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(Genèse 14)
Son nom signifie roi de justice ; il était en même temps roi de Salem, soit que ce nom désigne Sichem ou Jérusalem, qui, l’une et l’autre, paraissent avoir porté le nom de Salem, soit que Salem, qui signifie paix, doive être pris dans son sens purement appellatif. Melchisédec était donc un roi distingué par son amour de la justice et de la paix ; il était, en même temps, pontife et sacrificateur, comme Jéthro, comme plusieurs autres princes-prêtres dont il est parlé dans l’Ancien Testament, où nous voyons, avant l’établissement de la loi, ces deux fonctions et dignités fréquemment réunies en la même personne. Nous ne nous arrêterons pas à rechercher qui pouvait être ce grand personnage, comme nous n’indiquerons pas non plus toutes les suppositions, plus hardies et plus bizarres les unes que les autres, qu’on a faites sur sa personne. On a voulu mettre du mystérieux là où il n’y avait que de la concision, et quelques-uns ont voulu voir en Melchisédec un ange, et même Jésus-Christ ; rien, dans l’Écriture sainte, n’autorise de pareilles hypothèses, et l’on doit admettre que ce n’était qu’un homme comme un autre, un roi comme les rois de la plaine, mais pieux et adorateur de l’Éternel, ainsi qu’il s’en trouvait encore quelques-uns à côté de la famille du grand patriarche. Il alla au-devant d’Abraham lorsque celui-ci revenait de la défaite des rois impies, et, sans doute heureux de saluer un ami si puissant qui venait de châtier la rapine et la brutalité, il lui fit apporter du pain et du vin.
Sacrificateur, il bénit le patriarche, et celui-ci, reconnaissant, lui remit la dîme du butin. Toute l’histoire de Melchisédec est dans cette courte notice ; rien sur sa famille, sur sa vie, sur sa mort. Il est naturel que les auteurs sacrés qui voulaient établir qu’il y a, au-dessus de la sacrificature lévitique, une sacrificature plus excellente encore, aient été frappés de l’apparition mystérieuse et solennelle de cette grande figure ; sacrificateur en dehors de toute ordination d’homme, sacrificateur au-dessus d’Aaron, de Lévi, d’Abraham même, puisque celui-ci lui rendit hommage, et lui paya la dime.
Cette sacrificature extraordinaire devait frapper ceux des Juifs à qui Dieu permettait de voir au-delà du voile, et le Psalmiste (110) annonça prophétiquement un nouveau sacrificateur, selon l’ordre de Melchisédec, paroles que Paul (Hébreux 5 et 7) applique directement à Jésus en les développant encore. Il y aurait autant d’imprudence à presser le rapprochement, qu’il y a d’impiété à n’y voir qu’un jeu de mots. On a été trop loin peut-être dans le premier sens, et l’on fera mieux de s’en tenir aux traits dessinés par l’apôtre, sans aller voir encore dans le pain et le vin que le prince offrit au patriarche fatigué, un symbole de la sainte Cène, etc.