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Moyen assez ordinaire chez les Hébreux d’établir, soit dans les affaires publiques, soit dans la vie privée, soit en présence des tribunaux, la vérité de ses paroles passées ou présentes (Genèse 24.37 ; 50.5 ; Exode 22.11 ; Lévitique 6.3-5 ; Juges 21.5 ; 1 Samuel 19.6 ; 20.17 ; 2 Samuel 19.23 ; 15.21 ; 1 Rois 18.10 ; Esdras 10.5 ; Matthieu 26.74). Nous voyons confirmés par serment un traité d’alliance (Genèse 31.53 ; Josué 9.15 ; 2 Rois 11.4), et une promesse de secours et d’assistance à la vie et à la mort (2 Samuel 15.21). Le serment reposait sur une idée éminemment religieuse ; son nom hébreu (une septaine) indique déjà qu’une pensée de perfection dans la vérité présidait à son usage ; c’était dire sept fois la vérité. Quant à sa valeur juridique et à sa forme, la législation mosaïque ne nous a donné aucun détail, et ce fait semble en faire une œuvre de conscience et de bonne foi, échappant aux prescriptions légales. Le plus souvent, on jurait par l’Éternel (Juges 21.7 ; Deutéronome 6.13 ; 1 Samuel 24.7 ; 2 Samuel 19.7 ; 1 Rois 1.29 ; 2.23 ; Ésaïe 19.18 ; 65.6 ; Jérémie 38.16 ; etc.) ; les Israélites idolâtres juraient par de faux dieux (Jérémie 5.7 ; 12.16 ; Amos 8.14 ; Sophonie 1.5). On jurait aussi par la vie de la personne à laquelle on s’adressait (2 Rois 2.2 ; 1 Samuel 1.26 ; 20.3) ; par la vie du roi (1 Samuel 17.55 ; 25.26 ; 2 Samuel 11.11) ; plus rarement par sa propre vie (Matthieu 5.36) ; par la terre (Matthieu 5.35) ; par le ciel ou le soleil (Matthieu 5.34) ; par les anges, par le temple, ou par quelqu’une de ses parties (Matthieu 23.16) ; par Jérusalem enfin, la sainte ville (Matthieu 5.35), voir encore l’adjuration (de Cantique 2.7).
Quant aux cérémonies qui accompagnaient la prestation du serment, elles étaient simples et peu nombreuses ; dans l’époque patriarcale, il paraît que l’on plaçait sa main sous la cuisse de celui à qui l’on prêtait serment (Genèse 24.2 ; 47.29) ; plus ordinairement, on étendait sa main vers le ciel (Genèse 14.22-23 ; cf. Deutéronome 32.40 ; Exode 6.8 ; Ézéchiel 20.5). Plus tard, à ce que dit Maïmonides, mais on ne saurait préciser à quelle époque remonte cette coutume, les Juifs jurèrent en touchant les phylactères. Devant la justice, le serment consistait à répondre amen ! à une formule d’adjuration qui était lue à celui qui devait jurer (1 Rois 22.16 ; cf. Nombres 5.19 ; Matthieu 26.63). Les femmes et les esclaves n’étaient pas admis à prêter serment. Les principes relâchés des pharisiens, à l’endroit du serment, sont relevés (Matthieu 23.16), et les Juifs paraissent avoir eu généralement une assez mauvaise réputation sous ce rapport. D’après Philon, quelques docteurs luttaient contre cette tendance à jurer toujours, pour peu de chose, et, par conséquent aussi, sans respect pour le serment prêté. Philon lui-même désirait la suppression du serment (cf. Matthieu 5.34), et les esséniens l’avaient réellement supprimé, comme les quakers l’ont fait de nos jours. Le parjure était défendu au point de vue religieux, puisque c’est sur ce point de vue que reposait le serment (Exode 20.7 ; Lévitique 19.12 ; cf. Matthieu 5.33 ; Zacharie 8.17). On ne voit, du reste, que deux espèces de faux serments mentionnés, l’un relatif au témoignage, l’autre à la négation d’un dépôt ou d’une trouvaille (Lévitique 5.1 ; Proverbes 6.2 ; 29.24). Pour les deux cas, un sacrifice expiatoire est ordonné, et de plus, pour le dernier cas, une restitution supérieure à la valeur reçue ou dérobée. La peine paraît légère, parce que les traditions papales nous ont habitué à toute autre chose ; mais la législation juive, plus avancée que celle du Moyen Âge qu’on a essayé de ressusciter sous Charles X, mais sans succès, ne punissait que le délit humain, et laissait à Dieu le soin de venger son nom faussement invoqué. L’ancienne Rome, la ville païenne, l’avait aussi compris ; aux dieux seuls appartenait la peine du faux serment, le censeur se bornait à noter les parjures. Plus tard, à mesure qu’elle perdait l’esprit et devenait charnelle, la synagogue introduisit des peines corporelles, le fouet et l’amende, pour punir ce péché contre Dieu. Jésus-Christ paraît avoir défendu le serment (Matthieu 5.33-37) ; du moins, s’il eût voulu le défendre, il n’eût pu se servir d’expressions plus claires et plus positives.