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Le sicle a été, dès les plus anciens temps, l’unité de poids des Hébreux, comme chez nous la livre d’abord, puis, aujourd’hui, le gramme. C’est au poids qu’ils mesurèrent longtemps la valeur des objets, des marchandises, du blé, des épices, mais surtout des métaux, de l’or, de l’argent et du fer (Genèse 24.22 ; Exode 38.24 ; Nombres 31.52 ; Josué 7.21 ; Juges 8.26 ; 2 Samuel 14.26 ; Ézéchiel 4.10). Ce poids déterminé, et qui variait peu, ce poids ordinairement d’argent, ne tarda pas à acquérir une valeur courante, et il finit par devenir également une unité monétaire, avant même que la monnaie existât, et le même mot servit à désigner deux unités différentes, comme chez nous aussi la livre a longtemps servi d’unité de poids et de valeur tout à la fois ; le mot pound en anglais, et quelque fois pfund en allemand, réunissent encore les deux significations. On ne pesa plus seulement, on compta en sicles. Les prestations des Israélites pour le sanctuaire, les amendes, les dédommagements, les estimations sacerdotales, les impôts civils, les marchandises, tout fut évalué en sicles (Exode 30.13 ; Lévitique 5.15 ; 27.3 ; Nombres 18.16 ; Néhémie 15 ; 2 Samuel 24.24 ; 2 Rois 7.1 ; etc.). Toutefois, même avec la valeur reconnue du sicle, on continua de peser, comme on pèse encore quelquefois certaines monnaies d’or (Genèse 23.16 ; Jérémie 32.9), quoiqu’il paraisse que, pour le commerce de détail, de petites pièces d’argent de la valeur d’un sicle, et ses fractions, peut-être frappées, aient été mises en circulation.
Outre le sicle vulgaire, on comptait encore le sicle du sanctuaire, d’après lequel étaient perçus les impôts ecclésiastiques (Exode 30.13 ; Lévitique 5.15 ; etc.), et, sous David, le sicle royal (2 Samuel 14.26), qui servait de mesure pour la perception des impôts civils. On suppose que ces deux derniers ne faisaient qu’un seul et même poids, et qu’ils ne se distinguaient du sicle ordinaire que par un peu plus de pesanteur, et par conséquent de valeur ; ils étaient la mesure officielle, normale, qui est toujours un peu plus élevée que la valeur courante, voir Mesures, et Poids. Ce serait se donner une peine inutile que d’essayer de déterminer plus exactement la valeur relative des différents sicles, comme aussi de traduire en valeurs modernes la valeur exacte de l’ancien sicle. Calmet l’évalue à 32, 5 sous de notre monnaie ; Winer, Eisenmenger, à 7 gros ; De Wette à 8 gros ; dans le système philétérien, le poids du sicle serait de grammes 11,667. On ne peut décider non plus si le sicle d’or avait la même valeur ou le même poids que le sicle d’argent ; dans le premier cas, il aurait été plus petit ; dans le second, il aurait valu davantage. La dernière supposition paraît plus vraisemblable, d’autant plus que le sicle d’or n’est employé que comme mesure de pesanteur, et l’on peut parfaitement comprendre une cuillère d’or pesant 10 sicles (Nombres 7.14), et une couronne d’or en pesant 3000 (2 Samuel 12.30), sans admettre un sicle plus petit. Le mot sicle est souvent omis, précisément parce qu’il était l’unité courante, comme on omet en français le mot francs quand on dit : cet homme possède plusieurs millions.
Après l’exil, le prince Simon ayant obtenu de la Syrie le droit de battre monnaie, l’an 173 ou 174 de l’ère des Séleucides, donna aux Juifs leur première monnaie proprement dite (1 Maccabées 15.6), et fit frapper des sicles, des demi-sicles, et des quarts de sicles en argent (Matthieu 26.15 ; 27.3) ; on trouve encore plusieurs de ces pièces dans nos cabinets de numismatique. Les légendes sont écrites en hébreu avec les vieux caractères samaritains, et portent la valeur de la pièce, l’année de l’émission, parfois le nom du prince, et pour empreinte tantôt une coupe, tantôt une palme, ou l’urne où la manne était renfermée. Les successeurs de Simon et les Hérodes firent faire toutes les inscriptions en grec.