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Femme chez laquelle les envoyés de Josué entrèrent à Jéricho, et dans la maison de laquelle ils trouvèrent un asile assuré contre les poursuites des gouverneurs de la ville (Josué 2.1 ; 6.17). Elle reçut en échange de son hospitalité sa grâce et celle de sa famille, lorsque les Israélites se furent rendus maîtres de Jéricho ; un fil écarlate, probablement une pièce d’étoffe de cette couleur pendue à sa fenêtre, servit à désigner aux vainqueurs la maison qu’ils devaient épargner, comme dans la dernière nuit de la captivité égyptienne, les poteaux des portes, teints de sang, arrêtèrent le bras de l’ange exterminateur qui se promenait sur le pays. Elle avait cru au Dieu d’Israël et fut reçue comme prosélyte par la nation sainte, qui l’adopta ; elle épousa Salmon, et donna le jour à Booz (Ruth 4.21 ; Matthieu 1.5).
Le livre de Josué la désigne comme une femme de mauvaise vie. Le Nouveau Testament (Hébreux 11.31 ; Jacques 2.25), tout en paraissant lui conserver le même titre, rend hommage à sa foi et à ses œuvres. Répugnant à l’idée de compter une débauchée parmi les ancêtres de David et du Sauveur, les Juifs et les chrétiens ont essayé de donner au mot grec et au mot hébreu, qui tous les deux désignent une courtisane, mais qui, étymologiquement, peuvent aussi signifier une hôtelière, cette dernière signification. C’est ce qu’ont fait en particulier les Targums et Chrysostome. Mais il n’y avait pas d’auberges proprement dites dans les anciens temps, comme dans l’Orient moderne on n’en rencontre pas partout non plus. Il faut remarquer ensuite que Rahab était établie, qu’elle avait sa maison à elle, et que, dans l’énumération de ses parents, elle ne fait cependant mention ni de mari, ni d’enfants ; or, soit qu’elle ait été hôtelière, ou qu’elle ne l’ait pas été, l’établissement d’une fille indépendante de ses parents est significatif, surtout si l’on tient compte de la sévérité des mœurs orientales à l’égard des femmes honnêtes et de la facilité avec laquelle la liberté des mœurs était interprétée en mauvaise part.
L’usage de la langue est positif, et l’on ne voit nulle part, quoi qu’il en soit de l’étymologie, les mots qui désignent Rahab désigner autre chose qu’une femme perdue, mais il faut se rappeler aussi que les malheureuses qui avaient une fois mérité ce nom, le conservaient alors même qu’elles ne vivaient plus dans la pratique du mal (cf. Matthieu 21.31-32). Rahab doit donc être considérée comme une femme qui a exercé le métier de prostituée, mais qui, touchée par la grâce de Dieu, frappée à l’ouïe des miracles que le Dieu d’Israël avait faits en faveur de son peuple, a renoncé à sa mauvaise conduite et à son idolâtre incrédulité. En recevant les espions, en les favorisant contre son propre peuple, en demandant miséricorde pour elle et pour sa famille, au lieu d’arrêter les projets d’Israël dès leur premier essai d’accomplissement, et de trahir ceux qui cherchaient la ruine de Jéricho, elle a montré sa foi par ses œuvres ; elle a reconnu que l’on ne pouvait rien contre Dieu, mais tout pour Dieu. Le langage des apôtres nous montre dans la conduite de Rahab une conversion du mal au bien, et en joignant son nom à celui d’Abraham, celui de la courtisane à côté de celui du père des croyants, ils ont voulu faire ressortir que devant Dieu, ni la circoncision, ni l’incirconcision n’ont aucune efficace, mais la foi agissant par la charité.