A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Hérodote dit que c’est le nom d’Assyrie, abrégé par les Grecs ; d’autres pensent que c’est une corruption de l’hébreu Tsor, Tyr. Quoi qu’il en soit, la Syrie est l’ancien Aram, passé entre les mains des Grecs et des Romains, avec ses incertitudes géographiques. Dans les Apocryphes, ce nom désigne essentiellement le royaume des Séleucides, dont Antioche était la capitale ; dans le Nouveau Testament, la Syrie est une province romaine, qui comprenait la Phénicie (Actes 21.3), et à laquelle, sauf de courts intervalles, la Judée se rattachait depuis six ans avant la naissance de Christ. Si ce nom se rencontre quelquefois dans nos traductions de l’Ancien Testament, il n’y a été introduit que par la substitution des noms nouveaux aux noms anciens, car l’original désigne uniformément la Syrie et ses subdivisions par le nom d’Aram.
Les données des anciens géographes sur les limites de la Syrie, varient considérablement. Les limites les plus probables et les plus constantes seraient au nord le Taurus, à l’ouest la Méditerranée, au sud l’Égypte et les déserts de l’Arabie, à l’est des plaines arides et monotones s’étendant jusqu’à l’Euphrate, la Phénicie et la Judée étant exceptées, et demeurant indépendantes à côté de ce puissant et redoutable voisinage. Au nord du Liban, des chaînes de montagnes couvrent en se ramifiant la partie haute du pays, et vont s’abaissant d’un côté vers l’étroite côte de la Phénicie, de l’autre vers les vastes déserts qui se maintiennent longtemps à une hauteur considérable avant de s’incliner vers l’Euphrate. Une vallée profonde sépare la Syrie occidentale et maritime de la Syrie orientale et intérieure ; elle est arrosée par l’Oronte qui, prenant sa source dans la contrée du Liban, court au nord-ouest et se jette dans la Méditerranée un peu au-dessous de Séleucie, après avoir baigné les murs d’Antioche ; le Chrysorrhoas fertilise les environs de Damas, et ces deux fleuves, fécondant les prairies et les rendant propres à l’élevage des bestiaux, tempèrent en même temps l’ardeur du climat, qui est doux et salubre. Les tremblements de terre et les nuées de sauterelles sont malheureusement deux plaies qui, tour à tour, visitent la Syrie, et mettent à néant les espérances que ce beau pays serait par lui-même de nature à faire concevoir.
La Syrie a été de tout temps la grande voie de communication entre l’Orient et l’Occident, et Damas, le principal entrepôt du commerce entre les deux mondes.
Strabon divise la Syrie en un certain nombre de provinces, qui sont, en venant du nord, la Comagène, la Séleucie, la Cœlésyrie, la Phénicie et la Judée ; Ptolémée en compte davantage, mais omet les deux dernières. La Bible mentionne les subdivisions suivantes, sans que rien indique qu’elles forment un tout complet : Aram-Mahaca, c’est-à-dire les contrées voisines de l’Hermon (2 Samuel 10.6-8 ; Deutéronome 3.14) ; Aram-Dammések (la Syrie de Damas, 2 Samuel 8.5-6) ; Aram-Beth-Réhob, ou la Syrie dans la contrée du passage (qui conduit à Hamath, 2 Samuel 10.6-8) ; Aram-Tsoba, ibid. ; etc.
Quant à l’histoire de ce royaume jusqu’à Alexandre le Grand, voir Aram, et Damas. Après la domination chaldéenne, la Syrie passa avec la Judée et la Phénicie sous la domination perse, puis sous celle des Grecs au temps d’Alexandre (330 av. J.-C.). On se rappelle comment la mort soudaine de ce conquérant (323 av. J.-C.), fut l’occasion de luttes acharnées entre ses généraux, comment la possession de la Syrie fut longtemps disputée, comment enfin, après la bataille d’Ipsus (301 av. J.-C.), elle passa, moins la Cœlésyrie et la Palestine, sous le sceptre de Séleucus Nicator, qui l’occupait déjà depuis vingt ans comme gouverneur, avec la Mésopotamie, la Babylonie, et toutes les conquêtes orientales des armes macédoniennes. La Syrie proprement dite fut dès lors, pendant une période assez longue, le noyau d’une grande monarchie, qui reçut le nom des Séleucides ses maîtres, et eut Antioche pour capitale. Les puissants et rapides progrès de ce royaume (qui ne tarda pas à former des relations avec la Judée), et les premiers symptômes de sa décadence, sont compris entre Séleucus, son fondateur, et Antiochus III, dit le Grand (301-187 av. J.-C.). Antiochus II avait déjà perdu les Parthes (256), qui s’étaient constitués en un royaume séparé ; Antiochus III, après avoir donné la Palestine et la Cœlésyrie en dot à sa fille Cléopâtre, épouse de Ptolémée V roi d’Égypte, succomba dans la bataille de Magnésie (189), sous les armes romaines qu’il avait inconsidérément provoquées, et dut abandonner toutes les provinces situées en deçà du Taurus. Un grand nombre de Juifs s’étaient déjà établis en Syrie, notamment à Antioche, où ils éprouvèrent, comme en Palestine, la protection des maîtres du pays.
La seconde période de l’histoire de ce royaume va de Séleucus Philopator à Démétrius Soter (187-151) ; la Cœlésyrie et la Palestine sont de nouveau provinces syriennes ; le cruel Antiochus Epiphanes (175) opprime les Juifs, et les pousse à cette résistance désespérée dont les Apocryphes ont essayé d’esquisser le tableau. La guerre de succession qui commence à sa mort, finit par assurer la victoire aux patriotes juifs, qui érigent leur pays en une principauté libre (1 Maccabées 13). Les rois de Syrie la flattent et cherchent à se la rendre favorable. L’influence croissante de la politique romaine, des luttes intérieures sans cesse renouvelées, la couronne toujours disputée, toujours des prétendants en présence pour recueillir la couronne au moment où elle tombera, des conflits continuels et sans résultats avec l’Égypte, tels sont les traits principaux qui caractérisent cette période de la domination séleucide. Le royaume marchait à sa ruine, mais son agonie fut longue.
La troisième période, depuis 151, nous montre dans un jour plus vif encore ces déchirements intérieurs, cette agonie politique ; aucun roi qui n’ait son compétiteur, et souvent des prétendants divers, ayant chacun leurs partisans, occupent des lambeaux de territoire, et se livrent des guerres d’escarmouches ; le pays s’affaiblit, et la Judée y trouve son compte. Las enfin de toutes ces dissensions, le peuple appelle à son secours Tigrane d’Arménie, qui monte sur le trône, règne quatorze (ou dix-huit) ans, s’embarrasse dans une guerre avec les Romains, et doit abandonner la Syrie à ses vainqueurs ; Pompée déclare le pays une province romaine (64 ou 63 av. J.-C.). Les proconsuls, gouverneurs de la Syrie, intervinrent dès lors assez fréquemment dans les affaires de la Palestine, et surtout dans celles de la dynastie régnante de Judée.
La Palestine eut beaucoup à souffrir des guerres qui se livraient ainsi dans son voisinage avec tant de chances diverses, et ce fut presque un bonheur pour ce pauvre pays qu’Hérode le Grand, protégé par Auguste, pût occuper le trône en paix, pendant un certain temps, et libre de toute dépendance à l’égard des provinces voisines (37-4 av. J.-C.). Mais, peu après sa mort (6 ans après Jésus-Christ), la Judée et la Samarie furent formellement annexées à la Syrie, et des procurateurs romains, sous la direction des proconsuls de la Syrie, furent chargés de l’administration dans ces fragments de province. La Batanée, la Gaulonite et la Trachonite subirent le même sort, l’an 33. Hérode Agrippa, par une faveur spéciale de Caligula et de Claude, réunit pendant quelque temps, sous son sceptre, tout le pays qui avait appartenu à Hérode le Grand ; mais, déjà en 44, la Judée vit recommencer le régime des procurateurs et de leurs concussions, qui dura jusqu’à la fin du siècle, sauf pour quelques parties de la Palestine transjourdaine, qui furent données à Hérode Agrippa II (32-99).
Les dialectes parlés en Syrie, le syrien ou syriaque, le syro-chaldéen, le samaritain et le phénicien, avaient beaucoup de rapports entre eux, et appartenaient à la famille sémitique. Le syriaque lui-même, une branche de l’araméen, était parlé dans la Syrie proprement dite et dans la Mésopotamie ; le grec cependant prévalut à la cour des Séleucides et dans les villes les plus importantes, de sorte que plusieurs termes grecs, et même des tournures de phrases, s’introduisirent dans la langue syriaque, comme précédemment sous la domination perse des mots persans y avaient également pénétré. Le syriaque est maintenant une langue morte, car on ne saurait accorder une grande créance aux récits de quelques voyageurs incompétents, qui racontent qu’à deux journées de Médine, en Mésopotamie, ils ont trouvé cent mille Syriens qui parlent encore la langue de leurs pères.