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Successeur de Simon fils de Camith, exerça la souveraine sacrificature dès l’an 25 de l’ère chrétienne, pendant les dernières années de notre Sauveur, et dans la première période de l’âge apostolique. Il était redevable de la noble charge qu’il exerçait à un fonctionnaire païen, le procurateur romain Valerius Gratus, et l’on peut dire qu’il l’exerça en païen, dévoué au pouvoir qui l’avait élevé. Il était Sadducéen (Actes 5.17), et avait épousé la fille de l’ancien sacrificateur Anne. Il fut l’un des plus ardents ennemis du Christianisme, et lorsque les sacrificateurs et les pharisiens, effrayés de l’effet que produisait la résurrection de Lazare, consultèrent entre eux pour faire mourir Jésus, Caïphe prononça ce mot bien connu, qui n’était dans son esprit que le fruit de sa politique toute romaine, mais qui, dans la pensée du Seigneur, était une prophétie : Il est de notre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple (Jean 11.49-50). Deux jours avant Pâques, nous le retrouvons réunissant le sanhédrin dans sa maison, pour délibérer sur la manière de se saisir de Jésus par finesse, car ils craignaient le peuple (Matthieu 26.5 ; Marc 14.1 ; Luc 22.2). Puis, le matin de la nuit où notre Sauveur fut arrêté, le même Caïphe, attendant peut-être la convocation du sanhédrin, commence un interrogatoire privé de Jésus, et permet à ses valets de le frapper ; mais il ne peut rien trouver chez le roi de paix qui trahisse un révolutionnaire, prêt à s’insurger contre Rome pour se faire couronner roi de Juda (Matthieu 26.57 ; Marc 14.53 ; Luc 22.54 ; Jean 18.15). Le sanhédrin se rassemble, Jésus comparaît, on remplace l’illégalité par des formes légales ; faute de témoins, l’on en suborne ; à défaut de bons, l’on en prend de mauvais ; on transforme en blasphème contre le temple de Dieu quelques paroles que Jésus a dites touchant le temple de son corps ; et quand notre Seigneur dédaigne de répondre à des questions inutiles, on s’irrite, on menace. Enfin, interrogé sur sa divinité, notre Sauveur la proclame ; et trop heureux d’une réponse qui lui fournit un si spécieux prétexte, le vil Caïphe affecte de déchirer ses vêtements à l’ouïe de ce qu’il estime être un blasphème, et la sentence de mort coule sans peine de son cœur plein de fiel et d’envie (Matthieu 27.2 ; Jean 18.28).
Mais, comme le sang irrite encore la soif du tigre au lieu de le désaltérer, Caïphe de même, non content de la mort du Juste, insensible aux miracles qui l’accompagnent, insensible à sa résurrection, peu soucieux de croire aux gloires de l’Ascension et de la Pentecôte, recommence à persécuter les disciples, auxquels le Maître a communiqué ses vertus ; Pierre et Jean doivent comparaître devant lui pour la guérison d’un impotent (Actes 3 ; 4.6). Relâchés avec menaces, les apôtres continuent à dire les merveilles de la croix, et ils doivent derechef se présenter devant l’assemblée des iniques (5.17) ; ils sont jetés eu prison, puis délivrés par un ange (5, 18, 19) ; saisis de nouveau, ils se justifient devant le sanhédrin : Caïphe et les siens, grinçant des dents, consultent pour les faire mourir (5.33) ; mais l’avis de l’honorable Gamaliel prévaut, les apôtres sont sauvés, et Caïphe n’a pour toute consolation que la ressource de les faire fouetter avant de les relâcher.
C’est ici que s’arrêtent pour nous les données de l’Écriture Sainte sur la vie de Caïphe ; peu après l’éloignement de Pilate, Caïphe fut également déposé par le proconsul Vitellius (36 après Jésus-Christ), et remplacé par Jonathan, fils d’Ananus. Quelques membres de l’ancienne église le confondent avec Josèphe l’historien, et ont cru, mais à tort, qu’il s’était converti plus tard au christianisme.
Il est peu de figures dans la Bible qui présentent à un si haut degré la haine pour la vérité, la bassesse, la violence et la ruse ; Caïphe persécuta l’Évangile et resta sourd et aveugle en présence de tous les faits qui pouvaient le rendre attentif à la divinité de celui qu’il persécutait.