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Le nom de cette montagne vient de l’hébreu laban, qui signifie blanc, soit qu’il se rapporte aux neiges éternelles dont est couvert son sommet (comme le nom de nos Alpes rappelle le latin albus, blanc), soit qu’il vienne de la roche blanchâtre et crayeuse dont se compose presque toute la chaîne. Non loin de la rive phénicienne, à peu de distance dans l’intérieur des terres, s’élève au-dessus d’avant-monts un long rempart de montagnes escarpées, dont aucune pointe saillante ne domine de beaucoup la crête uniforme, et qui ne peut, à cet égard, nullement être comparé aux Alpes crénelées de la Suisse. Le sommet le plus élevé de la chaîne, celui qui porte proprement le nom de Liban, est situé eu dehors des limites de la terre promise, au sud d’Antioche, au nord de Nazareth, à l’occident de Damas, à l’orient de Tyr et de Sidon ; il a un peu plus de 3000 mètres de hauteur, et la neige n’y fond jamais ; on y jouit d’une vue fort étendue sur la mer et sur les montagnes environnantes. Le versant occidental s’incline doucement vers la mer, tandis que le versant oriental est fort roide, comme le versant oriental de toutes les montagnes calcaires de la Syrie ; il conduit en deux heures, par une pente rapide, dans la vallée qui sépare le Liban de l’Anti-Liban, vallée que les Grecs connaissaient sous le nom de Cœlésyrie, ou Syrie creuse, et qui porte en hébreu le nom de Bikeath ou campagne du Liban (Josué 11.17 ; 12.7). D’autres cependant, Winer, Rosenmuller, pensent que la Cœlésyrie est le Bikkath-Aven d’Amos 1.3.tandis que la plaine du Liban serait plus près des sources du Jourdain, au pied du Djebel-Heisch. Le sol en est fertile et sans pierres ; ses heureux habitants, longtemps ignorés et tranquilles, ont échappé aux orages des guerres qui désolaient leurs voisins, mais cette prospérité a eu son terme ; la fertile Cœlésyrie est devenue déserte, et l’on ne peut plus admirer maintenant que les belles et gigantesques ruines de Bahalath qu’elle renferme.
Quatre fleuves sortent du Liban : le Jourdain, qui coule au sud et va se jeter dans la mer Morte ; l’Amana, vers l’est ; le Léontés, vers l’ouest ; l’Oronte, au nord, vers la Méditerranée. Le Kadisha suit pendant dix lieues, de l’est à l’ouest, le pied de la chaîne, et se jette dans la mer non loin de Tripoli ; c’est près de la source de cette rivière, dans le voisinage du village montagneux de Bschirraï, que se trouve l’antique forêt de cèdres, si renommée et si déchue de sa gloire et de sa beauté. Les flancs escarpés du Liban, jadis si richement boisés, ne comptent plus que quelques forets de chênes et quelques bouquets de cèdres ; mais dans les nombreuses vallées qui sillonnent les deux versants de la chaîne, croissent en abondance les fruits du Midi, les figues, les amandes, les grenades, les citrons, les oranges (Braero) ; plus haut encore sont des plantations d’oliviers, et jusqu’au pied des sommets les plus élevés, des noyers, des mûriers, de la vigne et des champs de blé. Le vin du Liban n’a pas perdu son ancienne réputation (Osée 14.7). Les pâturages des montagnes nourrissent un grand nombre de bêtes à cornes, de chèvres à longs poils, des moutons et de beaux mulets (cf. Ésaïe 40.16). Nulle part sur la terre les sources ne sont plus abondantes qu’au Liban, et une multitude de ruisseaux, qui fertilisent les champs et les prairies, se précipitent par des gorges, et en formant de nombreuses cascades, dans la mer ou dans les vallées principales. La Bible parle souvent de la magnificence du Liban, de ses cèdres, de ses forêts, de ses champs fertiles, de ses doux parfums et de ses riches vignobles, de la neige qui recouvre ses cimes, des eaux qui arrosent ses vallées (Osée 14.7 ; Cantique 4.11-15), et des animaux qui peuplent ses solitudes, les perdrix, les sangliers, les chacals, les panthères. Le Liban est une image du Seigneur, de ses dons spirituels et de son Église (Psaumes 133.3 ; Hermon) ; Cantique 4.11-15 ; 5.15 ; Osée 14.5 ; Ésaïe 35.2) ; de l’orgueilleux Assyrien et de ses destinées (Ésaïe 10.5-17, 18, 34) ; en général des choses grandes et puissantes (Psaumes 29.6 ; Ésaïe 40.16). Son nom a été donné au temple de Jérusalem, qui était construit de bois de cèdre (Zacharie 11.1 ; Ézéchiel 17.3), ainsi qu’au palais de Salomon (1 Rois 7.2). La tour du Liban qui regarde vers Damas (Cantique 7.4), paraît avoir été fort haute ; Benjamin de Tudéla en a vu les restes, et assure que les pierres dont elle était construite avaient jusqu’à 20 palmes de long et 12 de large ; Maundrel ne l’a vue que de loin.
Damas était le centre principal de toutes les caravanes de l’Asie occidentale ; les villes de la côte phénicienne étaient le port général d’où les marchands exportaient les marchandises venues d’Orient ; la double chaîne du Liban et de l’Anti-Liban séparait Damas de la mer. La route de communication la plus directe entre ces deux grands entrepôts et débouchés, traversait l’Anti-Liban, la Cœlésyrie et le Liban ; mais pénible et dangereuse, elle n’a jamais été très fréquentée ; la voie ordinaire et principale évitait les montagnes au moyen d’un grand détour vers le sud ; elle se dirigeait vers le bras est du mont Hermon, en traversait aisément les hauteurs peu considérables et peu escarpées, descendait vers le Jourdain qu’elle passait probablement au pont de Jacob (voir Jourdain), suivait les bords du lac de Génésareth par Capernaüm et Bethsaïda jusqu’à Magdala, montait par une vallée sur le plateau, et s’élevait plus haut encore vers la plaine de Zabulon, au-delà de laquelle elle descendait à Akko. C’est là le chemin de la mer qui vient d’au-delà du Jourdain (Ésaïe 8.23 ; Matthieu 4.15). C’est sur cette route, à Capernaüm, où le chemin passe dans un défilé entre le lac et la montagne, que les Romains avaient établi un péage.