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On en distinguait de deux sortes chez les Hébreux : les vœux positifs, et les vœux négatifs, ou la promesse faite à Dieu de s’abstenir de certaines choses ; le nazaréat était le plus important de ces derniers, parmi lesquels on peut compter aussi l’interdit. Quant aux vœux positifs, c’est-à-dire la promesse de faire une chose à l’honneur de l’Éternel, on en retrouve la trace dès les temps les plus anciens ; Jacob promet à Dieu la dîme de ses biens, si Dieu bénit son voyage en Mésopotamie (Genèse 28.20). Tous les peuples de l’antiquité ont connu cette espèce d’engagement de l’homme vis-à-vis de Dieu, et la cause s’en trouve dans les idées anthropomorphiques et anthropopathiques qu’on se faisait de Dieu, comme s’il ne consentait à accorder certaines choses que sous condition, et en réclamant pour sa part quelques avantages correspondants.
Ce point de vue n’est pas contraire à la piété, mais il est contraire à la vérité, et des idées saines sur Dieu et sur l’homme ne s’accorderont jamais avec une théorie des vœux, souvent fatale, toujours inintelligente. On faisait des vœux lorsqu’on se trouvait dans une position pénible ou désespérée (Juges 11.30 ; Jonas 1.16), quelquefois pour obtenir la possession d’une chose désirée (1 Samuel 1.11 ; 2 Samuel 15.8), et leur accomplissement était considéré comme un des plus impérieux devoirs (Juges 11.39 ; Ecclésiaste 5.4 ; cf. Psaumes 66.13 ; 76.11 ; 116.18). Moïse ne combattit pas les vœux en théorie, quoiqu’il ne les recommandât pas non plus ; mais, comme toujours, il en restreignit l’usage par des prescriptions de nature à prévenir, autant que possible, les inconvénients domestiques ou publics qui pouvaient en résulter. Un vœu devait immanquablement et entièrement être rempli (Deutéronome 23.21 ; Nombres 30.3) ; aussi Salomon recommande-t-il de n’en faire jamais qu’avec circonspection (Proverbes 20.23).
Des personnes non indépendantes, telles que des esclaves, des femmes, des filles (il n’est pas parlé des fils qui, cependant, ne sauraient être absolument exceptés), n’avaient pas le droit de faire un vœu sans le consentement formel de leurs supérieurs, maîtres, parents ou tuteurs (Nombres 30.4). Un vœu fait intérieurement ne suffisait pas ; pour lier, il devait avoir été fait à haute voix (Deutéronome 23.23). Il va sans dire qu’on ne pouvait pas vouer à Dieu quelque chose d’imparfait, lorsqu’on était en état de faire mieux ; mais il résulte (Malachie 1.14) que la lésinerie s’en était mêlée, et qu’avec le temps les vœux ne comportaient plus un bien grand renoncement ; c’était un moyen de se débarrasser pieusement de ce dont on ne pouvait plus faire usage soi-même.
Tout ce qui avait été voué pouvait se racheter, moyennant un certain prix fixé d’avance, même les personnes (les enfants par exemple) qui s’étaient vouées, ou avaient été vouées à l’Éternel par leurs parents, pour le service du tabernacle (Lévitique 27 ; cf. 1 Samuel 1.11). Des animaux impurs, des maisons, des héritages pouvaient être rachetés ; l’estimation en était faite par le prêtre, et il fallait payer un cinquième en sus de leur valeur. Celui qui ne rachetait pas son champ en était légitimement et pour toujours dépossédé ; en l’année jubilaire ce champ était réuni aux domaines du temple, si celui qui l’avait voué en était le vrai possesseur par héritage ; s’il n’en était propriétaire que par achat, ce champ retournait à son maître primitif, pour que la succession des héritages ne fût pas interrompue. On ne voit du reste aucun exemple de vœux pareils, et il paraît que les réserves et les restrictions imposées par la loi étaient assez gênantes pour équivaloir dans ces cas à une interdiction réelle.
Il n’était pas permis de vouer à l’Éternel ce qui lui appartenait naturellement, comme les premiers-nés. Le salaire de la débauche ne pouvait non plus être affecté aux choses saintes, qu’il s’agît d’une femme ou d’un homme (Deutéronome 23.18 ; dans ce passage le mot chien a le même sens que Apocalypse 22.15 ; cf. Romains 1.24) ; cette défense était une condamnation formelle des mœurs païennes, notamment de celles des Phéniciens, qui déposaient dans les temples de leurs dieux le prix de la prostitution. L’accomplissement d’un vœu était souvent accompagné de sacrifices et de festins, comme aussi un sacrifice pouvait avoir été lui-même l’objet d’un vœu (Lévitique 7.16 ; 22.18-21 ; Nombres 15.3 ; Deutéronome 12.17 ; 1 Samuel 1.21 ; 2 Samuel 18.7).
Quant au vœu de Jephthé, voir cet article.
Dans le Nouveau Testament il n’est parlé de vœux que deux fois, et, chose singulière, c’est à propos de l’apôtre des gentils, de Paul, de celui qu’on accusait de renverser la loi. On ne sait à quelle occasion il fit son premier vœu (Actes 18.18) ; on suppose qu’il avait couru quelque grand danger, et que selon l’usage juif il fit un vœu, non point de nazaréat proprement dit, comme le pensent certains auteurs, mais de purification ou d’actions de grâce, de nazaréat temporaire. Ce vœu consistait à promettre un sacrifice, à s’abstenir de vin trente jours à l’avance, et à se faire couper les cheveux. On s’explique ainsi la hâte avec laquelle, venant de Cenchrée, Paul traversa Éphèse pour se rendre à Jérusalem. Il n’est pas probable que ce vœu ait aucun rapport avec celui dont il est parlé plus tard (Actes 21.24) ; ce dernier fut fait à l’instigation de Jacques et des chrétiens de Jérusalem, qui désiraient que Paul prouvât par un acte public, qu’il était encore attaché aux formes et aux habitudes du judaïsme ; la cérémonie qu’on lui demandait, était de ces choses qu’il pouvait faire sans mentir à ses principes ; en contribuant à la dépense de la purification de quatre chrétiens juifs, il montrait sa largeur d’esprit et sa tolérance pour les formes. Ce vœu néanmoins laisse quelque trouble dans l’esprit ; Dieu ne le bénit point ; une émeute éclata, Paul fut arrêté, incarcéré, conduit à Rome, et s’il eut l’occasion d’y rendre témoignage à l’Évangile, ce fut au prix de sa vie.