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Chez les Orientaux et, en particulier, chez les Hébreux, tous les noms avaient, en règle générale, une signification appellative plus ou moins claire et simple, comme cela se voit encore assez souvent chez les peuples modernes, et, en français, dans des noms tels que Dumoulin, Deschamps, Leroy, Hardy, Agricol, Legendre, etc. C’étaient ordinairement les mères qui donnaient le nom aux enfants, et ce nom rappelait, soit les circonstances qui avaient précédé ou accompagné leur naissance, soit des préoccupations, des craintes ou des désirs, des souvenirs ou des vœux ; ils faisaient ainsi connaître, tantôt un détail de l’histoire de l’enfant, tantôt les pressentiments de la mère ; on peut voir ce que dit l’Écriture au sujet des noms d’Ève, de Caïn, d’Abel, de Noé, etc., (Genèse 3.20 ; 4.1 ; 5.29 ; 29.32 ; etc.). Tous les noms hébreux commençant ou finissant par El, Éli, Jo, Jéh, tels que Elkana, Samuel, Éliakim, Josias, Joakhaz, etc., ont une signification dont Dieu est le sujet ou l’objet (cf. Genèse 29.35 ; 1 Samuel 1.20 ; 4.21 ; Ésaïe 7.14 ; Matthieu 1.23) ; de même les noms araméens, assyriens ou phéniciens, dans lesquels se rencontrent les syllabes Bel, Baal, Nébo et Nebu, ont trait aux faux dieux de ces nations.
En français, nous avons les noms de Louis de Dieu, de Dieudonné, d’Espérandieu, qui rappellent l’antique usage des Hébreux ; en allemand aussi Gottlieb, Ehregott, etc. D’autres noms, tels que Rachel, Thamar, Ketsia, donnés plus généralement à des femmes, rappellent des idées aimables et gracieuses ; ce sont parfois des noms de fleurs ou de jolis animaux, rose, biche, etc. Plus tard, lorsqu’on eut suffisamment usé du droit d’inventer, on se mit à donner aux enfants des noms déjà existants, que l’on choisit tantôt par goût, tantôt parmi ceux des parents les plus rapprochés ou les plus considérés. Le nom du père passait ordinairement à son fils aîné (Luc 1.61) ; parfois aussi la préfixe bar, qui signifie fils, s’ajoutait simplement au nom d’un homme pour désigner son fils, ainsi Barthélemi, Bartimée, Barjona, peut-être Barrabas ; les exemples de ce dernier mode appartiennent surtout aux derniers temps de la nation juive et à la domination romaine.
Les Juifs postérieurs abrégèrent souvent les anciens noms : ainsi Jéshua pour Joshua, Lazare pour Éléazar ; ils admirent des noms araméens, tels que Marthe, Caïphe, Tabitha. Sous les Séleucides, les Juifs prirent des noms grecs, ou traduisirent en grec leurs noms hébreux : Lysimaque, Antipatros, Bérénice, Hérode, se trouvent, soit dans les Maccabées, soit dans Josèphe ; Dosithée est la traduction de Sabdiel ; Nicolas, de Balaam ; Ménélas de Jonia ; d’autres noms hébreux, enfin, furent grécisés dans leur forme, et Alkimos n’est autre que Éliakim. Ce qui n’était peut-être d’abord qu’une manie ou une obligation passa bientôt dans les mœurs ; on prit des noms grecs par goût, on y joignit même des noms latins, tels que Justus. Avec le temps, et par suite de ce mélange des deux langues, il se trouva des hommes qui portaient deux noms : Jean Marc, Jésus Juste (Colossiens 4.11) : si ces cas n’étaient pas très rares, on les a cependant trop généralisés en voulant y trouver la solution d’un grand nombre de difficultés historiques ou généalogiques des livres saints.
Un homme pouvait porter, à côté de son nom, celui de son père avec l’affixe Bar, comme Joseph Barrabas, ou bien tel nom ou surnom de circonstance, Simon Céphas ou Pierre, Joses Barnabas, Simon Cananite, Simon de Cyrène, ou bien encore pour distinguer plusieurs personnes de même nom, un nom du lieu d’origine, Marie Magdelaine, Judas Iscariote, etc. C’était, comme nous l’avons dit, la mère ou, en général, les plus proches parents qui donnaient le nom à l’enfant (Genèse 29.32 ; 35.18 ; 1 Samuel 1.20 ; 4.21) ; des voisins amis, espèces de parrains, y contribuaient quelquefois comme chez nous (Ruth 4.17 ; Luc 1.39).
Il arrivait aussi que le nom d’une personne était changé dans le cours de sa vie, par suite d’une destination divine nouvelle, d’une promesse, ou d’un changement de dispositions, soit que le nouveau nom remplaçât entièrement l’ancien, soit qu’il en prît la place petit à petit, et que le surnom finît par éclipser le nom véritable, Abraham pour Abram, Israël pour Jacob, Josué pour Osée, Pierre pour Simon, Barnabas pour Joses, etc. Le nom des rois changeait souvent à leur avènement (2 Rois 23.34 ; 24.17), exemple que les princes papes ont imité ; il en était de même de personnes subalternes dans des moments importants de leur vie (Nombres 13.17 ; cf. Jean 1.42 ; Actes 4.36), comme les moines, à leur entrée dans le cloître, prennent, pour ensevelir leur passé, un nom nouveau, qui est censé en faire des hommes nouveaux. Nathan donne à son royal élève le nom de Jedidia (2 Samuel 12.25). Éliakim fut nommé Jehoïakim par Pharaon Neco qui, par ce changement, voulut rendre sensible la dépendance du roi de Juda (2 Rois 23.34).
Le surnom de Boanergès, que Jésus donna à Jean et à Jacques (Marc 3.17), ne paraît pas leur être resté ; il n’avait trait qu’à une circonstance bientôt effacée, et ne portait qu’un jugement momentané sur un caractère parfois trop fougueux. Les exemples cités en Genèse 41.45 ; Daniel 1.7 ; 5.12, sont des changements de noms nécessités non seulement par un changement de carrière, mais encore et surtout parce que ces hommes, Joseph et Daniel, appelés à remplir de hautes fonctions dans une cour étrangère, ne pouvaient pas continuer d’y porter leurs noms hébreux, voir encore l’article Paul, et d’autres.