A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Le soleil, la lune et les étoiles sont appelés, dans l’Écriture, l’armée des cieux, l’armée de l’Éternel. C’est le plus magnifique spectacle que Dieu ait donné à notre terre ; il est digne de l’admiration des hommes, et doit élever leurs cœurs vers l’Être suprême, créateur de ce vaste univers. Mais comme la pauvre créature, pécheresse et corrompue depuis la chute, ne saurait admirer sans être tentée d’adorer et de rendre un culte, l’Esprit-Saint qui, dans les trois premiers chapitres de la Genèse, semble avoir renfermé le plus sublime manuel de dogmatique, a pris soin de raconter la création de ces divers luminaires auxquels Dieu n’a donné l’existence que pour l’agrément et l’utilité de l’homme. Ces astres ne sont point des dieux, ce sont des choses créées qui s’en iront et vieilliront ; ces astres ne sont que des serviteurs de Dieu, destinés à l’usage de l’homme ; un jour ils passeront, mais l’homme vivra éternellement. Les peuples, sans connaissance du vrai Dieu, sont tous arrivés à une astrolâtrie, qui est bien la plus concevable et la plus noble des idolâtries, mais qui n’est cependant qu’une idolâtrie. L’éclat, la beauté de ces astres, leur influence réelle, mais éloignée, sur l’ordre du monde, la fixité des uns, la régularité des autres dans leur cours, le retour des saisons qui en dépend, les effets de la lune sur quelques maladies, en un mot, tout ce qu’il y a en eux de grand et de mystérieux, leur a fait attribuer, par différents peuples et dans presque tous les temps, une force, une connaissance, une espèce de vie, une action, une influence magique sur les destinées de ce monde, bonne ou mauvaise suivant la constellation sous laquelle tel homme est né, suivant la conjonction d’étoiles dans laquelle telle entreprise se forme ou s’exécute ; de là l’astrologie si généralement crue des anciens, et même de quelques modernes (Bodin, de Thou, Montaigne), et dont l’Écriture nous montre des traces chez les Babyloniens (Ésaïe 47.13 ; Daniel 1.20). Les Juifs semblent avoir puisé dans leur captivité de soixante et dix années, quelques idées astrologiques ; Philon fait à cet égard une profession de foi très explicite, et les rabbins plus modernes ne se sont pas fait faute des mêmes erreurs. Maïmonides en particulier, estime qu’entre les sages il ne peut pas y avoir deux opinions pour ce qui regarde les astres : chaque herbe doit avoir son étoile particulière, chaque homme de même, sans toutefois que sa liberté morale en soit atteinte ni détruite ; les astres n’ont d’influence que sur les choses extérieures, sur le corps, la santé, la génération et la corruption des êtres. On trouve à la vérité, dans l’Écriture, des passages où les astres sont traités comme des créatures intelligentes, invitées à louer le Seigneur, capables de recevoir des ordres et d’y obéir, exerçant même une espèce d’influence particulière sur les produits du sol (Job 9.7 ; Psaumes 148.3 ; Deutéronome 33.14 ; Psaumes 104.19, etc.). Mais tous ces passages sont pris dans un sens poétique, et ne peuvent pas plus favoriser l’astrologie, que tant d’autres passages où la terre, l’herbe, les eaux sont personnifiées, ne prouvent que ces objets soient effectivement animés. Moïse se prononce très fortement contre le penchant à l’astrolâtrie ; il interdit au peuple de Dieu de se faire aucune espèce d’image ou d’effigie « de peur, ajoute-t-il, qu’élevant tes yeux vers les cieux, et qu’ayant vu le soleil, la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, tu ne sois poussé à te prosterner devant elles, et que tu ne les serves, vu que l’Éternel ton Dieu les a données en partage à tous les peuples qui sont sous tous les cieux » (Deutéronome 4.19). Et Job, parlant de la supposition où il aurait pu se laisser aller à adorer le soleil qui brille et la lune qui marche noblement, dit : « C’eût été une iniquité toute jugée, car j’eusse renié le Dieu d’en haut » (31.26-28).
Quant à l’astronomie des Hébreux, elle ne paraît pas avoir été fort avancée, non plus que celle des autres peuples de l’antiquité. Elle reposait sur les observations que les pâtres pouvaient faire en gardant leurs troupeaux dans de vastes steppes dont aucune montagne ne bornait l’horizon : de là vient aussi que la plupart des noms que les constellations ont reçus, sont empruntés à la vie champêtre de ces premiers astronomes, le Bélier, le Taureau, etc. Les patriarches ont déjà senti leurs cœurs s’émouvoir à la contemplation des beautés célestes (cf. Genèse 15.5 ; 37.9), et leur langue emprunta plus d’une figure à la langue des cieux. Le soleil et la lune furent distingués naturellement au milieu des autres habitants de l’espace, à cause de leur grandeur et de leur éclat (cf. Genèse 1.16), et la lune amena la première division du temps en mois et années. On célébrait chaque nouvelle lune par des fêtes solennelles (cf. Psaumes 81.4 ; 1 Samuel 20.5, etc.). Les principales étoiles ou constellations mentionnées dans la Bible, sont : l’étoile du matin, Vénus (Ésaïe 14.12 ; cf. Apocalypse 2.28 ; 22.16), la Grande Ourse, ou le Chariot (Job 9.9) ; Orion (Job 38.31 ; Amos 5.8), les Pléiades, ou la Poussinière (Job 9.9 ; Amos 5.8) ; la Petite Ourse avec ses enfants, sans doute les trois étoiles courbées en arc dont la dernière marque le pôle (Job 38.32) ; le Serpent traversant (26.13), peut-être le Dragon entre la Grande et la Petite Ourse ; les Gémeaux, Castor et Pollux (Actes 28.11). Quant à une division des astres en comètes, étoiles fixes et planètes, il n’en est parlé nulle part dans l’Écriture, et le passage Jude 13 n’a qu’un sens tout à fait figuré.
Les Égyptiens, les Chaldéens, les Babyloniens, d’autres peuples dont la configuration géographique et les vastes plaines étaient plus favorables à l’observation des astres, et ceux qui, cherchant leur vie dans le commerce et dans la navigation, devaient avoir l’astronomie pour alliée, ont à cet égard laissé les Hébreux bien en arrière. C’est en Égypte que, d’après Hérodote, on aurait découvert la véritable année solaire, et les habitants de ce pays auraient, d’après Dion Cassais, trouvé la division en semaines de sept jours dans le nombre des planètes. Cette dernière assertion cependant est plus que douteuse, car il est très probable que la semaine était connue dès les jours de la création, et qu’elle se sera conservée au moins comme tradition, et comme division du temps, chez tous les descendants de Noé.
Mais quelque reculés qu’aient été les Hébreux dans la science de l’astronomie, il est remarquable qu’aucun de leurs livres sacrés ne renferme une seule erreur sur ce sujet ; on y découvre au contraire, avec étonnement, une science ou préscience de la véritable astronomie, qui montre à l’évidence l’intervention de l’Esprit de vérité qui a conduit la plume des historiens comme celle des prophètes. Tous les peuples ont compté le nombre des étoiles, et les premiers télescopes ont bien servi cette opération ; mais la Bible nous dit qu’elles sont innombrables, et Herschel l’a prouvé. « Comme leur nombre, dit-il, croît indéfiniment à mesure que les instruments se perfectionnent, on peut dire, par expérience, que ce nombre est infini dans toute l’étendue du sens qu’on voudra donner à ce mot ». Il estime qu’une nébuleuse est un groupe qui ne renferme pas moins de vingt mille soleils. Ailleurs la Bible nous parle de la terre comme d’un globe (Ésaïe 40.22 ; Job 26.10 ; Proverbes 8.27), ailleurs encore elle nous la montre suspendue dans le vide (Job 26.7), autant de notions inconnues des anciens, et qui eussent passé pour hérétiques en cour de Rome, aussi bien que le mouvement de la terre de Galilée. Le passage de Luc 17.31-34, où le glorieux avènement de notre Seigneur est annoncé comme devant avoir lieu pour les uns de jour, pour les autres de nuit, semble encore supposer la rotation de la terre et le mouvement diurne. Nous n’insisterons pas davantage sur cette idée ; un maître habile l’a développée de manière à ne rien laisser désirer, M. Gaussen, dans sa Théopneustie, pages 172 et suivantes.