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Ancienne et célèbre ville des Phéniciens, fondée par Sidon, le fils aîné de Canaan (Genèse 10.15). Son nom, qui signifie la pêche, ou la pêcheuse, se rattachait sans doute à l’abondance de poissons (sid, sidôn) que l’on trouve dans ses eaux jusqu’à nos jours. Située au bord de la Méditerranée, dans une plaine étroite, à 12 km nord de Tyr, à 48 de Béryte (Baïruth), à 88 de Damas, avec un bon port naturel, elle ne tarda pas à mériter le premier rang parmi les villes de la Phénicie, et fonda des colonies au près et au loin. Le nom de Sidon la grande lui est déjà donné (Josué 11.8 ; 19.28). On croit même que Tyr, qui effaça bientôt la gloire de sa rivale, était primitivement une colonie sidonienne. Lors de la conquête de Canaan elle échut en partage à la tribu d’Aser, et dut servir de limite septentrionale à la terre promise (Josué 19.28) ; mais cette tribu ne sut ni la conquérir, ni la conserver (Juges 1.31 ; 3.3), et l’on serait plutôt en droit de conclure (de 10.12), que les Sidoniens opprimèrent pendant un temps les habitants de cette tribu, ou du moins, qu’ils eurent le dessus dans une rencontre.
Ce passage est d’ailleurs le seul qui nous montre cette paisible cité en lutte avec le royaume d’Israël. Les habitants de Sidon avaient un commerce fort étendu par terre et par mer, comme en général les Phéniciens (Ésaïe 23.2 ; Ézéchiel 27.8). Leurs fabriques de verre, leurs manufactures en tous genres, en lin, étoffes précieuses, objets d’art, etc., étaient renommées dans l’antiquité païenne. Leurs architectes étaient fort recherchés (1 Rois 5.6 ; 1 Chroniques 22.4 ; Esdras 3.7) ; voir Temple. Aux jours de David, cette peuplade industrieuse paraît être sous la dépendance de Tyr (1015 av. J.-C.), mais elle secoue le joug de sa rivale lors de l’invasion de Shalmanéser, et elle se soumet au vainqueur ; il paraît cependant qu’elle conserva ses rois nationaux sous la domination des Syriens, comme plus tard sous celle des Chaldéens et des Perses (Jérémie 25.22 ; 27.3). Sous cette dernière, sa marine paraît avoir pris un développement considérable. Elle s’émancipe sous Artaxerxès Ochus, qui la reprend malgré une opiniâtre résistance, et la détruit. Ses habitants la relèvent de ses ruines ; après la bataille d’Issus, les Sidoniens se placent sous le protectorat, c’est-à-dire sous la dépendance d’Alexandre, qui dépose Straton, offre inutilement la couronne à deux jeunes frères, et la place enfin sur la tête d’Abdolonyme, qu’il retire de son obscurité, pauvre, et vivant du travail de ses mains ; en récompense de ses vertus il augmente même ses états d’une partie des dépouilles des Perses.
Ce petit royaume partage néanmoins les vicissitudes de la Syrie, et finit par tomber avec elle sous la domination romaine. Il n’en est parlé qu’incidemment dans l’Évangile, et toujours conjointement avec Tyr (Matthieu 11.21 ; Marc. 3.8 ; Luc 4.26 ; etc.). Dans les Actes 12.20 ; 27.3, nous voyons la communauté d’intérêt des Tyriens et des Sidoniens, menacés par Hérode, et une visite de Paul aux chrétiens de Sidon, ce qui montre que l’Évangile y avait pénétré. C’était encore une ville importante du temps de Mêla. Aujourd’hui Saïda ou Seyde, peuplée de 8000 habitants, appartient au paehalik turc d’Acre ; elle n’est pas tout à fait sans importance pour le commerce, bien que son port, recouvert de sable, n’offre plus de grande garantie aux vaisseaux ; du côté de l’est ses fortifications subsistent encore ; deux mosquées aux minarets élancés, sont les seuls édifices qui dominent ses autres constructions ; un pont de neuf arches, souvenir des croisades, unit la ville à la forteresse, bâtie sur un rocher dans le port ; derrière la ville, jusqu’au pied des montagnes, il y a des jardins magnifiques et très productifs, arrosés par une rivière considérable qui descend du Liban et se jette dans la mer. L’ancienne magnificence de Sidon a disparu, conformément aux prophéties (Ézéchiel 28.21-23), et ses marchands ont cessé de sillonner les mers (Ésaïe 23.4).
Le nom de Sidon a continué de désigner la Phénicie tout entière, dont cette ville fut si longtemps le plus glorieux représentant sous le rapport des arts et du commerce, même après qu’elle eut perdu sa prépondérance et sa richesse ; et c’est dans ce sens qu’on doit entendre ce qui est dit des marchands de Sidon (Ésaïe 23.2), des dieux de Sidon (1 Rois 11.5-33 ; 16.31 ; 2 Rois 23.13), des femmes de Sidon (1 Rois 11.1), de la langue sidonienne (Deutéronome 3.9). Quant au nom de roi de Sidon qui est donné à Ethbaal roi de Tyr (1 Rois 16.31), il s’explique par le fait que ces deux villes n’étaient régies que par un seul et même roi. Les poètes grecs employaient de même dans son sens le plus absolu l’épithète et le nom de sidonien. Voir encore les articles Tyr et Phénicie.