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Cracher contre quelqu’un, ou à propos de quelqu’un, était déjà, dans la plus haute antiquité, considéré comme une insulte grave (Deutéronome 25.9 ; Nombres 12.14 ; Ésaïe 50.6 ; Matthieu 26.67) ; le simple acte de cracher en présence de quelqu’un était considéré comme une malhonnêteté (Job 30.10) ; en principe, un Oriental de nos jours, ne se permettra jamais une action pareille en présence d’un supérieur ; ce n’est point seulement à cause des beaux tapis qui couvrent la terre ou le plancher, mais par cette pudeur naturelle qui dit à chacun l’inconvenance qu’il y a à se purger d’une sécrétion quelconque en présence de personnes respectées ; il pourrait, d’ailleurs, arriver qu’un peu de salive vînt à tomber sur les vêtements et même sur la barbe du voisin, ce qui est pour les Orientaux un affront suprême.
La salive d’un homme ayant une maladie impure, rendait impur celui sur qui elle tombait (Lévitique 15.8), et l’on doit voir dans cette prescription morale une précaution médicale. La salive a certaines vertus adoucissantes ; les animaux guérissent ordinairement leurs plaies en les léchant ; il ne paraît pas que la salive ait pu guérir des véritables cécités, des maux ayant affecté l’organe visuel dans ce qui constitue sa propriété de vision. Ce que Tacite et Suétone racontent en effet de l’empereur Vespasien (Hist. 4.81. Vesp. 7.), se rapporte probablement à des yeux affectés extérieurement et non point au fond, et quelques faits de ce genre qu’on a découverts plus tard, portent un caractère légendaire qui ne permet pas d’en tirer des conclusions positives.
Jésus en guérissant un aveugle-né au moyen de salive mêlée de boue (Jean 9.6), évidemment a fait un miracle, et en a voulu faire un ; mais pourquoi s’est-il servi d’un moyen, et d’un moyen qui ne pouvait pas atteindre le but ? On a diversement répondu à cette question, et l’on peut comprendre dans le bénéfice de la même réponse d’autres faits analogues, où des moyens extérieurs sont employés pour des guérisons miraculeuses (2 Rois 4.41 ; Ésaïe 38.21 ; Marc 6.13 ; 7.33). Ces moyens, selon Passavant, auraient été les conducteurs physiques de la force surnaturelle qui agissait. Chrysostome, Mélanchthon, Calvin, pensent, dans le cas particulier, que le Seigneur voulait éprouver la foi du malade, et voir si, après ce traitement en apparence peu efficace, l’aveugle aurait assez de confiance en lui pour se rendre de la ville à la fontaine de Siloé où sa guérison devait être accomplie ; peut-être aussi l’emploi d’un moyen quelconque était-il un point d’appui pour une foi faible encore. Winer enfin pense que Jésus voulait, par cette action, protester une fois de plus contre le légalisme absurde des pharisiens qui défendaient de guérir le jour du sabbat, même au moyen de la salive. Toutes ces explications ont de la valeur, et nous les acceptons, mais nous ne repoussons point aussi absolument que Winer, et comme une absurdité, l’opinion de Johren (de Christo medico) que puisque le corps de Christ était entièrement sain et parfait, les facultés qui dorment ou qui sont émoussées en nous, devaient exister en lui dans toute la plénitude de leur perfection, et que si la salive humaine et animale a quelques vertus médicales, celle du Seigneur devait les posséder toutes, et non altérées.
Luc 16.21. Les chiens ont un grand penchant à lécher les plaies, même les plus dégoûtantes ; ils sont représentés léchant les ulcères de Lazare, et, comme la langue du chien est très fine, son action produit toujours une impression agréable sur le malade, et peut procurer sa guérison. On ne s’étonne pas de trouver un détail de ce genre dans les récits de Luc le médecin.