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Fils de Jacob et de Rachel, le plus jeune de la famille, né en 1736 avant Jésus-Christ Sa naissance coûta la vie à sa mère, qui voulut en mourant l’appeler Ben-oni, fils de ma douleur ; mais Jacob l’appela Benjamin, fils de ma droite, (et aussi fils de bonheur, ou, selon d’autres, fils de ma vieillesse), ou Jémini, ma droite. Il est superflu de répéter ici toute l’histoire qui se rattache au nom de Benjamin : l’amour de son père pour cet enfant, ce fils de Rachel expirée, le frère de Joseph exilé, les scènes de l’Égypte, la coupe trouvée dans le sac, la dureté simulée du grand gouverneur d’Égypte, enfin la reconnaissance des frères, sont connus de chacun, et ne présentent aucune difficulté. Benjamin se maria fort jeune, car à peine était-il âgé de trente-deux ans, qu’il avait déjà dix fils ; cinq d’entre eux moururent sans postérité (Genèse 35.16-18 ; 46.21).
Toutefois les prédictions de Jacob (Genèse 49.27), et celles de Moïse (Deutéronome 33.12), touchant ce jeune homme et la tribu dont il fut le père, sont de nature à lui ôter cette teinte de fraîche adolescence et de virginité candide que semble respirer son histoire. « C’est un loup qui déchirera ; le matin il dévorera la proie, et le soir il partagera le butin ; il reposera entre de fortes épaules ». Ce n’est plus là le Benjamin du vieux Jacob et du tendre Joseph ; aussi devons-nous remarquer combien, dans sa première histoire, le rôle de Benjamin est un rôle passif : on l’aime, on le trouve charmant ; mais qu’a-t-il fait ? Rien ; ce n’est que sa position seule qui nous intéresse, qui nous émeut ; il n’a rien fait, il a seulement été ; il est né de Rachel, il est né frère de Joseph, il est né le dernier, il est jeune : voilà sa vie, voilà ses titres. Il est aimable pour nous parce qu’il est tant aimé, et, sans le connaître, nous lui sommes attachés parce que nous voyons l’amour que lui portèrent ceux qui vécurent avec lui. Mais s’il ne nous en est rien raconté qui puisse le faire distinguer en bien, aucune tache non plus ne vient déshonorer sa mémoire : il reste chaste et pur à côté de Ruben, sans violence à côté de Siméon et de Lévi, et la bénédiction de l’Éternel est promise à sa postérité. « Le bien-aimé de l’Éternel, dit Moïse (Deutéronome 33.12), habitera sûrement avec lui ; il le couvrira tout le jour, et il se tiendra entre ses épaules ».
Il reçut son héritage entre de puissants voisins : il eut au nord la tribu d’Éphraïm, à l’orient celle de Ruben dont il était séparé par le Jourdain et la mer Morte, au midi celle de Juda, à l’occident celle de Daniel Peu étendu, mais très fertile, son territoire subvenait amplement aux besoins d’une population fort nombreuse. Placé au centre de la terre sainte, il fut aussi comme le centre de l’histoire juive, et Jérusalem lui appartenait, de même que Jérico, Béthel, Mitspa, Micmas, Ramathaïm et Gabaon. Ehud, le second des juges, Saül, le premier des rois de Juda, Mardochée et l’apôtre Paul, étaient Benjamites. Le caractère principal de cette portion de la famille d’Israël fut un courage indomptable qui allait jusqu’à la férocité ; il soutint plusieurs guerres contre les Cananéens (Juges 3.15 ; 1 Samuel 4), et nombre de batailles auxquelles il ne resta pas étranger, se livrèrent dans l’étendue de son territoire. Il fut presque anéanti sous les juges, par les Israélites indignés d’un crime odieux qui s’était commis dans une de ses villes, et dont il avait refusé de livrer les auteurs. Sa destinée fut de partager avec Juda la gloire de conserver plus fidèlement et plus longtemps la connaissance de l’Éternel, sous la dynastie des descendants de David, v. Juda ; et c’est une chose digne d’être remarquée, que lors du grand schisme des dix tribus, ce fut celle de Benjamin, celle qui avait été dépouillée de la royauté, qui resta seule fidèle à la nouvelle dynastie que Dieu avait donnée à son peuple dans la famille de David.