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Ses ancêtres, de la tribu de Lévi, s’étaient retirés dans l’île de Chypre, peut-être lors de l’invasion de la Judée par les Syriens, ou par les Romains. C’est dans cette île qu’il naquit ; il y reçut le nom de Joses, mais après sa conversion à la foi chrétienne, on l’appela Barnabas, ce qui peut se traduire, ou fils de prophétie, à cause des dons éminents qu’il avait reçus du Saint-Esprit, ou plutôt fils de consolation, à cause de l’assistance qu’il prêta à l’Église par ses grands biens, et par son ministère. On sait qu’il vendit le premier une possession dont il déposa le prix aux pieds des apôtres ; et, selon toute probabilité, ce fut la considération qui en rejaillit sur lui qui engagea Ananias et Saphira au mensonge. Il demeurait à Jérusalem, quand il fut amené à l’Évangile (Actes 4.36-37). Lorsque Paul converti vint à Jérusalem après trois ans de séjour en Arabie, Barnabas fut le premier à le reconnaître comme un frère, et il le présenta comme tel aux fidèles de Jérusalem qui accueillaient avec méfiance leur ancien ennemi.
Vers l’an 41 de notre Seigneur, Barnabas fut député par les frères de Jérusalem vers ceux d’Antioche : il partit de là pour Tarse, d’où il ramena Paul avec lequel il prêcha l’Évangile à Antioche, durant toute une année ; puis, avec ce même apôtre, il porta aux fidèles de Judée le produit de la collecte qu’on avait faite pour eux. Barnabas et Paul étant retournés à Antioche, furent envoyés par les chrétiens de cette ville pour prêcher l’Évangile aux gentils. Ce pouvait être vers l’an 45.Ils s’embarquèrent donc, séjournèrent dans l’île de Chypre, lieu d’origine de Barnabas, y rencontrèrent le magicien Bar-Jésus, et convertirent le proconsul romain Serge Paul. De là ils se rendirent à Antioche de Pisidie où ils essuyèrent une persécution qui les contraignit de se rendre à Iconie, puis à Lystre, où les païens prirent les deux apôtres pour deux de leurs dieux revêtus d’une forme humaine, appelant Barnabas Jupiter, et Paul Mercure. Un moment après, les apôtres faillirent être lapidés, et s’enfuirent à Derbe ; ils revinrent en Pisidie, allèrent en Pamphylie, et se retrouvèrent enfin à Antioche après une absence d’environ quatre ans. C’est alors que s’éleva la grande question qui divisait l’Église chrétienne naissante, à savoir si les païens qui venaient à se convertir, devaient être circoncis, et en général astreints aux observances mosaïques. Barnabas, par faiblesse peut-être, inclinait pour l’affirmative, tandis que Paul, plus avancé dans la foi à la nouvelle alliance, était prononcé pour l’opinion contraire. Il fut résolu qu’ils iraient l’un et l’autre en conférer avec l’Église de Jérusalem. Après que cette affaire eut été terminée, ces deux serviteurs de Dieu reprirent le chemin d’Antioche où ils rendirent compte aux frères de ce qui avait été dit et décidé. Ils résolurent ensuite d’aller visiter et encourager les Églises qu’ils avaient réunies dans leur précédent voyage missionnaire ; Barnabas aurait voulu que Jean surnommé Marc, et selon toute apparence son neveu, les accompagnât dans cette tournée ; mais Paul qui se rappelait qu’une précédente fois déjà Marc, après s’être mis en route avec eux, les avait abandonnés pour retourner chez lui, refusa de le prendre, et les deux apôtres se séparèrent aigris l’un contre l’autre : Paul partit avec Silas, et Barnabas prit une autre direction dans la compagnie de Marc. Ils se rendirent en Chypre, et dès lors nous ne connaissons plus rien, du moins par la Bible, de la vie et des travaux de cet homme auquel le Saint-Esprit a accordé le titre d’apôtre. Cependant, environ huit ans après cette séparation, saint Paul, écrivant aux Corinthiens, leur parle de son ancien collègue dans l’apostolat, comme on parle d’un homme qui est encore vivant et dont on connaît bien la situation (Actes 11.22 ; 15.37 ; Galates 2.1-9, 13 ; Colossiens 4.10 ; 1 Corinthiens 9.6), et les articles Paul et Marc. – v. encore Chypre.
L’antiquité nous a conservé une lettre qui porte le nom de Barnabas ; l’auteur y expose que le culte lévitique n’est pas essentiel pour les chrétiens. Cette épître tient le milieu entre le christianisme judaïque et les vues philosophiques de l’école d’Alexandrie. Il faut d’après l’auteur qu’une gnôsis découvre le sens de l’Ancien Testament et convainque les Juifs de leur erreur ; il faut que les Juifs apprennent que les cérémonies ne sont que des symboles. La tendance gnostique de cette lettre l’a fait attribuer à un docteur d’Alexandrie ; d’un autre côté, il s’y trouve beaucoup de traits chrétiens qui montrent un homme qui a habité avec les apôtres. Néandre la refuse à Barnabas, mais la plupart des anciens Pères la lui attribuent, et les arguments semblent, en effet, pencher de ce côté.