A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
(hauteur, coteau de la mâchoire, Juges 15.17-19)
C’est le nom que Samson donna d’abord au lieu qui avait été témoin de sa victoire sur les Philistins. Plus fort que mille, le nazaréen s’était cru un Hercule ; mais bientôt la fatigue et la chaleur l’épuisèrent ; aucune source ne se trouvait dans le voisinage ; il se rappela qu’il dépendait de Dieu, et l’invoqua. Dieu l’exauça et, au lieu d’un nom destiné à célébrer sa victoire, Samson donna à la source un nom qui devait rappeler sa faiblesse, celui de Hen-Hakkoreh (la source de celui qui crie). Un miracle lui avait donné de l’eau, une dent s’était ouverte, une source limpide en jaillissait. On croit généralement que c’est une des dents de la mâchoire d’âne qui se partagea pour livrer le passage à l’eau qui devait désaltérer le grand juge, et le texte, comme le génie de l’hébreu, appuie cette manière de voir. Cependant la version de nos Bibles contient un mot de trop : « Dieu fendit une des grosses dents de cette mâchoire d’âne » ; l’hébreu porte simplement : « Dieu fendit une grosse dent de la mâchoire (ou de Lékhi) » ; et en hébreu, comme chez nous, le mot dent peut signifier un rocher élevé, un pic (la Dent du Midi, les Dents d’Oches) ; on peut donc traduire, sans faire aucune violence au texte : « Dieu fendit un des rochers de Lékhi », un des rochers de cette élévation sur laquelle était le vainqueur des Philistins. Que l’on choisisse maintenant entre les deux miracles, cela importe peu, le miracle n’en reste pas moins grand ; l’eau jaillissant du rocher a quelque chose de plus naturel ; l’eau sortant de la mâchoire avait peut-être plus d’à-propos, et Dieu disait par là que seul il pouvait donner à cet instrument de carnage la force dont s’était glorifié Samson comme s’il l’eût trouvée en lui-même. (M. Coquerel affirme « qu’un enfoncement du sol s’ouvrit aux pieds de Samson », et il donne son idée comme la seule version que le texte autorise. C’est une erreur ; à peine cette traduction peut-elle être acceptée en seconde ou troisième ligne ; dans tous les cas elle est moins probable et moins justifiée que celles que nous avons indiquées, et d’autres rationalistes, comme Winer et Gesenius, ne mentionnent pas même, ou repoussent fortement, la traduction qu’on veut faire croire seule autorisée).