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son histoire est racontée en Nombres 22 à 24. Fils de Béor ou Bosor, fameux prophète ou devin de la ville de Pethor sur l’Euphrate, espèce d’astrologue ! ou de mage, parfois même prophète ; car, livré à toutes les bassesses de l’avarice et à toutes les souillures du paganisme, Balaam n’ignore pas les traditions des ancêtres, des patriarches et du Dieu de Noé. Il appelle encore Jéhovah son Dieu, sans doute parce qu’il appartenait à la postérité de Sem, dans la famille duquel la connaissance et le culte du vrai Dieu s’étaient conservés avec le plus de pureté. Il paraît même, d’après le conseil abominable que Balaam donna à Balac, qu’il se formait une juste idée de la sainteté de l’Éternel. Le roi moabite, espérant de vaincre Israël, avait essayé de le faire maudire par le Dieu même qui protégeait ce peuple. Séduit par de riches présents, Balaam part malgré les avertissements d’une voix intérieure, et malgré le sentiment qu’il a de l’œuvre inique dont il se charge. Il selle son ânesse, il se met en route ; mais déjà il doit s’arrêter, la bête qui le porte refuse d’avancer ; elle voit un ange que le regard obscurci du cupide prophète n’aperçoit pas, et Balaam, sourd à la voix de la conscience, doit entendre la voix d’une bête de somme qui l’humilie, celle d’un messager céleste qui l’effraye. Ces graves reproches le font rentrer en lui-même ; mais sa repentance est hypocrite comme l’ont été ses prières et sa désobéissance. Toutefois l’ange ne lui ordonne pas de retourner en arrière ; il lui annonce au contraire des prophéties du ciel : Tu ne diras que ce qui te sera inspiré. Dieu va se créer un prophète dans la personne de Balaam, comme il a fait de l’ânesse une prophétesse, et le peuple de Dieu se voit béni par la bouche de celui-là même qui, séduit par l’or, venait pour le maudire. Balaam ne prononce que des bénédictions ; il annonce l’étoile qui doit venir, et ses paroles mystérieuses touchant le Messie sont recueillies avec empressement par les païens avides d’un Sauveur. Il annonce encore le bonheur et la prospérité dont jouiront les enfants d’Israël dans la terre promise, comment ils se soumettront toutes les nations environnantes, et celle même du roi que le faux prophète voudrait servir ; il dit aussi que les Juifs seront toujours un peuple à part qui ne se confondra pas avec les autres peuples. Puis dans le sentiment de son péché, mais sans repentance, le malheureux s’écrie : Que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur (Nombres 23.10). Ce désir ne fut pas exaucé, parce que Balaam demandait mal ; et quand les douze mille d’Israël se furent avancés contre Moab et contre les Madianites, cinq rois furent tués et Balaam avec eux (Nombres 31.8). Le nom de ce faux prophète est rappelé (Néhémie 13.2 ; 2 Pierre 2.15 ; Jude 11 ; Apocalypse 2.14 ; et Michée nous parle encore (6.5) d’un conseil que Balac avait pris contre Israël, et d’une réponse remarquable que lui fit Balaam.
Cette histoire présente plusieurs difficultés dont quelques-unes sont heureusement résolues par M. Grandpierre, dans son Éssai sur le Pentateuque, d’après l’ouvrage allemand de Hengstenberg sur Balaam. Comme on trouve dans les paroles et la conduite du faux prophète un mélange d’erreur et de vérité, il est probable qu’il y avait aussi dans son origine quelque chose de louche ; il est à la fois juif et païen. Nous sommes plutôt disposé à croire qu’il était Hébreu de naissance, et que, toujours poussé par la cupidité et l’ambition, il a préféré mettre ses dons et ses lumières au service du plus offrant. La Caldèe était pour lui un meilleur terrain que le désert du voyage, et il ne risquait pas d’y rencontrer un Moïse. Comme les prophètes, il était quelquefois maître de son inspiration ; il ne le fut pas toujours : il dut obéir quand Dieu ordonna. Le discours de l’ânesse a égayé bien des incrédules, mais ce n’est pas une preuve ; le fait n’est pas plus extraordinaire que bien d’autres, et ne demande pas d’explications.