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C’est ainsi que nos versions traduisent l’hébreu Kaath (Lévitique 11.18 ; Deutéronome 14.17 ; Psaumes 102.6 ; Ésaïe 34.11 ; Sophonie 2.14) ; mais les Septante et la Vulgate lisent pélican, et cette version doit être préférée, si l’on peut préférer quelque chose dans ce dédale d’animaux inconnus dont le nom revient si rarement, et chaque fois avec des caractères si généraux, qu’ils peuvent s’appliquer à un grand nombre d’espèces différentes. Le pélican, déclaré impur par la loi de Moïse, habite les contrées chaudes et maritimes ; c’est un oiseau de la grosseur du cygne, assez lourd dans sa forme et dans sa démarche, mais remarquablement léger quand il étend ses grandes ailes pour prendre son vol ; sa couleur est d’un blanc grisâtre parsemé de petites plumes rose-tendre ; la queue et les grosses plumes des ailes sont noires. Ce qui le distingue surtout, c’est la grande poche qu’il porte sous le bec, et dont il se sert pour pêcher et pour faire des provisions ; elle peut contenir, dit-on, une dizaine de litres (Adanson dit 22 pintes, voy. au Sénégal, p. 136) ; son nom hébreu vient du verbe ko, qui signifie vomir, et se rapporte sans doute à l’habitude qu’a cet oiseau soit de rejeter devant ses petits, pour les nourrir, le revenu de sa pêche, soit de rejeter pour son propre compte les moules et les huîtres qu’il a avalées et réchauffées dans son estomac, afin d’en manger la chair lorsqu’ils se sont entrouverts. Il pèse jusqu’à 12 et 15 kg ; sa voix rappelle, dit-on (Buffon), le cri de l’âne, selon d’autres le cri d’un homme dans l’angoisse et la douleur (cf. Psaumes 102.6). Le nid du pélican se trouve communément au bord des eaux, à plate terre et plutôt dans des endroits déserts et isolés (Ésaïe 34.11 ; Sophonie 2.14).
Quant au cormoran proprement dit, s’il en est parlé dans la Bible, c’est sous le nom de Shalak (Lévitique 11.17 ; Deutéronome 14.17), que nos versions ont traduit par plongeon. (Au chap. 11 du Lévitique, au lieu de 17 : « La chouette, le plongeon, le hibou », 18 : « le cygne, le cormoran, le pélican » ; nous traduirions conformément aux travaux des savants modernes : 17 : « La chouette, le plongeon, le butor ( ?) », 18 : « le cygne, le pélican, le vautour (percnoptère ».) Le nom du cormoran ne se trouverait donc pas dans la Bible, à moins que l’on ne veuille entendre par plongeon le cormoran lui-même, et notamment cette espèce qui est connue en grec par le nom de cataractes qui désignerait (comme fait aussi le nom hébreu) l’impétuosité avec laquelle cet animal fond sur sa proie : on peut d’autant mieux adopter cette manière de voir que le plongeon appartient plutôt aux régions tempérées ou froides, tandis que le cormoran habite les pays plus chauds et plus méridionaux ; et les traducteurs n’ont guère pensé au nom de plongeon que parce qu’il leur était présenté par le sens même étymologique du nom hébreu shalak. Le cormoran a, comme le pélican, les quatre doigts assujettis par une membrane d’une seule pièce ; il a de même le bec garni en dessous d’une peau d’une belle couleur orangée, qui s’étend sous la gorge de quelques lignes, et s’enfle à volonté, mais sans acquérir la capacité de celle du pélican. Le cormoran, quoique bon plongeur et bon nageur, reste moins dans l’eau que plusieurs autres oiseaux aquatiques ; il prend fréquemment son essor et se perche sur les arbres ou sur des rochers, d’où il guette sa proie et s’élance avec la rapidité de l’éclair aussitôt qu’il l’aperçoit : il est d’une telle adresse et d’une telle voracité, que lorsqu’il se jette sur un étang, il y fait seul plus de dégât, dit Buffon, qu’une troupe entière d’autres oiseaux pêcheurs.