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Ce mot a dans l’Écriture, comme dans le langage ordinaire, plusieurs significations différentes : il désigne le sol sur lequel nous marchons (Genèse 1.10) ; toute la matière grossière qui fut créée au commencement (Genèse 1.1) ; le globe terrestre avec tout ce qu’il contient, hommes, animaux, plantes, métaux, etc., (Psaumes 24.1 ; 115.15-16 ; Genèse 8.17) ; il désigne aussi les habitants de la terre (Genèse 6.13 ; 11.1). Quelquefois il se dit d’une contrée particulière, le plus souvent de la Palestine, à moins qu’un autre pays ne soit spécialement désigné, la terre d’Égypte, d’Assyrie, de Moab ; il s’applique à tout l’empire de Chaldée et d’Assyrie (Esdras 1.2). Dans les Psaumes, la terre signifie en premier lieu le pays d’Israël, et ensuite prophétiquement le monde entier (Psaumes 33.8-14 ; 45.16 ; 48.2 ; 57.5-11 ; etc.). La terre des vivants marquait dans l’esprit des Juifs, soit la Palestine, par opposition aux lieux de leur captivité, soit la vie à venir, par opposition à la vie présente (Psaumes 27.13 ; 52.5 ; Ésaïe 38.11 ; 53.8). La terre d’oubli, c’est le tombeau (Psaumes 88.12 ; Job 10.21-22). Dans le sens moral, la terre est opposée à l’esprit, elle est l’emblème de la matière, le mot terrestre est opposé à céleste (Jean 3.31 ; Colossiens 3.5 ; 1 Corinthiens 15.47-48 ; 2 Corinthiens 5.4) ; la terre représente la corruption, la décomposition (Psaumes 103.14). Dans le langage prophétique, dans Daniel et dans l’Apocalypse en particulier, le mot terre désigne encore d’une manière spéciale le territoire des quatre monarchies, l’Asie Mineure, et toute la portion de l’Europe comprise entre la Méditerranée au sud, le Rhin et le Danube au nord (voir Gaussen). Newton y ajoute encore l’Angleterre. On multiplierait à l’infini l’énumération des acceptions diverses dans lesquelles ce même mot est pris dans la Bible ; ce travail n’est pas nécessaire.
Quant à la terre proprement dite, il a été parlé aux articles Genèse et Création de ce qui concerne son origine et du récit que nous en font les historiens sacrés ; de l’aveu même des théologiens les moins suspects d’enthousiasme, de Winer, par exemple, le récit biblique de Genèse 1, est si sage, si bien conçu, si naturel, et raconté dans un style si beau, si élevé, qu’il n’est aucune autre cosmogonie de l’ancien monde qui puisse lui être comparée sous ce rapport.
Il est difficile de se former une idée des opinions des Hébreux relativement à la structure de la terre ; il est probable même qu’ils ne s’étaient pas posé la question. Les descriptions poétiques (de Psaumes 104.5 ; Job 9.6 ; 38.6 ; Psaumes 75.3), qui nous parlent des bases et des piliers de la terre (ou de Psaumes 24.2 ; 136.6), qui nous représentent la terre comme fondée sur l’Océan, ne doivent pas plus être prises à la lettre que celle de Ésaïe 11.12, qui semble indiquer une terre carrée (Gesenius) ; de Job 26.7, qui la représente planant dans l’espace, soutenue par la puissante main de Dieu, ou de Proverbes 8.27 ; Job 26.10 ; Ésaïe 40.22, qui la représentent comme une sphère, ou comme une circonférence, dont Jérusalem serait le centre (Ézéchiel 5.5 ; cf. 38.12).
Avant l’exil, les Juifs ne connurent guère que les pays qui les avoisinaient immédiatement, et avec lesquels ils avaient des occasions de contact, l’Égypte, l’Arabie, la Syrie et la Phénicie ; mais leurs connaissances géographiques s’étendirent avec la captivité ; ils apprirent à connaître l’Assyrie, la Médie, la Babylonie, et peut-être leurs rapports avec les Phéniciens leur firent-ils connaître aussi les îles, les pays de l’ouest, et même le nord de l’Asie, Gog et Magog (Ézéchiel 27 ; Jérémie 51.27 ; cf. Ésaïe 14.13). Les premiers essais d’une géographie datent de cette époque, et Josèphe (Antiquités judaïques 1.6) nous fait part des travaux de celui qui, le premier sans doute, essaya de résoudre les difficultés et les obscurités généalogiques de Genèse 10, par les traditions des peuples sur leurs origines. Depuis les Macchabées, les Juifs entrèrent en rapport avec la Grèce et l’Italie ; le commerce et la politique agrandirent de ce côté leur horizon. On a cru trouver (Josué 18.9), la première trace de cartes géographiques, mais on peut l’entendre aussi d’une description des lieux, d’une topographie ; en Égypte, cependant, Sésostris aurait eu, d’après la tradition, la première idée de plans et de cartes du pays.