A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Les lois égyptiennes, comme les lois de tous les anciens peuples, jusqu’aux Grecs et aux Romains, jusqu aux lois ecclésiastiques et canoniques, admettaient la loi du talion, au moins en principe, et très souvent dans l’application. Moïse l’a également conservée dans sa législation, mais en l’adoucissant, en la restreignant au meurtre, aux lésions corporelles des hommes libres, et au cas de faux témoignage, et en en plaçant l’exercice entre les mains, non de l’offensé, mais des juges. Cette loi, dit saint Augustin, est la justice d’hommes injustes. Notre Seigneur l’a solennellement condamnée (Matthieu 3.38), et le christianisme seul pouvait venir à bout de remplacer la vengeance par le pardon ; car si le talion, quant à l’offenseur, n’est que la justice sous sa forme la plus simple, quant à l’offensé, ce n’est autre chose que la vengeance sous sa forme la plus hideuse ; ce n’est pas une peine moralisante, ce n’est pas une garantie pour la sécurité publique, ce n’est pas une satisfaction donnée à la morale ou à l’opinion publique, c’est la jouissance de se venger octroyée à l’offensé, le droit de faire du mal à celui qui a fait du mal. Le maintien de cette peine dans la législation mosaïque (Exode 21.23-25 ; Lévitique 24.19-20 ; Deutéronome 19.19), n’est donc, malgré toutes ses restrictions, qu’une concession faite à des mœurs et à des opinions à demi-barbares, qui ne pouvaient s’élever d’un seul bond à la perfection chrétienne ; le mosaïsme tout entier n’était qu’un premier pas vers Christ, le pédagogue qui devait lentement conduire les Juifs à l’Évangile (Galates 3.24), d’un côté en les convainquant de péché, de l’autre en leur apprenant à mieux faire.