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Vaste contrée de l’Asie, à l’est et principalement au sud du pays de Canaan. Sa plus grande longueur d’orient en occident est d’environ 3000 km, et du nord au midi de 2500.Dans sa partie septentrionale, à l’est de Canaan, l’Arabie n’a pas, à beaucoup près, la moitié de ces dimensions. On évalue sa surface à cinq ou six fois celle de la France ; elle est bornée au sud par l’Océan indien, à l’ouest par la mer Rouge et l’isthme de Suez, au nord-ouest et au nord par le pays de Canaan et par la Syrie, à l’est par les montagnes de la Caldée et le golfe Persique. On la divise communément en trois parties :
1°. L’Arabie Pétrée ou rocheuse, au nord-ouest. C’est maintenant la province d’Hedjaz : on y trouve au sud-ouest les villes fameuses de La Mecque et de Médine, lieux de pèlerinages chers aux mahométans. Cette contrée se divisait autrefois en pays d’Edom, désert de Paran. pays de Cusan, etc., et il semble qu’on lui ait donné le nom d’Arabie soit parce qu’elle est à l’occident de l’Asie, soit à cause du mélange, à cause de la variété des tribus qui l’habitaient, soit enfin à cause de la stérilité du pays, le mot Arabie pouvant signifier ces trois choses. On y trouvait Guérar, Kadès-Barnéa, Lakis, Béersébah et le mont Sinaï.
2°. L’Arabie Déserte, en partie au sud de l’Arabie rocheuse, en partie s’étendant à l’est de Canaan, comprenait les pays de Hammon, de Moab, de Madian, la contrée des Ituréens, celle des Hagaréniens, et probablement aussi le pays de Huz : c’est là qu’on trouve surtout ces affreux déserts qui font avec leurs caravanes légères la réputation de l’Arabie ; des hordes sauvages et quelques bêtes féroces, moins redoutables pour les voyageurs, en sont les seuls habitants.
3°. L’Arabie Heureuse, au sud des deux premières ; contrée délicieuse et fertile, riche en parfums de toutes espèces. Selon quelques auteurs, la reine de Séba, aurait étendu sa domination jusque-là. Toutefois, et malgré tout ce qu’il peut y avoir de tranché dans les différences qui séparent ces trois grandes provinces, elles ne forment effectivement qu’un seul tout, un même pays, avec de fortes nuances, mais avec une unité plus forte encore, et des caractères communs qui ne permettent pas de les séparer. Le climat en est sec et chaud, l’ardent Simoun y souffle presque continuellement, les nuits y sont fraîches, les sources rares, les rivières peu abondantes, les montagnes nombreuses mais sans végétation ; quelques eaux souterraines, conduites avec art, et conservées avec soin par les Arabes, donnent une grande fertilité aux oasis clairsemées dans les déserts. On pêche les plus belles perles sur les côtes méridionales du golfe Persique. Le climat, généralement salubre, rend cependant les ophthalmies fréquentes et dangereuses. Des lions, des chacals, des hyènes, des panthères, des léopards sont la plaie des troupeaux ; les sauterelles sont la plaie des lieux herbeux et des oasis ; l’autruche nourrit quelquefois de ses œufs les voyageurs ou les Bédouins. Le millet et les dattes sont la principale ressource contre la faim. Les caféiers, l’aloès, l’acacia-gommier, l’encens, la manne, la myrrhe et le séné se trouvent en abondance au midi du désert et sur les côtes. Les moutons que l’Arabe nomade fait paître dans les plaines du Nedjed près du Yémen et jusqu’à l’Euphrate, donnent leur lait et leur viande à ceux qui ne vivent pas de pillage. Les chevaux arabes sont célèbres par leur beauté et la rapidité de leur course ; ils ont leurs généalogies, leurs titres de noblesse, leur histoire et leurs rivalités. Enfin le chameau, la merveille du désert, l’idole de ses maîtres, et le chef-d’œuvre de la création pour ces peuples abandonnés, leur tient lieu de vaisseau pour traverser les sables ; son poil les habille, son lait et sa chair les nourrit ; sa compagnie les charme, il aime la musique, il dresse la tête au son du fifre ou du tambour ; chargé de masses pesantes il fuit avec la rapidité de la flèche, et transporte, sans se fatiguer, des familles, des marchandises, ou des guerriers, ne demandant qu’une poignée de farine toutes les vingt-quatre heures, et une source tous les huit jours ; sa fiente même sert à l’Arabe, et remplace le bois si rare et si coûteux. Enfin, près de périr de soif au milieu des sables et des rochers, le maître tue son serviteur et trouve encore, dans ses quatre estomacs, une source qui le rend à l’existence. C’est ainsi que, par sa sobriété, son courage et ses nombreux services, le chameau se fait pardonner sa laideur, et l’Arabe l’aime à l’égal de ses nobles coursiers.
L’Arabe est passionné de la liberté ; son gouvernement est patriarcal, jamais il n’en a voulu d’autre, on n’a pu l’asservir. Mais les querelles des tribus sont quelquefois sanglantes. Brigands entre eux, et barbares pour les étrangers, ils sont hospitaliers pour celui qui vient réclamer leur tente et leur pain mal cuit : leur ennemi le plus cruel peut dormir en paix si quelque circonstance fortuite l’a amené sous le toit de celui qui le hait ; mais la vengeance relève la tête aussitôt que l’hôte est sorti de la maison.
L’Arabie heureuse doit avoir été peuplée essentiellement par la nombreuse famille de Joktam, descendant de Sem ; les deux autres Arabies furent d’abord habitées par les Réphaïms, les Emims, les Zamzummims, les Amalécites, les Horites, et autres descendants de Cus, l’aîné des fils de Cam. Les Cusites en furent insensiblement dépossédés par la postérité de Nachor, Lot et Abraham. Ismaël s’établit d’abord dans l’Hedjaz, et fonda les douze puissantes tribus des Nabathéens, des Kédaréens, etc. (Genèse 25.13-15), qui s’étendirent peu à peu de manière à occuper tout au moins les contrées septentrionales du pays : les restes des Uzites, des Buzites, des Ammonites, des Moabites, des Madianites, etc., s’incorporèrent à eux plus tard.
Les anciens Arabes étaient adonnés à une grossière idolâtrie : ils adoraient le soleil, la lune, les étoiles, et un grand nombre d’anges et d’hommes qui, selon eux, s’étaient illustrés ; ils rendaient même un culte à de grandes pierres qui, dans l’origine, ne marquaient autre chose que les emplacements où leurs ancêtres avaient servi le vrai Dieu (Genèse 28.18). Les perses introduisirent parmi eux la religion des mages, et les Juifs qui fuyaient la fureur des Romains, firent plus tard, chez les Arabes, grand nombre de prosélytes. Paul prêcha l’Évangile en Arabie (Galates 1.17), et l’on assure que dix tribus embrassèrent la foi chrétienne dans le siècle des apôtres ou dans le suivant. Mais depuis Mahomet, c’est-à-dire depuis 630 environ, les Arabes ont généralement adhéré à l’islamisme, voir Ismaël. – Torrent des Arabes, voir Saules.