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La Palestine est une contrée fort montagneuse, partagée par le Jourdain du nord au sud en deux parties naturelles d’inégale grandeur (Deutéronome 11.11 ; Ézéchiel 34.13 ; Exode 13.17 ; 1 Rois 20.23). Les chaînes qui la traversent se rattachent toutes au mont Liban, et rejoignent au sud les hauteurs de l’Idumée et de l’Arabie Pétrée. Au-delà du Jourdain l’Anti-Liban se termine par le Djebel Heisch qui s’abaisse par une pente douce et fertile vers l’orient, tandis que sa face occidentale se précipite en rochers basaltiques jusqu’au bord du lac de Génésareth. Le fleuve Hiéromax coupe un instant le terrain de l’est à l’ouest, puis un nouveau plateau s’élève, riche et varié, fertile, entrecoupé de vallées et de ruisseaux, de plaines et de grottes, jusqu’à l’Arnon, frontière de l’ancienne Canaan, et communique, au sud de ce fleuve dont les bords escarpés font la clef de la Palestine, avec les montagnes iduméenne ; : vers l’est les montagnes de ce plateau se perdent dans les plaines fécondes du Hauran, et dans les sables arabes ; à l’ouest elles se jettent en pentes rapides sur les rives du Jourdain. Dans la Palestine occidentale les chaînes du Liban et de l’Anti-Liban marchent parallèlement jusqu’au sud-ouest de la Galilée, et se terminent non loin de Ptolémaïs, en coteaux que le Kison sépare du mont Carmel ; mais elles s’élèvent à l’orient, forment le plateau de Jizreël, et s’abaissent en terrasses vers les bords du lac de Génésareth ; c’est là que se trouve le cœur de la Palestine, ses plus fertiles districts, sa nature alpestre la plus bénie, tandis que le nord-nord-ouest ne présente guère que des rochers sauvages non susceptibles de culture, et que le sud offre plus de jolies vallées et de gras pâturages, que de montagnes à forte végétation, à plantations faciles, à fertiles vignobles.
Au milieu de ce plateau s’élève presque isole, et comme frontière entre la haute et la basse Palestine, le puissant Mont Tabor. Plus au sud, des montagnes terminent le plateau, et couvrent dans presque toutes les directions la plus grande partie de l’ancienne Samarie, escarpées et rocheuses, mais avec quelques plaines et quelques vallées ; elles s’avancent dans la Judée un peu au nord de Jérusalem, et la couvrent aussi presque entièrement ; au sud de la ville sainte le plateau s’élève davantage, les montagnes courent au sud-sud-est où leurs flancs escarpés donnent une ceinture à la mer Morte, ou bien se confondent dans la plaine haute d’El Tyh avec les rochers de l’Arabie Pétrée. À l’ouest les chaînes du centre et du midi de la Palestine n’arrivent pas au bord de la mer, mais s’abaissent par degrés, et se terminent par des plaines qui deviennent toujours plus larges à mesure qu’on avance vers le sud ; à l’est elles s’arrêtent brusquement aux rives du Jourdain, et ne laissent que près de Jéricho se former une petite plaine qu’elles entourent comme en amphithéâtre. La double chaîne, dans sa plus grande largeur, n’a nulle part plus de 45 à 20 milles allemands (env. 50 km), et l’on peut aisément, en trois journées de voyage, la franchir partout de l’est à l’ouest. Ces montagnes sont presque toutes calcaires et de la même formation que le Jura ; on y trouve aussi beaucoup de craies et de silex, surtout sur les hauteurs ; très peu de sommets ont des neiges éternelles, et leurs formes présentent beaucoup de variétés et d’irrégularités. Le nord-est offre dans une certaine étendue un terrain basaltique dont les couches et les ramifications s’avancent jusqu’aux bords du lac de Génésareth.
Les montagnes les plus célèbres dont il est parlé dans l’Écriture, sont celles de l’Idumée, le mont Horeb, le Hor, le Sinaï, le Guilboah, le Nébo, le Tabor, le Liban, les monts d’Hen-Guédi, le Calvaire, Ébal et Garizim, les montagnes de Galaad, le mont d’Amalek, Morija, l’Hermon, le Gahaz, le Paran, le Pisga, le mont des Oliviers, le Carmel, etc., les montagnes d’Éphraïm, de Juda, de Nephthali, les monts Abarim, etc. La carte de la terre sainte est encore à faire pour ce qui concerne les montagnes, leur direction, leur hauteur et leurs ramifications. Les voyageurs n’en ont guère étudié et tracé que les sommets et les chaînes principales, et la carte de Grimm, la meilleure de toutes, laisse encore beaucoup à désirer ; si quelque chose avait pu être fait avec les données actuelles, le génie actif, laborieux et facile, de Ritter l’aurait fait.
L’Écriture nous apprend à regarder les montagnes comme aussi anciennes que le monde (Psaumes 90.2 ; 104.6-8 ; Proverbes 8.25) ; en plusieurs endroits elles sont appelées coteaux d’éternité, ou montagnes éternelles, parce qu’elles datent des jours de la création (Genèse 49.26 ; Deutéronome 33.15). Ailleurs cependant elles sont davantage mises en rapport avec les terribles phénomènes, avec les bouleversements qui leur ont donné naissance (Psaumes 18.13-15 ; 104.6-8 ; 97.5 ; 144.5 ; Zacharie 14.4-8 ; etc.). Le nom de montagnes de ravage leur est donné (Psaumes 76.4), parce qu’elles étaient souvent des retraites de voleurs. On remarque le rôle important que les montagnes ont joué dans les grandes époques de la religion ; le sacrifice d’Isaac, la promulgation de la loi, la mort du Sauveur, ont lieu sur des hauteurs ; c’est également sur des montagnes que vont se promener les pieds des prophètes, et Jésus-Christ s’y est souvent entretenu avec son père pendant la nuit ; c’est sur une montagne qu’il a été transfiguré, c’est du mont des Oliviers qu’il s’est élevé vers les cieux.
La montagne d’assignation (Ésaïe 14.13), ne désigne pas la montagne sur laquelle était construit le temple à Jérusalem, comme on l’a cru quelquefois en comparant Ésaïe 38.20.Si l’on fait attention à la personne qui parle, on verra que son idée ne pouvait rien avoir de théocratique ; ses vœux et ses espérances lui sont reprochés ; il est probable que le prophète introduit ici les idées babyloniennes sur une ancienne et sainte montagne située vers les confins du septentrion, et dans laquelle résidaient les sources de la vie ; on peut comparer ici l’Ai Bordsch des Perses, les Kuen-lun des Chinois, le Mérou des Indiens, et l’Olympe des Grecs ; le Nord était regardé comme le commencement du monde, son origine, son principe, et chaque peuple mettait ses dieux sur la montagne la plus septentrionale de son territoire.
Les Syriens, après avoir été battus par les Israélites dans une rencontre, prétendirent que ceux-ci étaient protégés par les dieux des montagnes (1 Rois 20.23). On ne sait presque rien de ces espèces de dieux, si ce n’est qu’ils devaient protéger ceux qui se confiaient en eux, et qu’ils dirigeaient tout ce qui avait lieu sur leurs flancs ; quelques-uns d’entre eux avaient des noms particuliers ; Pan appartenait d’une manière éloignée à cette catégorie. On se rappelle en tout cas le respect qu’avaient les païens pour les hauts lieux en général.
Le sermon de Jésus sur la montagne, admiré de tous ceux qui le lisent, comme un des plus beaux résumés de la morale chrétienne et de la sainteté évangélique, présente des difficultés de détail, et surtout des difficultés d’ensemble qu’aucun ouvrage théologique français n’a encore, ni résolues, ni même posées et constatées. L’ouvrage allemand de Tholuck (Bergpredigt), traduit en anglais, est le seul travail spécial que nous connaissions sur ce sujet, et il serait digne d’être reproduit dans notre langue.