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On trouve en Orient, et surtout dans les plaines marécageuses de l’Égypte, un nombre fort considérable d’insectes ailés, aussi incommodes par leur multitude que dangereux par leurs piqûres, et qui attaquent indistinctement les hommes et les bestiaux. L’existence d’un Dieu des mouches, ou Baal-Zebub, ne pouvait ainsi manquer d’être inventée par des peuples qui divinisaient tout ce qu’ils craignaient, tout ce qu’ils haïssaient, voir Baal. Trois expressions différentes sont employées dans la Bible pour désigner les insectes, mais l’exacte signification de chacune n’est pas bien déterminée :
1°. Zébub (Ecclésiaste 10.1 ; Ésaïe 7.18). C’est probablement le nom général de toute la classe des insectes ailés.
2°. Ken (ou kinnim) (Exode 8.17 ; cf. Psaumes 105.31). Nos versions l’ont traduit par poux ; mais cette signification est fort peu probable, et la plupart des voyageurs, comme la plupart des interprètes, la rejettent, sans s’accorder, du reste, sur l’espèce d’insecte qu’il faut entendre par là. Un simple nom d’animal ne peut être déterminé, après deux ou trois mille ans, lorsque rien d’ailleurs ne tend à le faire connaître. Les pères de l’Église, les Septante, Origène et saint Augustin, disent qu’il s’agit d’un insecte fort petit, presque invisible à l’œil nu, fort inquiétant, voltigeant toujours, et revenant à mesure qu’on le chasse. Hasselquist et Maillet parlent aussi de fort petits insectes dont ils ont été tourmentés en Égypte, et qui pourraient bien être les mêmes. D’un autre côté, le docteur Clarke pense que l’espèce de poux qui affligea l’ancienne Égypte est l’acarus sanguisugus, qui se trouve dans cette contrée, et jusque dans la Cafrerie. Il est plus gros que la mouche ordinaire, et d’une forme plate et presque ronde ; il tourmente singulièrement les hommes et les animaux.
Le moucheron de Matthieu 23.24, est-il le même que le ken de l’Égypte ? C’est ce qu’on ignore, puisqu’on ne peut connaître celui-ci ; mais il paraît plutôt que ce doit être le culex vinarius, l’hôte imperceptible du vinaigre, et les raisons alléguées par Bochart semblent ne laisser aucun doute sur ce point.
3°. Harob. Nos versions le traduisent : un mélange d’insectes ; c’était la quatrième plaie de l’Égypte (Exode 8.21 ; cf. Psaumes 78.45 ; 105.31). Selon quelques auteurs, c’est le tabanus ou taon. Ruppel pense à de petits insectes qui naissent, pendant les grandes chaleurs, du limon déposé dans la vallée du Nil. Ils se précipitent avec fureur sur les hommes et sur les animaux, pénètrent dans les narines et dans les oreilles, et causent aux yeux des douleurs infinies ; mais ce voyageur n’ayant pas décrit l’insecte dont il parle, on ne sait à quelle famille il appartient. Oedmann croit qu’il s’agit de la blatta orientalis de Linnée, connue chez nous sous le nom de teigne, animal qui s’attache aux vêtements comme aux hommes ; cette manière de voir souffre aussi de grandes difficultés. D’autres enfin ont traduit ce mot par loups, mais sans raison. Harob dérive, selon les uns, d’un mot arabe qui signifie manger ; selon les autres, du mot hébreu liarab, mêler, et c’est de cette dernière étymologie que sont partis les traducteurs français, Luther, etc. C’est, dans l’incertitude, la traduction la plus sûre et la moins compromettante.
Luther a traduit de même le mot tselatsal (Deutéronome 28.42), où nos versions portent hanneton. Il est plus probable, étymologiquement, qu’il faut entendre par là le grillon, gryllus stridulus de Linnée. Voir Sauterelles.
Toutes les mouches étaient déclarées impures par la loi (Lévitique 11.42).