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(Genèse 24-27)
Fille du nomade araméen Béthuel. Abraham la fit demander, par son serviteur, le plus ancien de sa maison, en mariage pour son fils Isaac ; elle lui fut accordée avec empressement par cette famille, dont tous les membres paraissent avoir eu une tendance plus ou moins prononcée à la cupidité. Après vingt ans d’une union stérile, pendant laquelle, à Guérar, elle avait couru le même danger que Sara, elle donna le jour à de jumeaux, Jacob et Ésaü. Elle avait déjà pressenti leurs discordes futures ; par ses prières (car on ne peut entendre autrement les dernières paroles de 25.22), elle avait consulté l’Éternel, qui lui avait annoncé que des intérêts contraires diviseraient les enfants qu’elle portait dans son sein, et que le premier-né serait assujetti au plus jeune.
Soit inintelligence de ses devoirs de mère, soit affection naturelle d’une mère pour celui de ses enfants qui lui ressemble le plus, soit sympathie pour celui qui se présentait le plus jeune, le plus faible, le plus féminin, soit caprice, soit désir de se concilier d’avance les bonnes grâces de celui dont elle savait bien qu’il finirait par triompher, soit esprit de foi, et confiance en Dieu qui lui avait fait les promesses, et, dans tous les cas, il y a eu de la foi dans sa conduite, sans qu’il soit facile de dire en quelle proportion sa foi se combina avec ces autres éléments terrestres, elle témoigna, dès l’abord, pour Jacob, une préférence coupable et imprudente qui, à elle seule, eût suffi pour diviser la famille, et qui fut pour tous la source de longues épreuves.
Forte des promesses divines qui semblaient annoncer que le droit d’aînesse serait transmis à Jacob, la faible créature voulut seconder les desseins du souverain, et, par une suite d’intrigues dont le plat de lentilles fut peut-être le premier anneau, et le faux gibier le dernier, de tromperie en tromperie, elle finit par soutirer à Isaac la bénédiction de son cher Jacob. Elle n’avait rien obtenu qu’elle ne dût obtenir ; mais elle avait péché pour l’obtenir, et elle fut punie par où elle avait péché. La juste colère d’Ésaü menaçait la vie de Jacob ; Rebecca dut se séparer du fils qu’elle aimait tant ; elle cache son véritable motif derrière une nouvelle accusation qu’elle dirige contre Ésaü ; Isaac éloigne Jacob, et Rebecca ne revoit plus ce fils pour lequel elle s’était rendue si coupable. Lorsqu’au bout de vingt ans Jacob revint de Mésopotamie, Rebecca n’existait plus ; elle reposait dans la caverne de Macpéla (49.31).
Aimable et complaisante dans ses premiers jours, comme le sont d’ordinaire les jeunes ambitieux, Rebecca, en séchant avec l’âge, avait perdu cette grâce qui cache ou fait pardonner l’esprit d’intrigue ; on n’aime en elle ni l’épouse, ni la mère, ni la femme, car on n’aime pas les fourberies méditées pendant des années, et, si la ruse qui fit donner à Jacob la bénédiction paternelle fut ourdie en un instant, elle se rattachait cependant à tout un ensemble de projets et d’espérances qu’elle croyait ne pouvoir réaliser que par de mauvais moyens, oubliant que l’Éternel règne. Paul, en paraissant légitimer sa conduite (Romains 9.10), ne parle que du résultat qui était conforme à la volonté de Dieu, mais non de ces stratagèmes que la conscience humaine réprouve, que les lois divines condamnent, et que Dieu n’a pas tardé à punir de la manière la plus cruelle pour le cœur d’une mère. Dieu qui dicta à Jacob les bénédictions qu’il avait à prononcer sur la tête de ses petits-fils, aurait su dicter aussi à Isaac ses volontés ; Rebecca a voulu prendre sa place, mais elle a eu le temps de s’en repentir. Meyer a exagéré ce qu’il y a eu de foi chez Rebecca ; d’autres ont essayé de lui ôter tout caractère de foi, et ils n’ont pas moins exagéré ; Rebecca savait ce que c’est que consulter l’Éternel. Elle devait être âgée de cent vingt ans au moins au départ de Jacob, qui en avait alors soixante-dix-sept. (Isaac en avait alors cent trente-sept).