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Simple et touchante histoire d’un aveugle devenu voyant ! Il se tenait assis aux portes de Jérico, demandant l’aumône. Son nom signifie fils de Timée ; et comme on ne prenait guère le nom de son père que lorsque celui-ci avait occupé un certain rang dans le inonde, il paraîtrait que ce malheureux était né dans une position bien différente de celle où il se trouvait alors ; c’est peut-être à cause de cela que Marc ne fait mention que de lui, bien qu’il y eût là deux aveugles en même temps.
Cette histoire nous est racontée par trois évangélistes (Matthieu 20.29 ; Marc 10.46 ; Luc 18.35ss), et par chacun avec quelques détails différents. Quelques auteurs appellent ces divergences des contradictions inconciliables ; ils sont heureux d’y voir une preuve de l’authenticité des livres saints, une preuve que les évangélistes ne sont pas des faussaires qui se soient concertés. Ce raisonnement, s’il était juste, ne serait certainement pas sans valeur au point de vue apologétique. Quant à nous, pour la première fois que cette question se rencontre sur notre chemin, nous le dirons franchement : à supposer qu’il y eût dans les livres saints quelques erreurs de dates, d’histoire, de géographie, d’histoire naturelle, ou autre de ce genre, cela ne nous émouvrait nullement, parce que ce que nous cherchons dans la Parole de Dieu, c’est une parole de salut, et l’annonce d’une économie de grâce : nous n’y cherchons pas autre chose. Dieu même, en nous donnant son livre, n’a voulu que nous éclairer sur les grandes questions qui se rattachent à notre Ame, à notre Sauveur, à l’Éternité. Toutefois, et quoiqu’il nous importe fort peu, dans un sens, qu’il y ait ou non des erreurs matérielles dans la Bible, nous avouons que nous n’en avons pas découvert une seule qui fût bien constatée. On trouve sans doute ici et là quelques faits racontés sous des points de vue différents, et avec d’autres détails ; on trouve bien encore des expressions employées dans un sens large et étendu : mais des contradictions, et des contradictions inconciliables, non. Puisqu’on en voit de telles dans l’histoire de Bartimée, examinons-les. Marc et Luc ne parlent que d’un aveugle, tandis que Matthieu en mentionne deux. Marc et Matthieu placent le miracle au moment où Jésus sortait, tandis que Luc semble le mettre au moment où il s’approchait de Jérico. La difficulté n’est pas très grande quant au nombre des aveugles ; l’apôtre Matthieu qui a été témoin de la guérison, n’a pu se tromper ; Marc et Luc, qui n’y ont pas assisté, parlent de celui dont il a été la plus question, qui paraît avoir porté la parole, et qui a le plus frappé ; c’est Bartimée. Quant à la seconde difficulté, elle est plus grande ; mais rien n’empêche d’admettre que Luc a réuni en une seule narration deux phases, ou circonstances différentes, du même fait ; il est en effet le seul qui fasse mention de la première question de l’aveugle « il demanda ce que c’était ». Cette question, Bartimée la fit avant l’entrée dans Jérico ; ce qui arriva ensuite dans cette ville, l’histoire de Zachée, etc. excita la confiance de cet aveugle en Jésus : un autre aveugle s’étant joint à lui, ils s’adressèrent ensemble au Maître, comme celui-ci quittait de nouveau la ville. Contre cette explication, qui concilie tout, il n’y a pas de raison bien forte à faire valoir.