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Meule (mouture)
Dictionnaire Biblique Bost

Dans les premiers temps, lorsque l’agriculture était encore dans l’enfance, comme l’humanité elle-même, on rôtissait les grains, puis on les pilait dans un mortier (Nombres 11.8). Au dire de Burckhardt, le même usage subsiste encore chez les Arabes de nos jours, et dans les petits ménages de l’Orient. Cependant les moulins à bras, sous leur forme la plus simple, ont été connus de très bonne heure ; les Hébreux eux-mêmes en avaient déjà connaissance pendant le séjour de l’Égypte (Nombres 11.8), et ils continuèrent de tout temps à s’en servir comme s’en servent encore aujourd’hui les Orientaux. Ces moulins consistaient en deux meules posées l’une sur l’autre, la supérieure étant mobile et appelée en conséquence le char ou le coureur (Deutéronome 24.6 ; 2 Samuel 11.21 ; Juges 9.53) ; l’inférieure immobile (Job 41.15), était la borne, on l’appelait aussi quelquefois l’âne, c’est-à-dire le porteur.

Dans les familles pauvres et peu nombreuses, c’étaient les femmes qui devaient moudre ; dans de grandes familles où ce travail devenait considérable et pénible, il était remis à des esclaves, soit hommes, soit plus ordinairement femmes (Matthieu 24.41 ; Luc 17.35), et en général aux plus méprisés et à ceux qui n’étaient pas capables d’un travail plus délicat (Exode 11.5 ; Ésaïe 47.2 ; Juges 16.21 ; Ecclésiaste 12.4). C’était surtout comme punition, comme peine corporelle, qu’on infligeait à des hommes cette occupation, et lorsqu’ils étaient dangereux on les chargeait de chaînes, même on les aveuglait, ce qui avait le double effet de paralyser des forces qu’ils auraient pu mal employer en les portant plus loin, et d’empêcher le vertige que le mouvement de la meule produit naturellement (Juges 16.21 ; Lamentations 5.13). On trouve (Jérémie 25.10), une allusion au bruit que la meule fait en tournant, bruit agréable par ses souvenirs, agréable comme espérance et par liaison d’idées, agréable, parce qu’il promet du pain à la famille, et parce qu’il rappelle la paix et la tranquillité du chez-soi ; on peut comparer à l’impression produite par ce bruit, celle que fait le bruit du moulin à café ; ce bruit cessera comme tant d’autres jouissances, lorsque s’accompliront les menaces de l’Éternel. Les meules étant regardées comme objets de première nécessité, ne pouvaient être prises en gage (Deutéronome 24.6).

Il est parlé plus tard, dans le Talmud et dans le Nouveau Testament (Matthieu 18.6), de meules d’ânes, c’est-à-dire de meules pour la mise en mouvement desquelles l’homme étant trop faible, on se servait d’ânes (asini molarii) ; les Grecs, les Romains avaient des meules de ce genre, et les Orientaux de nos jours s’en servent encore, et les font mouvoir par des ânes ou des mulets, quelquefois par plusieurs esclaves réunis. Sur la coutume d’attacher une meule d’âne au cou de certains criminels, et de les précipiter dans l’eau pour les noyer, voir Peines.

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