam fut formé par la puissance de Dieu et pris de la terre, de même Jésus-Christ homme a été formé par cette puissance dans le sein de Marie. Christ est l’image du Dieu invisible, sa parfaite ressemblance. Jésus, en sa qualité de Messie, de Christ, a reçu la domination sur toutes choses. Il est le premier-né d’entre ses frères, le chef et la tige de tous les élus. Enfin, de même que le péché d’Adam est devenu le péché de toute sa race, la justice de Christ appartient à tous ceux qui sont spirituellement sa postérité.
2°. Ville de la tribu de Nephthali (Josué 3.16).
Peut-être la même ville qui est appelée Adama et Adaminébek (19.33-36), située près de l’extrémité sud de la mer de Tibériade. Ce fut près de là que les eaux du Jourdain s’amoncelèrent lors de l’entrée des Hébreux en Canaan.