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On connaît six personnages de ce nom.
1°. Le souverain sacrificateur, fils de Jéhoïada et de Jehoshéba (2 Chroniques 24.20-22 ; 2 Rois 11.2). Il exerçait ses fonctions sous le règne de Joas, l’élève de son père, et voyant le peuple retourner à l’idolâtrie, il profita d’une fête solennelle pour reprocher aux Juifs leur endurcissement et leurs infidélités toujours renouvelées. Le peuple et l’ingrat Joas, irrités, punirent par la mort un zèle qui les menaçait, et le pontife fut lapidé dans les saints parvis, entre le temple et l’autel (840 av. J.-C.). C’est à ce meurtre infâme que Jésus fait allusion (Matthieu 23.35 ; Luc 11.51 ; dans ce premier passage, il est, par erreur, appelé fils de Barachie, soit que ces mots soient interpolés, ou que Matthieu se soit trompé, et ait confondu le père du prophète, voir 5°, avec celui du pontife).
2°. Prophète ou ministre qui dirigea les heureux commencements du règne de Ozias (2 Chroniques 26.5). On ignore s’il était lévite. Il est appelé intelligent dans les visions de Dieu (ou habile pour voir Dieu), ce qui peut s’appliquer à ses dons ou à sa piété, en faire un prophète, ou un docteur. Quelques-uns pensent avec assez de raison que c’est le même dont la fille épousa Achaz et devint mère d’Ézéchias (2 Rois 16.20 ; 2 Chroniques 29.4).
3°. Zacharie, fils de Jéroboam II, succéda à son père dans la trente-huitième année de Ozias (772 av. J.-C.), et devint ainsi le quatorzième roi d’Israël ; mais il marcha sur les traces impies de ses prédécesseurs, et périt au bout de six mois, assassiné par Shallum qui convoitait son trône. Sa dynastie périt avec lui, n’ayant compté que cinq rois, selon la prophétie prononcée contre Jéhu (2 Rois 15.12). On suppose qu’après la mort de Jéroboam et avant l’avènement de Zacharie, il y eut un interrègne plus ou moins long, causé par les troubles du pays ; en tout cas, l’accord des chronologies rend nécessaire une supposition de ce genre.
4°. Fils de Jebérékia, choisi par Ésaïe comme témoin de son mariage et du nom symbolique de Maher-Shalal-Hash-Bas donné d’avance à l’enfant qui devait naître de cette union (2 Chroniques 29.13 ; Ésaïe 8.2). C’était sans doute un homme distingué par son rang, appartenant à l’une des familles les plus considérables de Jérusalem ; on a cru que c’était le même que le conseiller de Azaria (v. ci-dessus 2°), mais il faudrait, vu la distance des temps, supposer que ce prophète avait atteint un âge fort avancé.
5°. Le onzième des petits prophètes, Zacharie, était fils de Bérékia, et petit-fils de Iddo (Zacharie 1.1-7) ; il est appelé fils de Iddo (Esdras 5.1 ; 6.14), selon l’habitude des généalogies d’omettre les générations peu importantes, ce qui prouverait que le grand-père de Zacharie était plus célèbre que son père, supposition confirmée par Néhémie 12.4-12, 16 ; dans ce dernier passage, Zacharie est marqué comme successeur de son aïeul dans les fonctions sacerdotales, mais l’époque précise n’en est pas indiquée ; on voit seulement que ce fut sous le successeur de Joshua, sous le souverain sacrificateur Joïakim, qu’il entra en fonction. Dès lors on ne retrouve plus le titre de prophète rattaché à son nom, ce qui ferait croire qu’après avoir prophétisé pendant sa jeunesse, il se serait spécialement consacré, dans son âge mûr, aux fonctions de son ministère sacerdotal.
Son livre, tout empreint de l’abondance et du feu de la jeunesse (Ewald), confirmerait assez cette idée, et comme il fut écrit dans la seconde année de Darius Hystaspe, dix-huit ans après le retour de l’exil, on doit croire que Zacharie était fort jeune quand il quitta Babylone. Peut-être même n’est-ce qu’à cette époque qu’il revint en Judée, ou du moins à Jérusalem. Ses prophéties font toute son histoire. Elles ont, pour le style, beaucoup de rapports avec celles d’Ézéchiel et de Aggée, et ne sont, pour ainsi dire, qu’un commentaire de ces dernières, un développement de Aggée. Les circonstances dans lesquelles vécurent Aggée et Zacharie et dans lesquelles ils prophétisèrent, sont les mêmes ; deux mois seulement les séparent.
Le livre de Zacharie se divise en trois parties bien distinctes. La première (chap. 1-6), se compose d’une série de visions, introduites par les six premiers versets du livre, qui sont pour ainsi dire l’inauguration, la consécration du prophète. Toutes ces visions, le prophète les a eues dans une seule nuit ; elles sont en rapport intime quant à leur contenu, les premières étant plus générales, les dernières étant plus précises et plus détaillées ; elles annoncent la restauration de Jérusalem et la nouvelle théocratie, et ont pour but immédiat d’encourager le peuple à reprendre les travaux de la construction du temple.
La seconde partie (7 et 8) nous montre le prophète dans son activité pratique ; elle renferme des exhortations, des promesses, et fut prononcée deux ans après les visions qui précèdent.
La troisième partie comprend la fin du livre (9-14). On n’y retrouve plus cette préoccupation des besoins présents et temporels qu’on remarque dans les deux premières. Le prophète s’occupe des destinées futures du peuple juif et des espérances messianiques (qui sont d’ailleurs le thème du livre entier) ; c’est un chant prophétique ; et après avoir éveillé dans le peuple la haine du mal et l’esprit de la repentance, il lui montre le Sauveur, tantôt sous l’image d’un roi, tantôt sous celle d’un prophète, tantôt comme l’idéal de l’homme de douleur, mis à mort pour les péchés de tous, et le livre se termine par l’annonce du dernier jugement et de la victoire complète du royaume de Dieu.
La troisième partie de ces oracles a, depuis deux siècles, éprouvé des attaques de divers genres ; on l’a d’abord attribuée à Jérémie, surtout à cause de la citation de Matthieu 27.9 (cf. Zacharie 11.12-13 ; voir l’art. Jérémie) ; puis on en a complètement nié l’authenticité ; d’autres l’ont partagée en deux parties dont on a attribué l’une (9-11) au Zacharie contemporain de Achaz, dont il est parlé (Ésaïe 8.2), l’autre à un prophète postérieur à Josias, mais antérieur à l’exil. Rosenmuller enfin rapporte toute cette dernière partie au temps de Ozias. La multitude de ces hypothèses si différentes est déjà une forte présomption contre leur valeur ; les doutes d’abord avancés, puis rétractés, par Eichhorn, et de nos jours par De Wette, sont également de nature à invalider l’autorité d’une critique toujours démolissante. Les attaques ayant eu si peu de succès, il n’est pas nécessaire de faire autre chose ici que de les constater, et en renvoyant à l’Einleitung de Hievernick, et au travail spécial de Burger (Strasbourg, 1841). Nous nous bornerons à citer quelques mots de ce dernier (p. 126), sur les rapports frappants qui se trouvent entre la dernière partie du livre et celles qui précèdent. « Ces ressemblances, dit-il, sont l’inégalité constante du style, flottant entre la prose et la poésie ; la similitude du contenu, qui dépeint dans les deux fragments des guerres imaginaires, avec parité des figures, qui souvent vont jusqu’au grotesque ; les images empruntées à la vie pastorale, et qui se trouvent dans les deux fragments ; quelques autres particularités, par exemple, les idoles et les devins, les idoles et les faux prophètes (ch. 13 ; etc.) ».
6°. Zacharie, sacrificateur de la classe d’Abia, mari d’Élisabeth et père de Jean-Baptiste (Luc 3.2 ; 1.5 ; cf. 1 Chroniques 24.10), n’est connu que par la vision qu’il eut dans le temple, ses doutes en entendant les paroles de l’ange Gabriel, son châtiment, sa soumission, et le sublime cantique d’actions de grâces qu’il prononça, et probablement qu’il écrivit, après la naissance de son miraculeux enfant. Son histoire est simple pour celui qui l’accepte avec foi ; elle se complique inutilement pour celui qui veut l’expliquer d’une manière naturelle. Une tradition porte qu’il fut tué près du temple par les ordres d’Hérode, et c’est à ce fait que quelques Pères de l’Église pensent que Jésus fait allusion (Matthieu 23.35).