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Troisième roi de Juda, fils et successeur de Abijam (il régna quarante et un ans, 955-914 avant Jésus-Christ). Il épousa Azuba, fille de Shilkhi, qui donna le jour au noble Josaphat. Animé des dispositions les plus pieuses, dans les mesures qu’il prit contre l’idolâtrie, il n’épargna pas même son aïeule Maaca, la mère de son père, qui s’était fait une idole infâme. Il fit la guerre à la débauche comme à l’idolâtrie, et renversa les autels des faux dieux, dont il brisa les statues. Mais, ajoute l’historien sacré, les hauts lieux ne furent point ôtés (1 Rois 15.14 ; 2 Chroniques 15.17), observation qui est immédiatement suivie de celle-ci : « et néanmoins le cœur d’Asa fut droit devant l’Éternel tout le temps de sa vie ». Il paraît donc que c’est la puissance, plutôt que la volonté, qui lui manqua pour achever entièrement l’œuvre de réformation qu’il avait commencée ; on voit de même qu’il ne put exterminer du pays toutes les prostituées qui s’y trouvaient (1 Rois 22.47).
Il profita de la paix dont il jouit pendant les quinze premières années, pour pourvoir à la sûreté extérieure de son royaume, en construisant des forteresses et en donnant à son armée une organisation plus régulière (2 Chroniques 14.6ss). La onzième année de son règne, il fut attaqué par le roi d’Éthiopie Zéraph (probablement celui qui est nommé Sabacon par Manetho, dans la chronique d’Eusèbe) ; les deux armées étaient immenses ; mais celle de l’Éthiopien était deux fois plus forte que celle du roi juif. Elles se rencontrèrent dans la vallée de Tséphat ; Asa cria à l’Éternel : « Aide-nous, car nous nous sommes appuyés sur toi », et la victoire se déclara en faveur de celui qui avait prié. Dieu frappa les Éthiopiens ; les guerriers de Juda en firent un grand carnage et retournèrent à Jérusalem avec un riche butin, des brebis et des chameaux. Fortifié par cette délivrance miraculeuse, et encouragé par le prophète Azaria, qui lui dit : « L’Éternel sera avec vous aussi longtemps que vous resterez avec lui », Asa continua de détruire les idoles dans son royaume et dans les villes qu’il avait prises, et rétablit la peine de mort contre « tous ceux qui ne rechercheraient pas l’Éternel de tout leur cœur ». Il rassembla son peuple à Jérusalem : un grand nombre d’Israélites fidèles du royaume des dix tribus vinrent grossir cette foule pieuse, et ils offrirent un sacrifice solennel au Dieu des délivrances, 700 bœufs et 7000 brebis du butin qu’ils avaient fait. Cette fête, où l’alliance fut renouvelée avec l’Éternel, fut suivie d’une longue paix.
Puis, en la trente-sixième année depuis la séparation des deux royaumes, la seizième du règne d’Asa, Baësha, roi d’Israël, vint en Juda, s’empara de Rama, la fortifia, et s’en fit une position importante (1 Rois 15.16 ; 2 Chroniques 16.1). Asa, qui venait de faire une expérience si remarquable du secours de Dieu, montra, par une triste chute, combien sa foi était encore faible et mêlée de doutes, d’incrédulité, de confiance humaine. Pour résister à son ennemi, il contracta alliance avec Ben-Hadad, roi de Syrie, et acheta même son secours avec les trésors du temple, qu’il avait consacrés d’abord à l’Éternel. Il obtint la victoire, força Baësha d’abandonner ses travaux, et se servit des matériaux que le roi d’Israël avait fait transporter à Rama, pour fortifier à son tour Guéba et Mitspa, qu’il entoura de fossés (cf. Jérémie 41.9). Mais il recueillit ce qu’il avait semé, et moissonna les fruits du péché : sa démarche lui fut vivement reprochée par le prophète Hanani, et occasionna même des troubles civils. Asa, irrité contre le voyant, parce qu’il lui avait annoncé de nouvelles guerres comme châtiment de son alliance avec les étrangers, le fit traîner en prison ; mais cela ne lui donna pas la paix. Dans ce même temps encore, et comme poussé par une conscience malheureuse, il se laissa aller à opprimer quelques-uns de son peuple, et ternit ainsi la fin d’un règne commencé sous de si heureux auspices. Pendant sa dernière maladie, il montra aussi moins de confiance en Dieu que dans l’art des médecins ; il mourut, à ce qu’il paraît, de la goutte, après deux ans de souffrances, et dans la quarante et unième année de son règne. On l’ensevelit dans une sépulture qu’il s’était fait préparer à Jérusalem.
Quel que soit le jugement que nous soyons disposés à porter sur la fin du règne d’Asa, ce règne fut, à tout prendre, un des plus heureux qu’ait eu le royaume de Juda ; la Bible même cite en diverses occasions Asa comme un des rois dont la piété dut servir de modèle à leurs successeurs (1 Rois 22.43 ; 2 Chroniques 20.32 ; 21.12). Et sa fidélité est d’autant plus digne d’être remarquée, que pendant son long règne six rois se succédèrent sur le trône d’Israël, qui tous furent coupables (Nadab, Baësha, Ela, Zimri, Omri, Achab), et dont l’exemple eût pu facilement entraîner au mal tout autre qu’un monarque fidèle.
Pour concilier la chronologie des rois de Juda avec celle des rois d’Israël, il faut nécessairement admettre que lorsqu’il est dit en 2 Chroniques 15.19, et 16.1, qu’il n’y eut point de guerre jusqu’en la trente-cinquième année, ce chiffre se rapporte, non point à l’avènement d’Asa, mais à l’époque de la séparation des deux royaumes ; car, d’après 1 Rois 15.33, Baësha commença de régner la troisième année d’Asa, et comme il ne régna que vingt-quatre ans, il atteignit à peine la vingt-sixième année d’Asa, bien loin d’avoir atteint sa trente-sixième année.