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On comprend que le commerce soit une chose aussi vieille que le monde, et que les échanges aient commencé dès les premiers temps entre les bergers, les laboureurs, et les fabricants. Aux jours des patriarches ce mode d’échange subsistait encore ; mais il avait déjà pris un caractère plus mercantile que lorsque l’humanité ne formait qu’une famille, dont les divers membres travaillaient les uns pour les autres, se communiquant mutuellement, sans les mesurer, les produits de leur travail ou de leur industrie ; on voit déjà des marchands proprement dits ; mais comme l’argent monnayé n’existe pas, on donne des denrées pour d’autres denrées, chacune ayant une valeur déterminée ; les caravanes ismaélites traversent Canaan pour se rendre en Égypte, leurs chameaux portent des drogues, du baume, de la myrrhe ; elles achètent un homme esclave, et le payent vingt pièces d’argent (Genèse 37.25-28), car l’argent aussi était une marchandise qui se pesait, et que l’on estimait selon son plus ou moins grand degré de pureté. Ce sont probablement encore des caravanes marchandes que nous trouvons en Job 6.19.
Puis, pendant la servitude d’Égypte, les Hébreux, quoique simples ouvriers esclaves, se trouvèrent plus ou moins mêlés au commerce actif de cette riche contrée ; mais ce goût qui n’eut pas de peine à se développer chez eux, fut comprimé par la législation mosaïque, soit directement, soit indirectement par la nature peu maritime, quoique littorale, du pays qui leur avait été donné, par l’obligation qui leur était imposée de diverses manières, de cultiver le sol afin d’en consacrer les produits à l’Éternel, par les avantages mêmes qu’ils retiraient de la culture de ce sol, enfin, par les barrières que la loi établissait entre le peuple saint et les peuples environnants. Il paraît toutefois que les habitants du nord du pays ne laissèrent pas que de faire un petit commerce avec les Phéniciens leurs voisins (Genèse 49.13 ; Deutéronome 33.18). Sous les rois, le commerce s’agrandit et devient royal. Salomon lui-même est à la tête des plus grandes entreprises ; il fait le commerce des chevaux entre l’Égypte et la Syrie (1 Rois 10.26 ; 2 Chroniques 1.16-17) ; il s’associe au roi de Tyr pour l’exploitation des mers (1 Rois 9.26). Après lui, les expéditions maritimes cessent de faire partie des revenus royaux, et même, sauf quelques essais tentés par Josaphat (1 Rois 22.49), le commerce par mer est interrompu, les ports d’Elath et de Hetsjon-Guéber conquis par David, étant tombés derechef entre les mains des Édomites. Mais le commerce par terre avec Tyr continue de fleurir (Ézéchiel 27.17 ; Néhémie 13.16). Les Hébreux achètent aux Phéniciens de magnifiques bois de construction (1 Chroniques 14.1 ; 1 Rois 5.10), du poisson (Néhémie 13.16 ; cf. Ézéchiel 26.5-14), divers objets de luxe, des étoffes brodées de diverses couleurs, des parfums, de l’encens, de la pourpre, et d’autres marchandises tirées pour la plupart de l’Arabie, de la Babylonie, ou des Indes ; ils fournissent en échange du blé, de l’huile (cf. 1 Rois 5.11 ; Actes 12.20) du miel, des dattes, du baume (Osée 12.2), des objets de toilette brodés par les mains de leurs laborieuses épouses (Proverbes 31.24), enfin quelques espèces de fines pâtisseries.
On ne voit nulle part que, malgré les guerres nombreuses qu’eurent à soutenir les deux royaumes, les revenus de l’État en aient souffert d’une manière notable : on trouve même au milieu de leurs revers des périodes (Ésaïe 2.7), ou des tribus (Osée 12.9), qui se font remarquer par leurs richesses et l’abondance de toutes sortes de biens.
L’exil étendit naturellement beaucoup la sphère du commerce hébreu ; les exilés ne voulant se fixer nulle part, et restant partout étrangers, n’avaient de ressource que dans le commerce, mais ils surent en profiter ; ils se dispersèrent dans les différentes villes de la Babylonie, puis ailleurs, dans les provinces de l’Asie mineure, en Égypte, et jusqu’en Europe. Cependant toujours un peu gênés par leur loi, les Juifs de la Palestine hésitèrent à se vouer au commerce, et laissèrent occuper par des étrangers les ports de Joppé et de Césarée que leurs rois leur avaient donnés ; puis, sous la domination romaine, plusieurs objets de commerce ou d’industrie, passèrent à l’état de régie, et furent enlevés à l’activité individuelle.
Quant au petit commerce, pour lequel on trouve des préceptes particuliers (Lévitique 19.36 ; Deutéronome 25.13 ; cf. Osée 12.8), les grandes fêtes lui étaient surtout favorables ; les marchands étalaient alors leurs marchandises sur les places près des portes, et les Tyriens mêmes savaient encore dresser leurs bancs sur les marchés de Jérusalem (cf. Néhémie 13.16). On trouvait en outre dans les parvis du temple des changeurs et des vendeurs d’animaux pour les sacrifices. C’étaient des objets de première nécessité ; les Juifs étant forcés d’acheter, le commerce des vendeurs tourna au vol : ils justifièrent les doubles attributions que le paganisme donnait à Mercure, et ils furent chassés par notre Sauveur (Jean 2.14 ; Matthieu 21.12).