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No
Dictionnaire Biblique Bost
Calmet

(Ézéchiel 30.14-16 ; Jérémie 46.25 ; Nahum 3.8)

Les Septante l’ont presque partout traduit par Diospolis. C’était, comme on le voit par ces passages, une ville considérable de l’Égypte ; mais il y avait en Égypte deux villes de ce nom : l’une, la célèbre Thèbes, située dans la partie supérieure du pays ; l’autre dans la Basse Égypte. Strabon dit de cette dernière qu’elle est entourée de lacs ; c’est d’elle aussi que quelques auteurs, et notamment Champollion ont cru qu’il était question (Nahum 3.8), parce qu’il est dit d’elle qu’elle est située entre les fleuves, et qu’elle a la mer pour rempart. Cependant cette détermination peut s’appliquer à l’une comme à l’autre de ces villes, comme à presque toutes celles de l’Égypte, à cause des canaux nombreux qui, coupant le sol dans toutes les directions, isolaient, pour ainsi dire, chaque ville, et lui donnaient des eaux pour murailles. D’ailleurs, le sort de cette ville est cité à Ninive comme exemple ; Ninive et No sont comparées l’une à l’autre, et No doit, par cela même, avoir été en mesure de supporter la comparaison.

On est donc assez généralement d’accord, ou, pour mieux dire, il est reconnu presque sans contestation, qu’il s’agit, dans tous ces passages, de la grande Thèbes des anciens. Dans Nahum, No est accompagné du surnom de Amon ou Ammori (mal traduit la nourricière), qui lui avait été donné sans doute à cause du magnifique temple de Jupiter Ammon qu’elle possédait, et c’est peut-être aussi comme allusion à ce culte que, dans Ézéchiel, elle est précédée d’un mot d’une assonance à peu près semblable, hamon, qui signifie multitude, et qui pouvait rappeler l’idolâtrie de ses habitants. Le passage de Jérémie doit être traduit : « Je vais punir Ammon, dieu de No », et non comme le portent nos versions. Amon était la personnification du soleil quand il se trouve dans le signe du bélier, et Amoun, dans la langue de l’ancienne Égypte, désignait celui qui produit, celui qui fait sortir la lumière des ténèbres. No signifie la possession ou la propriété, la portion, la résidence. No-Amon était ainsi la possession d’Amon, la ville du dieu des sables, de Jupiter, dont le symbole était le bélier.

Thèbes était l’une des plus anciennes, et peut-être la plus ancienne des villes de l’Égypte. Fameuse dans la plus haute antiquité, elle avait reçu le nom de ville aux cent portes ; son circuit était de 43 km. Elle était la résidence des anciens rois d’Égypte, avant qu’ils eussent transporté leur cour à Memphis. Elle couvrait les deux rives du Nil ; ses maisons avaient de quatre à six étages ; elle était ornée de temples nombreux, parmi lesquels on remarquait surtout celui de Jupiter, dont on admire encore les ruines colossales. On a dit que son étonnante population et ses richesses la mettaient en état de faire sortir ensemble 200 charriots et 10000 combattants par chacune de ses cent portes. Les tombeaux des rois étaient magnifiques, et se ressentaient souvent de la culture scientifique et des connaissances astronomiques d’une caste sacerdotale éclairée.

Lorsque Cambyse, à son retour d’Éthiopie, pilla la ville de Thèbes, il enleva le fameux cercle d’or qui entourait le tombeau du roi Osymandias ; ce cercle avait 164 m de circuit, et représentait tous les mouvements des différentes constellations. Thèbes commença à déchoir lorsque les rois la quittèrent ; Cambyse lui porta un coup fatal et décisif, et, du temps de Strabon, elle n’était plus qu’un grand souvenir. Cornélius Gallus, premier préfet d’Égypte, l’ayant entièrement renversée, il se forma, sur son emplacement, plusieurs villages habités, comme aujourd’hui, par des pâtres. Les restes de quelques édifices qui donnent encore une idée de sa splendeur, sont répandus en divers lieux, dont les plus connus sont Axor et Luxor. L’obélisque admiré à Paris appartient à cette grandeur dont les prophètes ont annoncé la fin.

On ne sait pas au juste à quelle destruction de cette ville Nahum fait allusion ; la plupart des auteurs pensent que c’est Shalmanéser qui l’aurait détruite, mais il n’est pas établi qu’il se soit avancé jusqu’au cœur de l’Égypte ; Rosenmuller pense au général assyrien Tartan, sous Sargon, et, dans cette supposition qui n’a rien d’invraisemblable, l’allusion de Nahum se rattacherait à la prédiction d’Ésaïe 20, contre l’Égypte et l’Éthiopie.

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