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Nom commun de tous les rois de l’ancienne Égypte, comme Ptolémée fut plus tard le nom des rois égyptiens d’origine grecque macédonienne. Quelquefois, mais rarement, un nom personnel est joint à celui de la royauté, comme pour Pharaon Neco, Hophra, Tirhaca, etc. Le nom de Pharaon signifie roi, ainsi que l’établit déjà Josèphe, puis Jablonsky, d’après le copte ouro, et avec l’article Peouro ou Ph’ouro ; on ne le trouve qu’accidentellement dans les historiens grecs. En revanche, il est presque la seule désignation des rois d’Égypte dans l’Histoire sainte ; onze personnages de ce nom apparaissent à différentes époques de la vie du peuple juif ; l’incertitude de la chronologie amenant de l’incertitude dans les synchronismes, il n’est pas toujours facile de déterminer quels sont, dans l’Histoire profane, les pharaons nommés dans l’Écriture.
1°. Pharaon, contemporain d’Abraham (Genèse 12.15). Il fit enlever l’épouse du patriarche que celui-ci donnait pour sa sœur, mais divinement averti de son erreur, il ne tarda pas à la lui renvoyer. C’est presque la même histoire que nous avons vue chez Abimélec, roi des Philistins, et si un troisième enlèvement de ce genre a lieu encore aux jours d’Isaac, la fréquence de ces faits, loin d’en diminuer la vraisemblance, nous montre combien ils étaient conformes aux mœurs d’alors. On voit aussi par ces rapports entre les Égyptiens et la famille d’Abraham, que cette horreur des premiers pour la vie pastorale et nomade n’existait pas encore, et l’histoire nous montre, en effet, qu’elle n’a commencé que sous la 17e dynastie, sous celle des rois pasteurs, conquérants étrangers dont la vie et les mœurs devaient, par une sorte de préjugé naturel, devenir un objet de haine et de mépris pour leurs nouveaux sujets ; comme cette aversion paraît déjà aux temps de Joseph, il ne faut pas remonter bien haut en arrière pour trouver le Pharaon d’Abraham, et l’on suppose avec bien de la probabilité, qu’il appartenait à la 168 dynastie, l’une de celles des rois thébains (2272 av. J.-C.), celle qui précéda immédiatement la conquête de l’Égypte par les rois pasteurs. Les découvertes modernes ne nous conduisent pas aussi haut dans l’histoire de l’ancienne Égypte, et ses monuments gigantesques et mystérieux maintenant expliqués, ne nous font remonter qu’aux règnes de la 17e dynastie. D’après la chronologie vulgaire que nous suivons ordinairement, Abraham aurait été contemporain du cinquième et du sixième roi de la dynastie des rois pasteurs (la 17e), mais on ne s’expliquerait plus bien leurs rapports réciproques ; et le caractère même d’un Pharaon conquérant serait étrange, tel du moins qu’il se peint dans sa conduite avec Abraham.
2°. Pharaon, contemporain de Joseph (Genèse 37, 39, et 40). Il fait mettre en prison Joseph ; puis, plus tard, deux de ses serviteurs, son échanson et son panetier, pour des crimes qui nous sont inconnus. Sa sévérité, puis sa grâce pour l’un des captifs, et la peine de mort qu’il prononce contre l’autre, ne furent peut-être que des caprices, des suites d’intrigues, quelques changements dans la faveur toujours mobile des cours de l’Orient et de l’antiquité. Deux songes qui le troublent amènent la grâce et l’élévation de Joseph, qu’il fait son premier ministre, et qu’il autorise à appeler auprès de lui, en Égypte, toute sa famille ; il leur assigne pour demeure le district de Goshen, pour ménager la susceptibilité des Égyptiens, peut-être aussi pour mettre la famille de Jacob à l’abri des conflits continuels qui devaient avoir lieu entre la nouvelle dynastie et l’ancienne, mécontente, et ambitieuse de reprendre sa place. Deux opinions sont en présence ; la chronologie vulgaire fait Joseph contemporain de la 18e dynastie ; la chronologie de Champollion le fait vivre au commencement de la 17e de celle des rois pasteurs. Indépendamment des considérations chronologiques, la première opinion s’appuie sur ce que dit Joseph à ses frères, que les Égyptiens ont en horreur les bergers, et elle attribue cet avertissement à la haine profonde que le souvenir de la domination étrangère avait laissée dans le cœur des Égyptiens. Mais les paroles de Joseph doivent s’entendre des nomades, et non des bergers, ce qui serait ridicule, puisque les Égyptiens eux-mêmes étaient bergers, possesseurs de troupeaux. Joseph veut dire à ses frères : « Ne vivez pas en nomades, mais fixez-vous quelque part », et il choisit pour lieu de leur résidence la terre de Goshen, remplissant ainsi le double but de les soustraire à la haine des Égyptiens, et de les éloigner du théâtre probable de guerres intestines. La chronologie nouvelle s’appuie sur des raisons intérieures qui ne sont pas sans force ; il est évident que l’administration de l’Égypte pendant la famine, n’avait rien de national, et qu’elle ressemblait plutôt à une exploitation qu’à un gouvernement. Il n’y avait qu’un étranger qui pût, en échange de la vie, demander à ses sujets leur or, leur argent, leur bétail, puis leurs terres, et enfin leur liberté. Une vente aussi impitoyable ne pouvait être le fait que d’un avide conquérant, sans rapports d’origine avec ses administrés ; d’ailleurs il faut ajouter qu’un roi légitime, et véritablement égyptien, n’eût pu acheter la liberté de ses sujets, puisque ceux-ci, en leur qualité de sujets, eussent été déjà ses esclaves. Quelques détails encore trahissent un monarque étranger ; cette ombrageuse concentration des Égyptiens dans les villes, mesure peut-être moins générale que le texte ne paraît l’indiquer, et restreinte à certaines familles, à certains individus suspects, espèce d’arrêts domestiques destinés à prévenir des complots, isolement forcé sous la surveillance de la haute police, déplacement des intelligences et des influences (Genèse 47.21) ; ces complaisances affectées et intéressées pour la caste sacerdotale (41.45 ; 47.22-26) ; ces relations suivies et fréquentes, malgré le malheur des temps, des Pharaons avec Canaan, leur première patrie, celle des Hycsos et des rois pasteurs (Genèse 47.14-15). La 18e dynastie, Pharaons égyptiens rétablis sur les ruines des étrangers, n’eut pas mis à la tête de l’État un Joseph étranger, et, jalouse à l’excès de sa nationalité, elle l’eût conservée en acceptant les conseils, peut-être aussi les services, mais non la personne d’un prisonnier venu de Canaan. C’est ce Pharaon dont le nom se retrouve en Actes 7.10-13.
3°. Pharaon (1 Chroniques 4.18), n’est connu que pour avoir donné sa fille en mariage à Méred, descendant de Juda ; mais cette date même est inconnue. Toutefois cette alliance prouve que les Hébreux n’étaient pas encore esclaves sur la terre égyptienne, et ce Pharaon a dû être l’un des premiers successeurs du précédent, par conséquent un roi pasteur ; c’est probablement lui aussi qui protégea les travaux de Er et de Jokim (1 Chroniques 4.21-23).
4°. Pharaon, l’un des trois ou quatre rois contemporains de Moïse. On ne peut dire si le « nouveau roi » (Exode 1.8), qui se signala par une oppression si impolitique des Hébreux, et qui en donna l’exemple, est le même que celui qui donna l’ordre plus barbare encore de faire périr leurs enfants mâles (Exode 1.16-22), et qui, sans le savoir, servit de père adoptif à l’un d’entre eux, à Moïse, qu’il élevait à sa cour, et qui devait affranchir ses frères captifs. Si ce sont deux personnages distincts, le premier est inconnu ; le second serait, d’après la chronologie nouvelle, Thoutmosis II, cinquième roi de la 18e dynastie, qui est monté sur le trône l’an 1736 av. J.-C. Son nom se retrouve en Actes 7.18 ; Hébreux 11.23.
5°. Pharaon, deuxième contemporain de Moïse, celui sous le règne duquel le futur législateur du peuple juif essaya, pour la première fois, de se faire reconnaître comme tel à ses frères, en tuant un Égyptien (Exode 2.23 ; 4.19 ; Actes 7.23). On pense que c’est Aménophis II, huitième roi de la 18e dynastie (1687 av. J.-C.). Les paroles : « Tous les hommes qui cherchaient ta vie sont morts » (Exode 4.19), se rapportent aux parents de l’Égyptien tué par Moïse, et non à Aménophis, car celui-ci était mort depuis bien des années, au moins dix ans, et s’il ne se fût agi que de lui, Dieu eût pu, longtemps auparavant déjà, faire savoir à Moïse qu’il pouvait quitter Madian pour l’Égypte.
6°. Pharaon, troisième contemporain de Moïse (Exode 3.10 ; 4.21 ; 5.1), régnait depuis plusieurs années, quand le cri de la liberté vint retentir au sein du peuple juif, dont il avait rendu plus dure encore la captivité. Sommé par les deux frères hébreux, mais appuyé de Jannès et de Jambrès, il voit successivement dix fléaux ravager son pays, et ne cède enfin que lorsqu’il se voit frappé lui-même dans la personne de son fils aîné ; mais il ne cède qu’à la force, et, quand sa douleur commence à se calmer, sa politique reprend le dessus, il se lève avec son armée, et vient périr avec elle dans les flots de la mer Rouge, en essayant de poursuivre les esclaves que Dieu affranchissait (Exode 14.3). Ce Pharaon serait, d’après les calculs modernes, Hor ou Horus, neuvième roi de la 18e dynastie ; il a commencé à régner en 1657 av. J.-C. Son nom se retrouve fréquemment (Exode 15.4 ; 18.10 ; Deutéronome 6.21 ; 7.8 ; 11.3 ; 29.2 ; 34.11 ; Psaumes 135.9 ; 136.15 ; 2 Rois 17.7 ; Néhémie 9.10 ; Hébreux 11.27). Sa vie a été, en quelque sorte, une lutte continuelle contre Dieu ; mais lui-même n’y a voulu voir qu’une lutte entre ses magiciens et ceux des Hébreux. Il s’est endurci, et Dieu a ôté les roues de ses chariots dans la mer. Quelques auteurs doutent qu’il soit mort avec son peuple, et ils s’appuient sur ce que ce n’est pas dit expressément dans le texte, et sur le silence postérieur des historiens sacrés sur un si grand événement ; mais cette mort résulte de la simple lecture du texte, faite sans préoccupation chronologique.
7°. Pharaon, contemporain de David (1 Rois 11.18ss). Il accorda sa protection, et donna sa belle-sœur en mariage à Hadad, roi d’Idumée, dépossédé par les Hébreux. Cette protection était un acte d’hostilité contre David ; elle dura pendant toute la vie de ce prince, et prouve combien les Pharaons étaient puissants, puisqu’ils ne craignaient pas de braver le monarque Israélite aux jours de sa plus grande prospérité. Ce Pharaon a été l’un des rois de la 21e dynastie, celle des Tanites, qui a duré de 1101 à 971 av. J.-C. On présume qu’il doit être distingué du suivant, et que plusieurs rois tanites se succédèrent avant celui qui fit alliance avec Salomon. Hadad était fort jeune quand il s’enfuit en Égypte, et il avait un fils élevé parmi les fils du roi, lors de la mort de David.
8°. Pharaon, contemporain de Salomon (1 Rois 3.1 ; 7.8 ; 11.1 ; Cantique 1.9 ; 2 Chroniques 8.11 ; 1001 ou 1013 av. J.-C.). Il fit alliance avec Salomon, lui donna sa fille en mariage, et donna à celle-ci, pour dot, la ville de Guézer, que ses troupes avaient prise sur les Philistins, et qu’elles avaient incendiée peut-être par vengeance. Dernier roi de la dynastie des Tanites, il fut détrôné, et peut-être tué par Shishak ; c’est à lui qu’on pense que Salomon fait allusion (Ecclésiaste 4.14).
9°. Pharaon, voir Tirhaka.
10°. Voir Neco.
11°. Voir Ophra.