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Fils aîné de Jacob et de Léa (Genèse 29.32 ; 38.23 ; 46.8), souilla la couche de son père, et perdit ainsi, avec son droit d’aînesse, toute prééminence en Israël (35.22 ; 49.3-4). Sa conduite à l’égard de Joseph fut plus modérée que celle de ses frères, soit caractère ou affection naturelle, soit qu’il voulût essayer de rentrer en grâce auprès de son père, soit enfin que sa responsabilité, comme aîné, fût plus engagée que celle des autres ; il s’opposa au meurtre, et ne consentit à la descente dans le puits que parce qu’il espérait faire évader Joseph, mais le marché se conclut pendant qu’il s’était un moment éloigné : « L’enfant ne se trouve point, s’écria-t-il alors devant la fosse vide, et moi, moi, où irai-je ? » (Genèse 37.30). Cette cruelle expérience lui apprit peut-être pour la vie, qu’il ne sert de rien, quand on se propose le bien, de proposer un compromis aux méchants, et que toute demi-mesure, que tout accommodement, que toute concession est fatale ; le demi-mal est autant que le mal, et celui qui veut le bien doit le réclamer tout entier. Ruben put cependant rappeler plus tard son infructueuse tentative, et il fut le premier à presser Jacob de laisser Benjamin partir avec eux pour l’Égypte.
Il suffit souvent d’un instant pour briser une carrière, d’une tache pour ternir toute une vie ; Ruben en est un exemple. La tribu dont il fut le père (Exode 6.14 ; Nombres 1.3-20 ; 2.10 ; 7.30 ; 10.18), forte de 46500 hommes lors du dénombrement de Sinaï (Nombres 1.20), ne comptait plus que 43730 hommes à l’époque de l’entrée en Canaan (Nombres 26.7). Elle n’ambitionna pas même l’honneur d’avoir son lot dans la terre promise, et se choisit sur les confins des Moabites et des Arabes nomades, sans aucun contact avec les tribus occidentales, une contrée de peu d’étendue, les plaines septentrionales des districts de l’Arnon, ce fleuve la bornant au sud, et la tribu de Gad au nord (Nombres 32.1 ; 34.14 ; Josué 1 et 18 ; Deutéronome 3.12-16). Ces limites n’étaient cependant pas toujours bien rigoureusement fixées, et l’on voit les villes d’Hesbon et de Dibon attribuées successivement à l’une et à l’autre tribu (Josué 13.17-26 ; 21.39). Ruben fut toujours une tribu médiocre, un peuple de bergers, qui ne produisit aucun homme célèbre, et qui ne paraît pas, dans son isolement, avoir exercé jamais une grande influence ; on le vit même se refuser à prendre part à une guerre nationale, et sa prudente lâcheté fut chantée par Debora (Juges 5.15-16). Ainsi s’est accomplie la prophétie de Jacob (Genèse 49.3-4), et Moïse, dans ses bénédictions, ne dit de Ruben que ce peu de mots : « Que Ruben vive, et qu’il ne meure point ; que ses hommes soient un nombre », c’est-à-dire que l’on puisse compter, peu considérable (Deutéronome 33.6). Lors de la séparation des deux royaumes, Ruben, fidèle à la majorité, passa au royaume d’Israël ; il vit, sous Jéhu. son beau territoire ravagé par les Syriens (2 Rois 10.33), et, plus tard, lors de la destruction de Samarie et de la déportation de ses principaux habitants, ses beaux pâturages devinrent la proie des Moabites. On trouve maintenant encore quelques ruines assez importantes des anciennes villes de cette tribu.