A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Située sur le Lycus, à 8 parasanges (environ 30 km) du Méandre, et à 35 km de Laodicée, cette ville était une des plus considérables de la Phrygie au temps d’Hérodote. Xénophon encore l’appelle une cité peuplée, prospère et grande. Au temps de Strabon ce n’était plus qu’une ville médiocre, un bourg, quoique Pline ait pu la classer encore au nombre des villes célèbres de l’Asie-Mineure. Elle fut renversée par un tremblement de terre la septième année de Néron (60-61), mais reconstruite immédiatement. Au onzième siècle, et déjà du temps de Théophylacte, on l’appelait Chônaï (fentes, fissures), peut-être à cause de la nature de son sol limoneux, qui sèche en été et se crevasse au point que, près de Colosses, le Lycus disparaît sous terre comme englouti. Au douzième siècle elle avait recouvré quelques traces de sa première grandeur. Elle fut longtemps une résidence épiscopale. Maintenant ce n’est plus qu’un gros village qui porte encore le nom de Chonus, avec un château fort dans le voisinage. On a varié sur l’orthographe de ce nom, les uns voulant l’écrire Colasses ; mais les meilleurs manuscrits, de même qu’un grand nombre de médailles, l’écrivent comme nous faisons, et leur autorité l’emporte. Pour la géographie de cette contrée, il faut consulter surtout le commentaire de Steiger sur l’épître aux Colossiens , p. 13 et 368.
Il ne paraît pas, ni d’après les Actes des apôtres, ni d’après l’épître aux Colossiens, que Paul ait lui-même visité ces contrées, ou qu’il y ait fondé des Églises ; mais pendant le séjour prolongé de Paul à Éphèse, et à cause des communications faciles du Méandre et du Lycus, on peut croire que des disciples de cet apôtre, ou d’autres fidèles portèrent l’Évangile dans l’intérieur du pays, et y établirent quelques assemblées chrétiennes. On croit même, d’après l’épître à Philémon, et par plusieurs passages de celle aux Colossiens (4.7-10, 14-15, 17), que Paul connaissait diverses personnes de cette contrée, et que ces Églises connaissaient plusieurs des compagnons de Paul. Du reste la plupart des noms d’origine grecque, Nymphas, Archippe, Philémon, Appia, Epaphras, Onésime, etc., rendent probable l’opinion que les troupeaux de cette vallée étaient composés en très grande partie, sinon exclusivement, de païens convertis, et non de judéo-chrétiens.
Quant à l’Épître aux Colossiens, il est évident non seulement qu’elle a été écrite en vue de certains faux docteurs, mais encore que ces docteurs avaient une doctrine d’un caractère particulier et même systématique : les uns ont voulu y voir des pharisiens, d’autres des philosophes platoniciens, ou même pythagoriciens, d’autres des disciples de Jean-Baptiste. Avant tout il faut remarquer, d’abord, que ces faux docteurs étaient des Juifs d’origine, des docteurs de la loi, recommandant les cérémonies, les sabbats, les jeûnes, etc. ; ensuite que ce n’étaient pas des Juifs ordinaires, se bornant à conserver la loi et à la répandre au sein des Églises, mais des Juifs qui philosophaient d’une manière ou de l’autre sur les objets de la loi. Ces deux caractères sont si frappants que quelques commentateurs ont pensé que Paul s’adressait alternativement, dans cette épître, à deux classes de docteurs ; mais Calvin et d’autres ont établi qu’il ne s’agissait ici que d’une seule classe joignant à l’attachement à la loi l’amour d’une certaine philosophie. On peut supposer, ou que ces docteurs juifs avaient fait profession de christianisme, ou qu’ils ne l’avaient pas fait ; mais cette dernière supposition est peu vraisemblable : on admettra difficilement que des Juifs non baptisés aient trouvé accès auprès des membres d’une Église surtout composée en majorité de chrétiens d’entre les gentils, et que Paul ne les ait pas combattus d’une manière franche et directe. L’opinion la plus probable est donc celle du critique anglais Hammond qui, avec sa malheureuse habitude de voir partout des gnostiques, s’est trouvé cette fois avoir rencontré juste. Ce n’étaient point les écoles gnostiques qui furent fondées plus tard, mais c’était la même direction d’esprit, la même philosophie presque traditionnelle, la philosophie orientale appliquée par les Juifs à leur croyance paternelle, puis au christianisme, lorsqu’ils se faisaient baptiser. Leur philosophie, ou plutôt leur théosophie, leur théurgie s’était humanisée, pour ainsi dire, en se fondant avec les idées grecques, et surtout en empruntant à l’esprit grec une certaine volubilité des idées, et l’apparence d’une philosophie didactique. Ces théosophes, également attirés par le christianisme, étaient assez impartiaux pour reconnaître que l’intelligence des choses célestes était supérieure à leurs propres idées ; désirant d’y prendre part, ils entrèrent dans l’Église, mais n’ayant pas été convertis de cœur, l’amour de la sagesse charnelle prévalut bientôt ; ils donnèrent au christianisme et à Christ une place dans leur système, mais n’abandonnèrent pas leurs erreurs. D autres hommes qui s’étaient faits chrétiens, entraînés par un besoin du cœur plutôt que par curiosité, retournant plus tard à des idées de propre justice, s’efforcèrent d’accorder le christianisme qu’ils aimaient, avec la loi qu’ils aimaient également, et pour les cimenter ils se servirent de l’ancienne philosophie. On peut consulter avec fruit sur ce sujet l’excellent commentaire de Steiger sur les Colossiens (Erlangen 1836), ainsi que ceux de Bsehr (1833) et de Mélanchton (1577). Le peu que nous avons dit suffira peut-être pour faciliter l’intelligence de l’épître si difficile dont nous parlons. « Après avoir réfuté ces fausses doctrines, ajoute Calmet, l’apôtre débite aux Colossiens la plus belle et la plus sublime morale ». On se demande si cette épître a été écrite pendant la captivité de Rome, ou pendant celle de Césarée : il est probable qu’elle fut datée de Rome, et écrite peu de temps avant celle aux Éphésiens avec laquelle elle a beaucoup de rapports, et dont elle semble même n’être guère qu’un extrait destiné spécialement à l’Église de Colosses, tandis que l’épître aux Éphésiens serait une circulaire pour toutes les églises environnantes ; elles s’expliquent l’une l’autre, et peuvent avec avantage être lues ensemble.
Voici quelques-uns des parallèles du 1er chapitre de l’épître aux Colossiens :
Colossiens | Éphésiens |
1.2 | 1.1-2 |
1.3 | 1.15-16 |
1.13 | 1.6 |
1.14 | 1.7 |
1.16 | 1.22 ; 3.10-11 |
1.20 | 1.10 ; 2.13 |
1.21 | 2.1 |
1.24 | 3.1 |
1.26 | 3.3 |
etc. | etc. |
Les chapitres suivants présentent un parallèle également remarquable que le lecteur attentif trouvera seul, sans qu’il soit nécessaire de prolonger ces citations.