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Lot
Dictionnaire Biblique Bost
Westphal

Fils de Haran et neveu d’Abraham (Genèse 11.27-28), accompagna son oncle d’Ur et de Charan en Canaan, et partagea d’abord sa vie nomade dans les contrées méridionales de la terre promise (11.31 ; 12.4) ; mais, comme l’un et l’autre avaient de grands troupeaux, et que leurs bergers se querellaient souvent au sujet des puits et des citernes du désert, ils durent se séparer, et Lot choisit pour demeure la verte et riante vallée de Sodome, arrosée par les flots du Jourdain (13.11 ; 1920 av. J.-C.). Quelques années après, le roi de Sodome ayant été attaqué et pillé par Kédor-Lahomer, et Lot fait prisonnier avec tous les siens, Abraham vint au secours des vaincus, les délivra et leur rendit à tous, et à son neveu en particulier, les biens dont ils avaient été dépouillés. Lot continua dès lors d’habiter Sodome ; il y fiança ses filles, et vivait en plus ou moins bonne harmonie avec ses impies et impurs voisins, lorsque deux anges vinrent, et l’engagèrent à fuir le feu du ciel qui allait fondre sur la ville. On connaît l’accueil hospitalier qu’il fit à ces messagers du ciel, bien qu’il ne les connût pas, et le dévouement lâche et faible par lequel, pour sauver ses hôtes de l’opprobre, il offrit ses propres filles à la brutalité de ses concitoyens. Le lendemain, de bonne heure, réveillé par les anges, il part, sous leur protection, avec sa femme et ses deux filles, laissant en arrière les époux de celles-ci, que leur incrédulité avait aveuglées, comme le reste des Sodomites, sur les malheurs qui leur étaient divinement annonces. Toute la plaine devait être engloutie, et les fuyards devaient se rendre sur la montagne de Tsoar ; mais, sur leur route, se trouvait la ville de Bélah, petite, et par cela même peut-être moins corrompue que les autres ; Lot demanda qu’elle fût épargnée, afin qu’elle pût lui servir de retraite, et sa prière fut exaucée. C’est de Bélah, devenue Tsoar, qu’il put contempler l’affreux spectacle d’une plaine entière détruite par le feu et le soufre ; mais déjà sa femme n’était plus avec lui ; ménagère, peut-être avare, peut-être incrédule, et, dans tous les cas, désobéissante aux ordres célestes, elle s’était retournée, et elle avait péri. Après un séjour dont la durée n’est pas déterminée, mais qui ne fut, sans doute, pas bien long, Lot et ses filles quittèrent Tsoar, et se réfugièrent sur la montagne voisine de Tsoar pour y demeurer. La solitude pouvait convenir au vieillard, veuf, sans fils, dépouillé de tous ses biens, et témoin récent d’un déluge de feu, vengeur de l’immoralité d’une plaine dépravée ; mais ses filles, plus frappées que lui de la destruction de leurs villes et de leur isolement présent, faisant vivre et périr le monde tout entier avec le monde de leur vallée, privées de leurs époux avant de les avoir possédés, condamnées, selon toute prévision, à un célibat perpétuel, et bien instruites dans le mal par les leçons de Sodome, enivrèrent leur père (singulier, mais touchant témoignage rendu indirectement à la pureté de ses mœurs), et l’entraînèrent au crime ; c’est de ce double inceste que sortirent les Moabites et les Ammonites. Cette tache est le dernier trait que l’Écriture nous rapporte de la vie de Lot ; mais le nom de ce patriarche est rappelé ailleurs comme celui d’un juste, honorable devant Dieu (2 Pierre 2.7 ; cf. Luc 17.28-32 ; Deutéronome 2.9-19 ; Psaumes 83.9).

Quel a été le crime de la femme de Lot, et quel a été son châtiment ? La concision de l’écrivain sacré autorise l’interprétation littérale, mais ne l’exige pas : « La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue (ou un monument) de sel ». On peut croire, et même traduire sans faire violence au texte, qu’elle resta en arrière, qu’elle retourna peut-être, se confiant en ce qu’avaient dit les anges, que le malheur ne commencerait que lorsque Lot et les siens seraient arrivés à Tsoar, et qu’elle fut surprise dans ses délais, ses lenteurs et ses regrets. Quant à sa mort, une quantité d’opinions et de fables se sont fait jour. La statue de sel a pour elle la lettre, quoi qu’on en dise, et l’ancienne tradition ; le sel pouvant se prendre pour sel de roche, on ne peut pas objecter qu’elle a dû se fondre tout entière aux premières pluies, comme aussi rien n’indique qu’elle ne se soit pas fondue. Toutefois, le texte peut se traduire dans un sens plus large, et la tradition ne mérite guère de confiance à cause de son caractère exagéré. La statue a été vue, dit-on, par beaucoup de voyageurs ; mais ils ne sont pas d’accord sur sa position, les uns la plaçant au nord, les autres au midi, à l’orient ou à l’occident ; ils auront pris pour statue de la femme de Lot quelqu’une de ces créations bizarres de la nature, comme on en rencontre en divers lieux, et qui affectent tantôt une forme, tantôt une autre. Ce rocher de sel conservait, selon eux, toutes les infirmités féminines : il pleurait en certains temps, et il avait ceci de singulier, qu’il conservait toujours la même grandeur, quoiqu’on en arrachât souvent des morceaux pour souvenir et par curiosité. D’autres auteurs pensent qu’il faut entendre que la femme de Lot étant retournée en arrière (elle périt et) devint un monument de sel (éternel, impérissable) du courroux divin contre les rebelles et les incrédules ; d’autres encore, qu’elle fut étouffée, et que, par l’abondance des matières salines renfermées dans l’air et dans le sol, son corps fut comme pétrifié ou embaumé, de manière à ne pouvoir être atteint par la corruption, comme cela arrive des corps qui sont soumis à l’action des flots de la mer Morte, ou d’une source pétrifiante quelconque. D’autres, enfin, ne prennent que l’idée générale du verset : la femme de Lot resta attachée au sol, morte et sans mouvement ; mais c’est l’explication qui se justifie le moins, bien qu’elle renferme pour nous la même leçon d’obéissance à la parole du maître.

L’éblouissement dont furent frappés les Sodomites, et qui sous bien des rapports était une conséquence presque naturelle et souvent observée de débauches pareilles aux leurs, peut être comparé à celui dont Dieu frappa les soldats syriens descendus vers Élisée (2 Rois 6.18 ; cf. Jean 8.59 ; 10.39).

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