A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
(pierre précieuse, soumission, vasselage, pays conquis)
Les notices bibliques sur cette ville, ou contrée, sont de deux sortes : les unes sont générales (telles que Genèse 10.4 ; Psaumes 72.10 ; Ésaïe 66.19), et dirigent les recherches vers les côtes et les îles éloignées du nord et de l’ouest de la Palestine ; les autres sont spéciales, précises (telles que Ézéchiel 27.12-25), où l’on voit Tyr s’approvisionner à Tarsis d’argent, de fer, d’étain, de plomb, etc. (cf. 38.13 ; Jérémie 10.9 ; Ésaïe 23.10), où Tarsis paraît placée sous la domination tyrienne, et Jonas (1.3 ; 4.2), où l’on voit un vaisseau partir de Joppé pour Tarsis. Il ressort enfin (1 Rois 10.22, cf. 22.49), que Tarsis était une place de commerce très fréquentée par les Phéniciens ; car les vaisseaux qui, sous Salomon et Josaphat, faisaient le service d’Etsion-Guéber à Ophir, portent le nom de vaisseaux de Tarsis, comme une espèce de titre d’honneur désignant de grands bâtiments de commerce. Cependant, les Phéniciens ayant eu de tous côtés des établissements maritimes, les notices qui précèdent ne suffisent pas pour déterminer l’emplacement de Tarsis, et les opinions les plus divergentes se sont fait jour. Les uns, sur les traces de Josèphe, ont confondu cette ville avec Tarse de Cilicie, ou avec la Cilicie elle-même ; mais Tarse n’a pas été une place de commerce assez importante pour justifier une aussi grande célébrité, et Jonas, fuyant Ninive, n’aurait pas pris le chemin de la Cilicie pour s’en éloigner. D’autres, surtout à cause de 2 Chroniques 9.21 ; 20.36, ont placé Tarsis en Éthiopie.
Le besoin de trouver un pays produisant les divers objets énumérés, a fait oublier le moyen de s’y rendre ; car, à moins de supposer que la flotte tyrienne fît le tour de l’Afrique en doublant le Cap, il faut renoncer à cette hypothèse ; la seule force de cette opinion se trouve dans les deux passages indiqués des Chroniques ; mais les passages parallèles (1 Rois 10.22 ; 22.49), peuvent expliquer une méprise de l’auteur des Chroniques, qui aura pris pour vaisseaux partant de Tarsis des vaisseaux qui n’en avaient que le nom, et se rendaient en Ophir (cf. 9.28 ; 10.11). D’autres auteurs mettent Tarsis sur la côte septentrionale de l’Afrique, baignée par la Méditerranée, à Carthage, par exemple, toujours par rapport aux produits présumés du pays. Cette hypothèse, plus vraisemblable que la précédente, est cependant, comme elle, combattue par la table des peuples de Genèse 10, qui se distingue par une grande précision et un grand ordre géographique, et qui, après avoir compté Tarsis parmi les peuples de l’Europe descendants de Japheth, ne passe aux Africains descendants de Cham qu’au verset 6.
D’autres, également à cause du passage des Chroniques, ont pensé aux Indes Orientales, et ils s’appuient sur son rapprochement de Sheba (Psaumes 72.10) ; mais, outre que dans ce verset le rapprochement peut n’établir qu’un contraste, ce que le texte rend assez probable, l’embarquement de Jonas à Joppé (Jonas 1.3), suffit à renverser cette opinion. L’hypothèse la plus généralement admise, parce que c’est celle qui présente le plus de preuves et soulève le moins d’objections, voit dans la Cadix moderne, dans le Tartessus des anciens, le Tarsis des Hébreux et des Phéniciens. Le vieux Emporium Tartessus, situé au-delà des colonnes d’Hercule, dans la partie sud-ouest de l’Espagne, non loin de l’embouchure du Bétis (Guadalquivir, le grand fleuve), offrait dans son voisinage d’abondantes mines d’argent, et, comme le nom de Tartessus désignait l’ensemble des colonies phéniciennes de cette contrée, il est probable que le nom de Tarsis avait aussi, pour les Hébreux, une signification générale. Cette identité de lieu est appuyée d’abord sur l’identité de nom, plus frappante en hébreu avec la prononciation araméenne ; puis, sur le fait bien connu que la partie sud-sud-ouest de l’Espagne, particulièrement Tartessus, était le principal lieu de commerce des Phéniciens, qui en rapportaient à chaque voyage de riches trésors ; enfin, sur ce que tous les produits mentionnés dans Ézéchiel et Jérémie s’y rencontraient. L’Espagne renfermait d’abondantes mines d’or et d’argent, ces dernières dans le voisinage de Tartessus ; on y trouvait du plomb, au dire de Pline, et l’airain y était apporté des îles Britanniques, pour être de là transporté sur les marchés de l’Asie par les vaisseaux de Tyr ; il paraît même que la contrée renfermait de l’airain, et ce métal y était si abondant qu’on s’en servait pour les constructions.