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1°. de Noé : c’est le vaisseau qui sauva ce patriarche et sa famille des eaux du déluge. Il porte en hébreu le même nom que celui qui est donné au coffret de jonc dans lequel Moïse fut placé par sa mère (Exode 2.3). On croit généralement que Noé mit cent vingt ans à construire l’arche, et qu’il y employa beaucoup d’ouvriers ; cependant c’est une erreur qui provient sans doute de Genèse 6.3.Noé avait six cents ans quand le déluge vint sur la terre (7.6). Cent ans auparavant, à l’âge de cinq cents ans, il n’avait pas encore d’enfant (5.32) ; or, quand Dieu lui ordonna de construire l’arche, il avait déjà trois fils, et tous les trois mariés, ce qui suppose déjà , pour le temps d’alors, un âge assez avancé, soixante à quatre-vingts ans, ou même davantage. Il n’y mit donc qu’une vingtaine d’années tout au plus, et peut-être deux ou trois seulement ; d’ailleurs il n’est pas nécessaire de supposer un si long espace de temps, et Dieu fut le principal architecte de l’arche dont Noé ne fut que l’ouvrier en chef.
La forme de ce bâtiment était un grand carré long, avec un fond plat, et un toit légèrement incliné ; il n’avait ni voiles ni cordages, et ses deux extrémités n’étaient point taillées de manière à fendre les eaux ; l’arche n’était point faite pour voguer, mais pour flotter seulement, et pour surnager, et sa disposition offrait la plus grande résistance possible aux courants et à l’agitation des eaux ; elle n’aurait pu que très difficilement se voir entraînée dans les mers, il ne faut pas oublier que l’Éternel lui-même s’était chargé d’en être le pilote.
L’arche avait 300 coudées de long, 50 de large, et 30 de haut, c’est-à -dire environ 162 mètres de long, 27 de large, et 16, 20 de haut, soit plus de 70000 m3 ; en sorte qu’elle était calculée de manière à pouvoir porter plus de 80000 tonneaux, soit 80000000 kg.
Elle était divisée en trois étages, le fond de comble non compris, chacun desquels, déduction faite des planchers, devait avoir 4 à 5 mètres de hauteur, et se distribuait sans doute en un grand nombre de loges et de compartiments. Il est à présumer aussi que ce bâtiment était construit de manière à recevoir du jour et de l’air par les côtés, et qu’il y avait par-dessus le toit quelque grande couverture en peau, qui, s’abattant par-devant les croisées, empêchait l’entrée de la pluie ; mais cette circonstance, comme tant d’autres qui regardent le détail de la construction, peut avoir été passée sous silence. Ce serait en écartant cette espèce de contrevent que Noé aurait reconnu la fin du déluge (8.13).
Le grand cheval de bataille des incrédules contre cette histoire miraculeuse, c’est l’impossibilité prétendue de loger dans l’arche un aussi grand nombre d’animaux. Pour rendre l’objection plus forte, il n’y a qu’à faire l’arche aussi petite, et le nombre des animaux aussi grand que possible ; mais il y a des limites à tout, même à la valeur des objections. L’arche était un édifice immense, et tel qu’il n’y a guère de grand temple en Europe qui présente une masse à lui comparer. Quant aux animaux, il est sûr, puisque Dieu se proposait simplement d’en conserver les espèces différentes, qu’il n’aura pas fait entrer dans l’arche des subdivisions de ces espèces, provenant de croisements successifs, mais seulement les espèces primitives et principales. Or, si l’on porte à 130 ou 140 le nombre des espèces bien tranchées de quadrupèdes qui vivent sur la terre, à 160 celui des oiseaux, et à 30 ou 40 celui des reptiles qui n’ont pu se réfugier sous le sol et y demeurer dans un état d’engourdissement, comme cela peut avoir eu lieu pour les serpents, l’arche se trouverait avoir été plus que suffisante pour contenir tous les animaux qui durent y entrer, avec la nourriture nécessaire à tous pendant une année. D’ailleurs, s’il y a de gros animaux, il ne sont pas tous gros : on n’en connaît que six espèces plus grandes que le cheval ; il y en a peu qui soient aussi grandes, et il y en a un fort grand nombre qui sont au-dessous de la brebis. Le premier étage à lui seul aurait reçu tous les quadrupèdes ; au second aurait été leur nourriture ; et le troisième présente assez d’espace pour loger les oiseaux et les reptiles, puis Noé et sa famille avec les provisions nécessaires. Des calculs très détaillés et très exacts ont amené là -dessus les résultats les plus satisfaisants, qu’il n’est pas difficile de vérifier. En outre, la position particulière et tout exceptionnelle où se trouvaient les animaux, aura influé sur leurs rapports entre eux (rapports du reste que nous ne connaissons pas pour les temps antédiluviens), comme aussi sur leurs rapports avec l’homme, de manière à faciliter beaucoup les soins qu’on était obligé de leur donner. On objecte de même souvent, qu’à cette époque peu avancée de l’industrie, il était presque impossible de construire un bâtiment d’une telle grandeur, et de le mettre en état de résister aux vagues de l’Océan universel. Mais l’antiquité tout entière, même la plus reculée, a pris soin de répondre à cette objection. L’industrie s’est développée bien longtemps avant le commerce, presque en même temps que l’agriculture, et nous possédons dans les pyramides, et dans les ruines les plus anciennes des pays classiques, le témoignage irréfutable d’un vaste esprit d’entreprise, et d’une connaissance étonnante et profonde de la mécanique et des autres arts, chez les hommes des siècles passés. Le grand temple de l’Inde percé dans une montagne, et le mur de la Chine, sont d’ailleurs des travaux bien autrement gigantesques, et Dieu n’en a pas été l’architecte et l’ordonnateur, comme il le fut de l’arche destinée à faire surnager ses huit sur le chaos et les débris d’un monde qui allait cesser d’être.
L’arche fut faite de bois de gopher (q. v.), et Noé l’enduisit de bitume. Après qu’elle eut vogué pendant cinq mois environ, elle s’arrêta sur le mont Ararat en Arménie, voir Déluge.
2°. Arche de l’alliance. Le mot hébreu que nos traductions rendent par Arche (Exode 37.1), et ailleurs, n’est pas le même que celui qui désigne le vaisseau de Noé. L’arche de l’alliance était un coffret de bois de sittim, d’environ l,62m de longueur, large de 1, 08, et profond d’autant. Il était garni de plaques d’or pur en dehors et en dedans ; il avait en dehors une corniche également d’or, et il était recouvert d’une table en or massif appelé le couvercle ou le propitiatoire, sur lequel se tenaient deux chérubins. Ils étaient l’un vis-à -vis de l’autre, regardant le propitiatoire qu’ils couvraient de leurs ailes ; c’est du milieu d’eux que l’Éternel rendait ses oracles (Exode 25.22 ; Nombres 7.89 ; cf. 2 Rois 19.15 ; Psaumes 80.1), et qu’il manifestait visiblement sa gloire et sa présence. Dans l’arche se trouvaient la cruche d’or avec la manne, la verge d’Aaron qui avait fleuri, et les tables de l’alliance (Hébreux 9.4). Elle était placée dans le lieu très saint, et au grand jour des expiations, le souverain sacrificateur venait et répandait sur le propitiatoire le sang des victimes immolées. Il est facile de voir que ce coffret mystérieux était un type de notre Seigneur Jésus-Christ : c’est lui qui a réellement magnifié la loi de Dieu, tout en faisant propitiation pour nos péchés ; il est notre alliance avec le Saint des saints, et c’est en lui qu’a brillé toute la gloire du Père.
Maintenant qu’est-elle devenue, cette arche de l’alliance ? On n’en sait rien et l’on n’a pas besoin de le savoir, puisque la présence de notre Dieu n’est plus attachée à aucune chose périssable, mais que nous pouvons le trouver partout où nous sommes avec un cœur pur et des mains nettes. Toutefois, voici quelques mots sur les traditions relatives au sort final de cet ustensile sacré qui fut si longtemps, pour les Juifs, l’objet de leur juste vénération. D’après 2Maccabées 2.4.et sq., Jérémie aurait caché l’arche dans une caverne de la montagne où Moïse était monté peu avant sa mort (Pisga), afin que personne ne la pût trouver jusqu’au jour où le Seigneur rassemblerait de nouveau son peuple. Théophylacte, Epiphane et le rabbin Joseph Ben-Gorion racontent la même histoire, mais sur la foi de ce même témoignage, de sorte qu’il n’y a qu’une seule source pour cette tradition. Toutefois, en l’absence d’autres données, celle-là pourrait avoir quelque poids. La Bible n’en dit plus rien. Lorsque Cyrus rendit à Esdras (Esdras 1.7), les vases que Nebucadnetsar avait emportés, nous n’y trouvons pas un mot sur l’arche ; les Juifs sont d’accord pour dire qu’elle ne se trouvait pas dans le second temple, et lorsque Josèphe énumère les objets qui ont été emmenés par Titus triomphant, il nomme la table d’or, le candélabre et la loi ; et sur l’arc de Titus dont on admire encore les restes bien conservés, on ne trouve parmi les dépouilles du temple que le candélabre et la table. Tout cela prouve assez clairement qu’au retour de la captivité, l’arche d’alliance n’existait plus pour les Juifs. Quelques rabbins s’appuyant sur 2 Chroniques 36.10, ou sur 2 Rois 20.17 et 24.13, prétendent qu’elle fut détruite et emmenée à Babylone avec les autres trésors du palais et du temple ; cependant il est peu probable qu’elle soit tombée entre les mains des Chaldéens, car on ne saurait comprendre pourquoi il n’est jamais parlé de ce monument précieux, ni dans le récit des choses emmenées, ni dans la liste des effets rendus à Esdras.
Selon d’autres, elle aurait été détruite lors de la ruine de Babylone, ou par accident, ou à dessein ; car, d’après Ésaïe 37.19, les Assyriens avaient coutume de jeter au feu les dieux des nations vaincues. Aucun auteur juif n’admet cette supposition ; les chrétiens au contraire l’ont presque tous acceptée en se fondant sur Jérémie 3.16 : dans ce passage le prophète exprime en effet l’idée que, dans les temps à venir, l’arche ne sera plus honorée comme le seul trône de l’Éternel ; mais il parle par opposition à la vénération superstitieuse que les Juifs de son temps, après la réformation de Josias, avaient pour les objets visibles de leur culte, et il veut dire qu’un temps viendra où le véritable temple de l’Éternel sera dans les cœurs de son peuple : ce passage ne peut donc pas s’entendre à la lettre.
Il ne reste plus maintenant que la troisième supposition, c’est que l’arche ait été cachée. C’est la supposition des Juifs : ils sont, à peu d’exceptions près, d’accord sur ce point. Selon eux, Josias, averti des maux qui allaient fondre sur le peuple de Dieu (2 Chroniques 34.24), cacha l’arche dans l’intérieur de la montagne, au-dessous du temple, dans une retraite préparée déjà par Salomon pour cet effet. Ils allèguent (2 Chroniques 35.3), qui semblerait prouver le contraire de ce que les Juifs prétendent ; mais ils l’expliquent en disant que l’ordre même qui est donné de remettre l’arche à sa place, indique qu’elle n’y avait pas été sous le règne de l’impie prédécesseur de Josias, et qu’elle avait été probablement mise en lieu de sûreté. Conséquents avec eux-mêmes, ils espèrent que le temps viendra où, par une direction providentielle, l’arche sera retrouvée, et rendue au peuple de retour dans la terre promise.
Quant à nous, ce qui nous paraît à la fois le plus probable et le plus simple, c’est que les sacrificateurs, sachant que la captivité ne devait durer que soixante et dix ans, auront mis de côté les monuments les plus précieux de leur culte, et que Jérémie le prophète, en réponse peut-être à une demande qui lui aura été adressée par le sacrificateur, aura indiqué le moment précis où devait avoir lieu l’invasion : on l’aurait ainsi prévenue en se hâtant d’enfouir quelques-uns des vases sacrés. Puis au retour de l’exil, les Juifs, toujours entourés d’ennemis et de difficultés de tout genre, auront voulu attendre des temps meilleurs et l’érection du second temple, avant de sortir de leur retraite ces monuments ensevelis, et à force de délais on aura perdu la connaissance exacte des détails et de l’emplacement ; il n’en sera plus resté qu’une tradition vague et peu solide, appuyée, comme toujours, sur un fond de vérité, mais amplifiée et défigurée par de curieuses conjectures rabbiniques, ou par l’imagination des poètes.