A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
L’art de faire des tissus est fort ancien. On peut croire qu’il fut l’une des premières découvertes de l’esprit humain, car il était pour l’homme une nécessité, et s’il est compliqué dans son exécution, il est du moins tellement simple dans son idée première, que cette idée, fécondée par le besoin, ne dut pas tarder à porter ses fruits et à donner aux hommes, avec un art nouveau, des ressources nouvelles. Hérodote nous montre déjà les Égyptiens travaillant le lin et le coton ; la Bible, confirmant les assertions de l’histoire profane, parle de magnifiques tissus blancs de fin lin travaillés en Égypte (Genèse 41.42 ; Ésaïe 19.9), et plus tard de tapis de fin lin moires ou semés de dessins, dont l’Égypte faisait le commerce (Ézéchiel 27.7 ; cf. Proverbes 7.16). C’est là probablement que les Israélites avaient fait leur apprentissage, puisque dans le désert ils avaient déjà des ouvriers assez habiles pour confectionner tous les tapis et tentures du tabernacle (Exode 35.35). Chez eux cependant, c’étaient plutôt les femmes, même les princesses, et souvent les esclaves, qui s’occupaient de tisser comme de filer (Proverbes 31.13-19 ; cf. 21, 22, 24 ; Exode 35.25 ; 2 Rois 23.7). Cependant cette règle avait ses exceptions (Exode 35.35 ; cf. 1 Chroniques 4.21). En Égypte au contraire, c’étaient les hommes qui tissaient (Ésaïe 19.9). Le métier du tisserand était chez les anciens assez élevé, de telle sorte que l’ouvrier travaillait debout.
Les diverses pièces nommées dans l’Écriture sont la navette (Job 7.6) ; l’ensuble (1 Samuel 17.7 ; 2 Samuel 21.19) ; la cheville du métier avec la chaîne (Juges 16.14 ; mal traduit dans Martin, l’attache de la tissure avec l’ensuble) ; la chaîne et la trame (Lévitique 13.48) ; les pesnes (Ésaïe 38.12 ; etc.). La fréquence de ces expressions et l’usage qu’en font les prophètes dans leurs poétiques comparaisons, montrent que le métier du tisserand était assez général parmi les Israélites, quoique l’on puisse conclure de Proverbes 7.16, qu’ils continuèrent de tirer d’Égypte leurs tissus les plus estimés. Ils travaillaient surtout le coton, le lin et la laine, peu ou point la soie ; ils faisaient entre autres des étoffes grossières de poil de chèvre et de poil de chameau qui servaient d’habits de deuil, de vêtements pour les pauvres, ou de garnitures de tentes (Matthieu 3.4 ; Exode 26.7 ; 35.6 ; Cantique 1.5). On sait qu’il n’entrait jamais deux matières différentes dans un même tissu (Lévitique 19.19). Il est difficile de déterminer exactement la nature des diverses étoffes mentionnées dans l’Écriture ; on voit seulement qu’il y en avait de plusieurs sortes, des quadrillés, des croisés, des espèces de damas avec des dessins symboliques en broderies, etc. La robe sans couture (Jean 19.23), quelque simple qu’on l’imagine, montre à quel haut degré de développement ils avaient déjà porté le travail de la fabrication.