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Mot grec signifiant réunion, assemblée, par conséquent aussi église. C’est le nom que l’on donna depuis l’exil aux lieux où les Juifs se rassemblaient pour l’exercice public de leur culte. La tradition assignait à l’origine des synagogues une très haute antiquité (cf. Actes 15.21), et les rabbins allaient même jusqu’à en faire une institution patriarcale ; les tentes de Jacob (Genèse 25.27), leur faisaient l’effet de synagogues. On s’appuyait surtout sur Deutéronome 31.11 et Psaumes 74.8, pour prouver cette ancienneté de l’institution ; mais l’un de ces passages ne se rapporte qu’à la lecture de la loi, l’autre aux lieux saints où l’Éternel s’était manifesté, sans que l’idée de synagogue y soit même exprimée (nos versions ont traduit le général par le particulier).
C’est surtout pendant l’exil, alors qu’Israël n’avait plus de centre religieux, plus de terre sainte, plus de sanctuaire, que le besoin de réunions d’édification se fit sentir plus vivement aux Juifs ; il est fort probable que ce fut alors que prit naissance l’institution des synagogues, ce culte sans sacrifices, dont ils durent se contenter, et auquel ils finirent par s’attacher tellement qu’ils en transportèrent l’idée dans leur patrie dès qu’il leur fut permis d’y retourner (cf. Néhémie 8.1). Au temps de Jésus, on trouve au moins une synagogue dans toutes les villes un peu importantes de la Palestine, à Nazareth (Luc 4.16), à Capernaüm (Marc 1.21 ; Luc 7.5 ; Jean 6.59), ainsi que dans les villes de la Syrie, de la Grèce, ou de l’Asie Mineure (Actes 9.2 ; 13.5 ; 14.1 ; 17.1 ; 18.4 ; 19.8).
Dans les villes plus considérables on trouvait un plus grand nombre de synagogues, proportionnellement aux besoins de la population, et Jérusalem en eut jusqu’à 460, ou 480 ; chaque corporation, chaque nationalité, paraît avoir eu la sienne (cf. Actes 6.9). Les proseuques, maisons de prière, ou oratoires, ne doivent pas être confondus avec les synagogues ; c’étaient des lieux de réunion, ordinairement non couverts, et situés près d’une eau courante, à cause de l’habitude des Juifs de se laver avant de faire leur prière (Actes 16.13). Il est probable que ces proseuques, premier et modeste essai de culte des Juifs dispersés dans les centres païens, prirent souvent une consistance plus forte, et se changèrent avec le temps en de véritables synagogues, tout en conservant leur nom primitif. Les synagogues étaient le plus souvent bâties dans l’intérieur des villes, et presque toujours en un lieu élevé ; ce n’est que plus tard qu’on en éleva aussi dans le voisinage des cimetières. Les frais de construction et d’entretien étaient à la charge de la communauté, mais on voit aussi que souvent de simples particuliers, parfois même des païens (Luc 7.5), contribuaient pour une forte part à ces dépenses, qui n’eussent pu être couvertes par les contributions volontaires de l’assemblée.
Les Juifs se faisaient une très haute idée de la sainteté de ces lieux de culte, et ils en respectaient la place alors même que le culte avait été transféré ailleurs. On se réunissait dans les synagogues les sabbats, les jours de fête, et plus tard le deuxième et le cinquième jour de chaque semaine, les femmes ayant des places séparées, et fermées par des jalousies. Ces réunions étaient consacrées à la prière en commun, et à la lecture d’une portion de la loi ou d’un livre quelconque de l’Ancien Testament (Actes 13.15 ; 15.21), faite par un des membres de l’assemblée (Luc 4.16), par un prêtre ou par un ancien, d’après Philon ; quelques paroles d’édification, simples et libres, sur la lecture qui venait d’être faite, complétaient ce genre de culte, qui se rapproche à tant d’égards des habitudes religieuses de nos Églises. Un passage de Philon fait supposer que le lecteur et celui qui expliquait la lecture n’étaient pas ordinairement la même personne. L’assemblée se retirait ensuite après avoir répondu par un amen solennel à la bénédiction donnée par un prêtre (1 Corinthiens 14.16).
Les employés de la synagogue (officiers du culte) étaient :
1°. Le chef, qui exerçait en général les fonctions de président, veillant à l’ordre, dirigeant l’assemblée, et s’occupant de tout ce qui concernait le culte (Luc 8.49 ; 13.14 ; Marc 5.35 ; Actes 13.15 ; 18.8-17). C’était lui qui donnait la parole à ceux qu’il en jugeait capables, et aux étrangers dont on pouvait attendre de l’édification.
2°. Les anciens (Luc 7.3), appelés aussi les principaux (Marc 5.22 ; Actes 13.15), et en hébreu les pasteurs, ou les présidents. Ils formaient, sous la présidence du chef, un conseil de délibération, une espèce de consistoire.
3°. Le légat de la congrégation, son envoyé, qui faisait les prières, servait de secrétaire, et parfois de messager au conseil des anciens ; sa charge n’est pas bien définie.
4°. Le bedeau ou marguillier (Luc 4.20), qui ouvrait et fermait la synagogue, pourvoyait à la propreté du local, prenait soin des livres du culte, et peut-être quelquefois entonnait et dirigeait le chant.
Il y avait peut-être aussi des collecteurs, chargés de réunir les aumônes de la congrégation en faveur des pauvres, mais ce n’est pas Matthieu 6.2, qui suffirait à le prouver, et ce que les rabbins nous disent des synagogues en général ne doit pas être entendu d’une manière absolue quant à l’antiquité des usages ; les synagogues dont ils parlent ne sont pas celles que l’on trouvait du temps de Jésus, et dans les jours des apôtres ; et sous le rapport des ornements matériels, la beauté des descriptions qu’ils en donnent, contraste singulièrement avec la simplicité qui caractérisait les lieux de culte, dans les âges plus anciens et dans les dernières années de Jérusalem. Ainsi l’on ne voit mentionnés (Matthieu 23.6 ; Jacques 2.3), que des sièges ; c’était en quelque sorte la partie constituante du matériel de la synagogue ; les premiers étaient réservés aux anciens et aux scribes ; on peut croire cependant que même à cette époque il y avait en outre une espèce de tribune, ou de siège plus élevé pour le président, et une armoire pour les saints rouleaux de la loi.
Certaines peines disciplinaires, et pour ainsi dire ecclésiastiques, étaient subies dans les synagogues, en particulier la flagellation (Matthieu 10.17 ; 23.34 ; Marc 13.9 ; Luc 12.11 ; cf. 21.12 ; Actes 22.19 ; 26.11 ; 2 Corinthiens 11.24). Mais autant le fait est constaté, autant les motifs et les circonstances qui l’accompagnaient restent obscurs pour nous ; selon quelques auteurs, la flagellation, quarante coups moins un, était une commutation de la peine capitale ; selon d’autres, elle remplaçait l’excommunication pour les savants et les étudiants ; elle s’appliquait dans les cas d’hérésie, ou de péché scandaleux, voir Peines ; l’un des fonctionnaires de la synagogue remplissait les fonctions d’exécuteur, voir Fouet.
Le mot grec synagogue est employé dans son sens étymologique pour désigner des assemblées chrétiennes (Hébreux 10.25 ; Jacques 2.2).
Voir encore les articles Écoles, Libertins, Satan, etc.