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Cette ville célèbre a porté différents noms, d’abord Jébus (Juges 19.10 ; 1 Chroniques 11.4), puis, poétiquement, Salem (Psaumes 76.2), et dans le sens religieux ville sainte, ville de Dieu (Hiéropolis, Néhémie 11.1-18 ; Matthieu 4.5), ou ville de justice (Sédec), et enfin Jérusalem, qui est son nom le plus ordinaire, celui qu’elle porta depuis que David en eut fait la capitale de son royaume. Elle était située à 8 milles de Joppé et à 5 du Jourdain, sur un plateau assez élevé au-dessus du reste du pays, ce qui explique la locution monter à Jérusalem, employée par les Juifs de toutes les tribus. Son sol était pierreux et calcaire, mais très fertile.
Primitivement, et lorsqu’elle appartenait encore aux rois de Canaan (Josué 10.1-23), elle n’occupait que la colline de Sion, et se composait de la citadelle très forte de ce nom (2 Samuel 5.7), et de la ville proprement dite. Cette dernière avait déjà été prise et habitée, concurremment avec les Jébusiens, par les hommes de Juda et de Benjamin, à l’époque des Juges (Josué 15.63 ; Juges 1.21 ; cf. 1 Samuel 17.34) ; mais la forteresse opposa toujours aux Israélites, jusqu’aux jours de David, la plus vigoureuse résistance. David réussit enfin à s’en emparer (2 Samuel 5.6) ; il y fixa sa résidence, et la nomma de son nom, cité de David (2 Samuel 5.7-9 ; 6.12-16 ; 1 Rois 3.1 ; 8.1 ; 2 Rois 9.28 ; 14.20 ; cf. Néhémie 12.37). Dès lors Jérusalem fut le centre politique et religieux du royaume ; elle prit un accroissement considérable. Salomon la fortifia (1 Rois 3.1 ; 9.15) ; il y fit élever le temple sur la colline de Morija (1 Rois 6), et se construisit à lui-même un palais magnifique (1 Rois 3.1 ; 9.15). Ozias, Jotham, Ézéchias et Manassé l’agrandirent encore et continuèrent de la fortifier (2 Chroniques 26.9 ; 27.3 ; 32.5 ; 33.14). Elle n’en succomba pas moins dans plusieurs sièges (1 Rois 14.26 ; 2 Rois 14.13), et finit par tomber entre les mains des Chaldéens, qui la démolirent (2 Rois 24.25 ; 588 av. J.-C.). La Bible ne donne pas beaucoup de détails sur le genre d’architecture et le mode de construction des maisons de Jérusalem ; on voit seulement que les murailles étaient garnies de tours et de créneaux (2 Chroniques 26.9-15 ; 32.5) ; l’une de ces tours est spécialement désignée (Jérémie 31.38 ; Zacharie 14.10). Ophel et Millo paraissent avoir été comme deux forts détachés (2 Samuel 5.9 ; 1 Rois 9.24 ; 11.27 ; 2 Chroniques 32.5 ; 27.3 ; 33.14). Il est parlé des portes de la ville (Jérémie 39.4 ; 2 Chroniques 32.6), et les auteurs sacrés nomment la porte des poissons (2 Chroniques 33.14) ; celle du coin (2 Rois 14.13 ; Zacharie 14.10) ; celle de Benjamin (Jérémie 37.13 ; 38.7 ; Zacharie 14.10) ; celle d’Éphraïm (2 Rois 14.13) ; la première porte (Zacharie 14.10) ; celle de la vallée (2 Chroniques 26.9) ; celle des chevaux (Jérémie 31.39) ; celle du potier, vers la vallée de Hinnom (Jérémie 19.2) ; enfin la porte du milieu (Jérémie 39.3). Quant à leur position présumée, voir plus bas. La haute porte de Ézéchiel 9.2, était, selon toute apparence, une des portes du temple. Comme places publiques, on remarque celle de la porte et celle des boulangers (2 Chroniques 32.6 ; Jérémie 37.21). Autour de la ville étaient deux étangs provenant de la source de Siloé (Ésaïe 7.3 ; 36.2), et les jardins royaux qui étaient arrosés et fécondés par ces étangs (Jérémie 39.4 ; 32.7 ; Néhémie 2.14).
Une question qui ne peut se résoudre complètement est celle de savoir à laquelle des deux tribus de Juda ou de Benjamin a appartenu Jérusalem avant le temps de l’exil. D’après Josué 18.28, (cf. 15.8), elle a été donnée en partage aux Benjaminites, et bien qu’ils soient mêlés aux Jébusiens, c’est eux que l’on y voit demeurer (Juges 1.21) ; le passage de Jérémie 6.1, confirme la même opinion. D’un autre côté, d’après Juges 1.8, ce sont ceux de Juda qui s’emparent de la ville ; ce sont eux encore qui s’y mêlent aux Jébusiens (Josué 15.63), et le Psaumes 78.68, semble donner Jérusalem à cette tribu. On peut concilier ces deux versions en admettant que si les hommes de Juda ont en effet occupé la plus grande partie de Jérusalem, la ville cependant et son territoire appartenait réellement aux Benjaminites, et qu’elle était située en dedans des frontières de cette tribu.
Après l’exil, et dans les premiers temps de la reconstruction de Jérusalem (536 av. J.-C.), on trouve d’autres détails (Néhémie 3 et 8). On mit sans doute à profit, pour ce nouveau travail, ce qui subsistait encore des anciens fondements et des anciennes fortifications, et l’on rebâtit les murs et les portes autant que possible sur leur emplacement primitif, cependant avec des différences amenées soit par des besoins d’agrandissement, soit par les corrections jugées bonnes, soit par la disparition des premiers tracés. Le nom des portes fut changé, et l’on en trouve douze nouvelles, mentionnées en Néhémie 3 et 8 : celle des eaux, des chevaux, des brebis, des poissons (Sophonie 1.10) ; la porte vieille (probablement la même que la première porte, Zacharie 14.10) ; celle d’Éphraïm (Néhémie 8.16) ; celle de la vallée (Néhémie 2.13-15) ; celle du fumier (Néhémie 2.13) ; celle de la fontaine (Néhémie 2.14) ; la porte orientale, celle de Miphkad (du conseil), et celle de la prison. Il n’est plus parlé de celles du coin, du potier et de Benjamin. (Quant aux portes mentionnées en Ézéchiel 48.31, elles appartiennent à une vision, et sont prophétiques). On ne peut guère préciser la position de ces différentes portes ; le chapitre 12 de Néhémie ne donne même à cet égard que de vagues indications. Au nord-ouest, la porte du coin et celle d’Éphraïm, qui était peut-être la même que celle de Benjamin (2 Rois 14.13 ; cf. Zacharie 14.10) ; du nord-ouest au sud-est, la vieille porte, celle des poissons et celle des brebis (Néhémie 3.1-6 ; 12.39) ; entre elles étaient celle des chevaux, et celle de l’eau ; celle d’Éphraïm et la vieille porte étaient voisines, sans qu’il y en eût aucune autre entre elles (Néhémie 12.39) ; du sud-ouest au nord-ouest, la porte de la fontaine (Siloé) ; celle du fumier et celle de la vallée (Guihon) ; la porte du potier était peut-être la même que celle de la fontaine ; quant à la porte du milieu, on ne la connaît pas ; s’il y a eu avant l’exil une ville inférieure, on peut croire que c’est la porte qui joignait les deux villes. Les portes nommées (2 Rois 11.6 ; 15.35 ; 1 Chroniques 11.18 ; 26.16 ; 2 Chroniques 23.5 ; Jérémie 36.10 ; cf. 26.10), appartenaient au temple ou à des villes voisines.
Il n’est parlé que de deux tours sur les murailles de la ville, celle de Hananeeël, et celle de Méah (Néhémie 3.1 ; 12.39 ; Zacharie 14.10), toutes les deux proche de la porte des brebis, du côté de celle des poissons, vers l’est. On ne trouve dans cette période le nom d’aucune place et d’aucune rue. La partie la plus forte de Jérusalem paraît avoir été alors la cité de Sion, nommée aussi ville de David, qui avait été fortifiée par les Syriens, et que l’on regardait comme imprenable (1 Maccabées 1.35 ; 3.45 ; 4.2 ; 9.52 ; 10.6), jusqu’au moment où le prince Simon réussit à s’en emparer (1 Maccabées 14.37).
La troisième époque est celle de Jésus et des apôtres jusqu’à Josèphe ; cet historien lui-même est une source précieuse de renseignements de tous genres sur la topographie de Jérusalem aux temps qui précédèrent la conquête des Romains, et par conséquent aux temps de Jésus, puisque la ville resta à peu près la même jusqu’à sa destruction, sauf l’achèvement et la mise en état de défense de la nouvelle ville. D’après Josèphe, Jérusalem était bâtie sur quatre collines, et se composait de trois parties principales : la ville d’en haut, située vers le midi sur la colline de Sion, la plus élevée de toutes ; la ville d’en bas, sur la colline d’Acra, au nord de Sion et de Morija ; la nouvelle ville, au nord, sur une colline qui était primitivement plus basse, et qui fut élevée par des travaux et des terrassements subséquents ; c’est cette ville neuve que Hérode Agrippa chercha à réunir à la vieille ville. Entre la haute et la basse ville passait du nord-ouest au sud-est, jusqu’à la source de Siloé, la vallée des faiseurs de fromage (Tyropéens), devenue peu à peu une rue par les nombreuses constructions qui y furent faites. Au sud-est s’élevait le temple sur la montagne de Morija, qui touchait au nord-ouest, par la forteresse Antonia, à la ville inférieure, et communiquait par des ponts avec la ville d’en haut ; cette dernière était fortifiée par une muraille garnie de soixante tours ou tourelles, dont les trois plus importantes (Hippique, Phasaël et Marianne) avaient été élevées par Hérode le Grand, et qui formaient comme une couronne autour de la colline ; la ville d’en bas, qui touchait au sud à la ville d’en haut, était garnie d’une muraille avec quatorze tours à sa partie septentrionale ; enfin la muraille de la nouvelle ville était la plus forte et la plus solide de toutes, ayant 20 coudées (11 mètres) de haut, ou 23 (11,50 m) en comptant les créneaux et les parapets, et construite probablement en zigzag, puisque Josèphe lui donne quatre-vingt-dix tours, dont la principale, au nord-ouest, avait 70 coudées de haut. Vers le nord, Jérusalem avait trois rangs de murailles ; le sud (Sion et Morija) n’en avait qu’un seul, ces collines étant suffisamment protégées, à l’est, au sud, et au sud-ouest, par les rapides vallées qui étaient à leur pied. On voit que Jérusalem pouvait à juste titre passer pour une forte citadelle. Josèphe lui donne une lieue et demie de tour (33 stades) Hécatée lui donne 50 stades, et une population de 120000 âmes, chiffre bien peu élevé en comparaison de l’évaluation de Josèphe, qui porte à 2700000 le nombre des hommes qui se trouvaient dans la sainte cité les jours des fêtes solennelles.
Outre le temple, dont nous reparlerons en son lieu, il faut nommer parmi les édifices les plus remarquables de Jérusalem :
a) La citadelle Antonia, bâtie par Jean Hyrcan, qui lui donna d’abord le nom de Baris, puis fortifiée et embellie par Hérode en l’honneur de Marc Antoine. Elle était située sur un rocher escarpé de 50 coudées de hauteur, au nord-ouest du temple, avec lequel elle communiquait par des passages dérobés ; elle présentait dans son intérieur toute l’apparence d’une ville, des places, des allées, des statues, et un grand nombre de bâtiments. Aux quatre coins étaient des tours, dont celle du sud-ouest, qui était la plus rapprochée du temple, avait 70 coudées de haut ; elle dominait ainsi non seulement le temple, mais la ville toute entière, et les Romains y entretinrent longtemps une garnison ; c’est là que Paul fut conduit et détenu (Actes 21.34-37 ; 22.24 ; 23.10).
b) Le palais d’Hérode, magnifique bâtiment de marbre, entouré de murs de 30 coudées de hauteur, non loin des trois tours septentrionales de la ville supérieure.
c) Le Xyste, grande place publique entourée d’allées et de galeries vers la partie est-nord-est de la ville d’en haut, communiquant par un pont avec le temple.
d) La tour d’Ophel, vers la muraille orientale de la ville supérieure.
e) Le prétoire, voir cet article (Prétoire) et Procurateurs.
Hérode Agrippa II semble avoir le premier imaginé le pavage des rues.
Les environs de la ville, surtout vers le nord, étaient riches en jardins et en maisons de plaisance (2 Rois 25.4 ; Jérémie 39.4 ; Néhémie 3.15) ; on y trouvait aussi quelques lieux de sépulture ; quant aux étangs et rivières, voir Roguel et Siloé.
Depuis l’exil, Jérusalem a été la proie des nations ; son histoire est celle de tout Israël.
Elle fut prise successivement, en 320 (ou 323), par le roi d’Égypte Ptolémée Lagus ; en 161, par Antiochus Épiphanes de Syrie ; en 36 (l’an 717 de Rome), par Hérode le Grand, devenu roi des Juifs ; enfin, l’an 70 après Jésus-Christ, par Titus, fils de Vespasien ; massacre effroyable dans lequel périrent plus d’un million de Juifs, et dans lequel la plus belle des villes devint en peu de jours la plus mémorable des ruines. Titus laissa subsister les trois tours du nord, la muraille occidentale et quelques maisons ; mais ces débris eux-mêmes furent démolis en 136, quand Adrien eut résolu de faire construire sur l’emplacement de l’ancienne Jérusalem, une nouvelle ville sous le nom de Ælia Capitolina, et à la place du temple de Jéhovah un temple de Jupiter ; mais cette colonie militaire n’occupa jamais tout l’emplacement qu’embrassait le centre de l’israélisme. Aujourd’hui Jérusalem n’est plus rien, c’est une ville de 4630 pas de tour, un évêché anglo-prussien, le rendez-vous de 25000 habitants de toutes les nations et de tous les cultes ; seuls ses anciens maîtres, les Juifs, y marchent en courbant la tête, honteux de s’y trouver, triste monument de la vérité des prophéties et de la ferme exécution des menaces divines.
Que sera la nouvelle Jérusalem de l’Apocalypse 21.2 ? Cette question ne peut se traiter ici ; mais comme on ne la traite presque nulle part, il importe de la rappeler : Jérusalem sera restaurée, et deviendra de nouveau le centre du peuple de Dieu, la capitale du monde, et la résidence de celui qui aura vaincu l’Antichrist.