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Dans les anciens temps, l’occupation de faire le pain était presque exclusivement réservée aux femmes (Genèse 18.6 ; Lévitique 26.26 ; 1 Samuel 8.13 ; 28.24 ; 2 Samuel 13.8 ; Matthieu 13.33 ; cf. Jérémie 7.18 ; 44.19). Plus tard cependant l’on voit des hommes se livrer à ce travail spécial sous le nom de fourniers ou boulangers (Osée 7.4-6), et l’on trouve même à Jérusalem une place ou rue dite des boulangers (Jérémie 37.21). La pâte, de froment, d’orge, ou d’épeautre, était préparée, aigrie et pétrie dans des huches (maies) de bois ; chaque maison qui faisait son pain possédait la sienne (Exode 8.3). Lorsqu’on était pressé, l’on ne mettait point de levain dans la pâte (Genèse 19.3 ; Exode 12.34-39 ; Juges 6.19 ; 1 Samuel 28.24). On faisait les pains tantôt longs, tantôt plus ou moins ronds, de la grandeur d’une assiette et de l’épaisseur d’un pouce à peu près ; leur peu d’épaisseur faisait que pour les manger, au lieu de les couper comme chez nous, on se bornait à les rompre (Ésaïe 58.7 ; Jérémie 16.7 ; Matthieu 14.19 ; 26.26 ; Luc 9.16 ; Actes 20.11 ; 1 Corinthiens 10.16). Les fours à cuire le pain, dont on trouve plusieurs qui sont publics dans les villes orientales, ne différaient pas essentiellement des nôtres. Il faut mentionner cependant des fours portatifs, des cruches de pierre de 1 m de hauteur, ouvertes par en haut, dans lesquelles on faisait le feu avec du bois ou de la fiente séchée (Ésaïe 44.15 ; Ézéchiel 4.12), et dans lesquelles ou sur lesquelles on faisait ensuite cuire le pain ou les gâteaux, après les avoir fermées pour empêcher la chaleur de se perdre trop rapidement. D’autres fois on faisait simplement rougir des cailloux dans une petite fosse d’un demi-pied de profondeur, puis lorsque la fosse avait été suffisamment chauffée, on en retirait les cailloux, on y déposait la pâte, et l’on recouvrait le trou ; on se servait aussi du même procédé à l’égard des cruches que l’on chauffait avec des cailloux rougis au feu, c’est peut-être de ce procédé qu’il est parlé en 1 Rois 19.6.Enfin l’on cuisait encore le pain sous des cendres chaudes (Genèse 18.6 ; 1 Rois 17.13 ; etc.).
Dans le langage de l’Écriture le pain désigne toute sorte de nourriture, la nourriture en général (Genèse 3.19 ; 18.5 ; 28.20 ; Exode 2.20 ; Deutéronome 9.9-18 ; cf. Psaumes 42.3 ; 80.5 ; 127.2 ; Proverbes 4.17 ; 20.17 ; 22.9 ; etc., Matthieu 6.11). La manne est appelée le pain du ciel (Exode 16.4), de même que Jésus-Christ (Jean 6.31ss). On peut voir à l’article Levain ce que nous avons dit des pains sans levain.
Pains de proposition, proprement pains de la face (de l’Éternel), appelés aussi pains d’exposition, ou encore pain continuel (Nombres 4.7). C’étaient douze pains, selon le nombre des tribus d’Israël, ou douze gâteaux faits de fine farine et sans levain, qui étaient placés dans le lieu saint du temple, en deux rangées, sur une table d’or mobile, comme symbole de la nourriture ordinaire et quotidienne de l’Éternel. La forme et l’usage de ces pains sont indiqués (Lévitique 24.5-9) ; ils étaient probablement salés, et peut-être poudrés d’encens pur (v. 7), à moins qu’on n’entende ce verset comme Josèphe, qui dit que l’encens était placé dans des vases au-dessus des deux rangées (voir Exode 25.30 ; 35.13 ; 39.36 ; Hébreux 9.2). On les changeait tous les sabbats. Du moment où ils avaient été enlevés, ils appartenaient aux sacrificateurs qui seuls avaient le droit de les manger, mais dans le lieu saint seulement (Exode 29.32 ; Lévitique 24.8-9). David nous fournit une exception à cette règle, justifiée par des circonstances exceptionnelles (1 Samuel 21.6 ; cf. Matthieu 12.4 ; Luc 6.4ss). L’encens était allumé au feu sacré de l’autel des holocaustes (Lévitique 24.7). Quelques prêtres de la famille des Kéhathites étaient spécialement chargés du soin d’apprêter ces pains (1 Chroniques 9.32), et un Targum ajoute que l’art de les préparer était devenu un secret de famille chez ceux qui en avaient la charge. Dans le second temple, la grandeur de ces pains fut fixée, la longueur à 10 largeurs de mains, la largeur à 5, et l’épaisseur à 7 pouces ; ces mesures sont prises dans la Mishna Menach (11.4). On peut remarquer que c’était chez plusieurs des anciens peuples un usage d’offrir à leurs dieux de la nourriture (lectisternia) (Ésaïe 65.11). Ce pouvait être le symbole de la reconnaissance, comme aussi un acte d’anthropomorphisme ; dans le premier cas, l’idée était bonne, mais combien elle était rare ! combien aussi les prêtres en ont abusé souvent pour s’engraisser aux dépens du pauvre !
La table des pains de proposition était de bois de Sittim, couverte et ornée d’or pur (Exode 37.10) : sa longueur était de deux coudées (1 m), sa largeur d’une (0, 30 m), et sa hauteur d’une et demie (0, 75 m) ; elle reposait sur quatre pieds et avait une bordure d’or tout à l’entour : au-dessous des quatre coins, étaient les anneaux au moyen desquels on la portait. Josèphe en donne une description assez détaillée, Antiquités judaïques 3.6-6.
Salomon en fit faire dix d’or massif, comme il paraît résulter de 2 Chroniques 4.8 (cf. 1 Chroniques 28.16 ; 1 Rois 7.48). Cependant Winer croit qu’il continua de n’y en avoir qu’une (cf. 2 Chroniques 29.18), et il est vrai que dans le passage le plus important de ceux qui précèdent (2 Chroniques 4.8), il n’est parlé que de dix tables sans indication de l’usage auquel elles pouvaient être destinées.
Antiochus Epiphanes enleva avec les autres ustensiles sacrés, la table des pains du second temple (1 Maccabées 1.23), et lors de la restauration du temple on dut en faire une nouvelle (4.49) ; une tradition, mais quelque peu apocryphe, porte que la table enlevée par Antiochus avait été donnée au temple de Jérusalem par Ptolémée Philadelphe, et Josèphe la dépeint comme ayant été très riche et magnifiquement travaillée.
Enfin la table qui fut enlevée par Titus au temple des Hérodes était d’or et du poids de plusieurs talents, dit Josèphe, mais il n’ajoute pas d’autres détails. Elle est représentée sur l’arc de Titus dont l’exécution appartient aux jours de Domitien ; elle est haute de 0, 3 à 0, 45 m ; ses quatre pieds se terminent en pieds d’animaux ; elle est entourée d’une bordure ciselée, mais qui ne s’élève pas au-dessus du tablier.
Philon, Clément d’Alexandrie, la plupart des pères, et la plupart des théologiens modernes ont examiné la signification symbolique des prescriptions relatives à cette table, et des parties dont elle était composée.
Disons encore pour en finir sur ce sujet, qu’il est difficile de déterminer la nature des vases d’or destinés au service de cette table (Exode 23.29). Quatre mots sont encore employés pour les désigner ; on croit que les deux premiers se rapportaient à des vases, coupes, ou plats dans lesquels on mettait des objets solides, tandis que les deux derniers désignaient des vases plus profonds destinés à contenir des liquides, du vin ou de l’huile odoriférante ; l’arc de Titus les représente par deux urnes. En spécifiant davantage, on croit que sur les premiers de ces ustensiles on plaçait les pains, dans les seconds, l’encens, dans les troisièmes, le vin qui accompagne tout festin, et que le quatrième terme désigne les coupes ou gobelets destinés à recevoir le vin versé des urnes plus grandes.