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Femme païenne, de Moab, qui nous rappelle déjà sous l’ancienne économie, qu’en toute nation, celui qui craint Dieu et qui s’adonne à la justice, lui est agréable (Actes 10.35). Veuve d’un Juif qui était venu, pressé par la disette, l’épouser en terre païenne, elle accompagne sa belle-mère lorsque celle-ci se décide à retourner dans son pays, et elle s’établit avec elle à Bethléhem. Sa modestie et sa piété filiale la font remarquer des habitants, et Booz, l’un des proches parents de son mari, l’épouse, conformément à la loi du lévirat ; leur fils compte parmi les ancêtres de David et du Sauveur. On doit croire que Ruth était déjà prosélyte avant d’épouser son premier mari.
L’époque à laquelle s’est passé ce charmant épisode, n’est pas clairement désignée ; ce fut sous les juges (Ruth 1.1), pendant une famine dont la date n’est pas indiquée et dont il n’est pas parlé dans le livre des Juges. Le passage (4.17), en faisant du fils de Ruth le grand-père de David, si aucune génération n’est omise, indiquerait les derniers siècles de la période des juges comme la date probable de cette histoire, que Josèphe place peut-être un peu trop tard, après Samson, sous Éli.
Le Livre de Ruth, écrit par un auteur inconnu, plus tard que David, mais à une époque où l’intérêt pour sa famille, pour son origine et pour son histoire, existait encore pleinement, probablement dans le temps de la belle littérature classique des Hébreux, comble la lacune que présentent les livres historiques relativement aux ancêtres de David le fondateur de la dynastie juive. Il valait certainement la peine d’exhumer ces vieilles origines avec leur antique fraîcheur, et si celui qui les a rédigées n’était pas un prophète dans le sens ordinaire du mot, son œuvre n’en a pas moins été jugée digne de prendre place dans le canon sacré parmi les hagiographes ; en l’insérant entre les Juges et le premier livre de Samuel, les interprètes d’Alexandrie ont eu égard au contenu et à la date plutôt qu’à son auteur. Mais à côté de sa valeur historique, le livre de Ruth a une signification théocratique sans laquelle il ne serait, en définitive, qu’un document quant au fond, une idylle quant à la forme. Le nœud de cette histoire, la pensée du livre se trouve exprimée (1.16), puis plus clairement encore (2.11-12). Ruth a quitté son pays, sa famille et ses dieux pour le Dieu d’Israël, et par cet acte de foi, elle a obtenu ce qu’elle attendait, et plus qu’elle n’attendait ; sa conversion a fait son bonheur ; elle a vu que la piété a des promesses pour la vie présente et pour celle qui est à venir ; elle est devenue la mère des rois de Juda.