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1°. Le quatrième fils de Jacob et de Léa (Genèse 29.35 ; 35.23 ; 37.26 ; 1 Chroniques 2.1 ; Matthieu 1.2 ; Luc 3.33 ; 1755 av. J.-C.). Ce fut lui qui sauva la vie de Joseph, et qui conseilla de le vendre au lieu de le tuer. Après un si grand crime, l’union ne pouvait plus exister parmi des frères aussi jalousement haineux. Juda s’éloigna de sa famille, et vint demeurer à Adullam. Il y fit la connaissance d’une Cananéenne, nommée Shua, qu’il épousa, et dont il eut trois fils. Il maria successivement les deux aînés à une jeune fille, Tamar, idolâtre comme Shua, et, après leur mort, il la destina encore pour épouse à Shéla, le plus jeune de ses fils ; mais il tardait à accomplir ce mariage, soit que Shéla fût trop jeune, soit plutôt que Juda craignît pour son cadet un sort semblable à celui des deux aînés. En attendant, il devint veuf ; quand les jours de son deuil furent écoulés, il se rendit à Timna, non loin de Adullam, et, ayant rencontré une femme qu’il prit pour une prostituée, il vint vers elle, lui promit un chevreau, et lui donna des gages. Bientôt après, on lui rapporta que Tamar, sa belle-fille, était enceinte ; qu’elle avait violé la foi promise à Shéla, qu’elle était adultère ; le supplice du feu, en usage contre ce crime parmi les anciens peuples (Juges 15.6), est impitoyablement prononcé par Juda contre Tamar ; mais il doit révoquer sa sentence lorsqu’elle lui prouve, en lui montrant les gages qu’elle a reçus de lui, que c’est de lui-même que lui vient son déshonneur. Cette honteuse histoire se lit au chapitre 38 de la Genèse, triste épisode dans une vie qui a eu des moments sublimes à côté de beaucoup de faiblesses et de lâchetés. On ignore à quelle époque on en doit placer le commencement et la fin ; il est probable que, lors de la vente de Joseph aux Ismaélites, Juda était déjà marié ; car, depuis ce moment jusqu’à la reconnaissance de Joseph en Égypte, il ne se passa que vingt-deux ans, temps qui serait trop court pour comprendre toute l’histoire de Shua et de Tamar, le mariage de Juda, la naissance de trois fils, et le mariage possible de son cadet ; or, lors du voyage d’Égypte, tout cet épisode est terminé. Sur le mariage successif d’une femme à trois frères (cf. Deutéronome 25.5). L’impression que ce récit laisse dans le cœur est un dégoût profond, une sorte de mépris pour la licence effrénée d’une époque pareille. Nous ne voudrions pas avoir parmi nos ancêtres le fils illégitime d’un beau-père et de sa belle-fille ; mais Jésus ne l’a pas craint ; il est descendu en ligne directe de ce Phares, l’un des deux jumeaux de Juda et de Tamar.
À l’époque de la famine, on trouve de nouveau Juda réuni à son père et à ses frères (Genèse 43.3). C’est lui qui décide Jacob à laisser venir avec eux Benjamin ; c’est lui qui porte la parole devant Joseph, quand il voit Benjamin sur le point d’être retenu comme esclave ; c’est enfin lui qui vient annoncer à Joseph l’arrivée de son père.
Juda, qui paraît avoir hérité du droit d’aînesse, en suite de l’inceste de Ruben avec Bilha, et de la violence de Siméon et de Lévi contre les Sichémites, est le chef de la plus grande des tribus d’Israël. On la voit la plus nombreuse dès le temps de Moïse (Nombres 1.26-27), marchant dans le désert à la tête des autres (Nombres 2.3 ; 10.14), et s’avançant la première au combat (Juges 1.2 ; 20.18), comme elle figure aussi la première dans l’énumération de 1 Chroniques 12.24. Son territoire s’étendait, à l’est, jusqu’à la mer Morte ; à l’ouest, jusqu’à la Méditerranée ; au sud, il allait de l’extrémité de la mer Morte au ruisseau d’Égypte ; au nord, de l’autre extrémité de la même mer jusqu’à Jamné, par la vallée du Cédron et par Kiriath-Jéarim. Juda était donc, par sa position, le défenseur naturel des frontières méridionales du pays contre les Philistins, les Amalékites, les Édomites et l’Égypte. Il reçut en partage 115 villes : dont 29 dans des contrées inconnues, voisines d’Amalek et de Édom, dans le pays du midi ; 42 dans la plaine, depuis le pied des montagnes du plateau à la Méditerranée ; 38 sur la montagne ou sur le plateau, et 6 dans le désert qui est à l’ouest de la mer Morte. Quoiqu’il en ait cédé plusieurs à Siméon, à Dan et à Benjamin, son territoire resta cependant encore plus grand qu’aucun autre, à l’exception peut-être de celui de Manassé. Il combattit longtemps contre les Cananéens de son territoire, contre les Philistins, les Iduméens et les autres peuples voisins, avant que de les soumettre entièrement. Ses ennemis étaient plus redoutables encore que ceux de Manassé, et ses frontières plus importantes que celles de l’Hauran, mais il en vint à bout ; la prière de Moïse fut exaucée : « Ô Éternel, écoute la voix de Juda ! que ses mains lui suffisent, et sois-lui en aide contre tous ses ennemis ! » (Deutéronome 33.7). Les prédictions du vieux Jacob s’accomplissaient aussi : « Juda. est un faon de lion ; il s’est couché comme un lion qui est en sa force, comme un vieux lion ; qui le réveillera ? – Sa main a été (sous David) sur le collet de ses ennemis, et (depuis la royauté davidique), ses frères se sont prosternés devant lui » (Genèse 49.8). Juda habitait un pays de vignobles, et ses déserts même étaient de bons pâturages, selon ce que Jacob avait annoncé (v. 11-12) « Il attache à la vigne son ânon, et au cep excellent le petit de son ânesse ; il lave son vêtement dans le vin, et son manteau dans le sang des grappes ; il a les yeux vermeils de vin, et les dents blanches de lait ».
Après la mort de Saül, la tribu de Juda se sépara des onze autres, et reconnut seule la royauté de David, alors âgé de trente ans, pendant qu’Is-Boseth, fils de Saül, régnait sur tout le reste du pays. Juda soutint son roi les armes à la main, et vit, au bout de sept ans et demi, son parti victorieux et les tribus ennemies se réunir à lui ; cette vaillante tribu devint ainsi la première du royaume en influence ; elle conserva ses avantages, et David y fixa sa résidence. Mais celle d’Éphraïm ne put voir sans jalousie ce triomphe qui assurait à une autre tribu la prépondérance à laquelle elle avait toujours aspiré ; et, profitant du mécontentement qui s’était manifesté chez plusieurs tribus sous le règne de Salomon, et qu’elle s’était sans doute appliquée à entretenir, elle se mit à leur tête à la mort de ce monarque, et, ne pouvant réunir à elle le royaume tout entier, elle proclama la division du Royaume en deux parties, dont l’une fut appelée, de son nom, royaume d’Éphraïm (quelquefois, mais improprement, royaume d’Israël), et l’autre, royaume de Juda.
Deux tribus seules, celles de Juda et de Benjamin, composèrent le royaume de Juda ; il faut y joindre cependant aussi quelques villes de Dan et de Siméon (2 Chroniques 11.10 ; 1 Rois 19.3). Mais si ce royaume fut petit, il n’en resta pas moins le plus important des deux, non seulement parce qu’il avait à sa tête la dynastie légitime, la royauté davidique, mais encore parce qu’il renfermait la plus grande ville de toute la Palestine, Jérusalem, et le temple et le tabernacle, seul sanctuaire vers lequel pussent se tourner les Juifs pieux et fidèles du royaume des dix tribus ; enfin, Juda commandait à l’Idumée, dont les ports lui étaient assujettis, et pouvaient être pour lui d’une grande utilité militaire ou commerciale ; mais il ne sut pas toujours profiter de ses avantages. La faiblesse numérique du royaume de Juda ressort de ce qui est dit (1 Rois 12.21), que Roboam, voulant attaquer Jéroboam, ne put mettre sur pied que 180000 hommes, chiffre bien peu considérable quand on se rappelle ce que nous avons dit des armées de ces anciens temps ; on voit encore (par 2 Rois 14.9), l’immense différence que le roi d’Israël mettait entre sa puissance et celle de Juda. Mais, dans l’esprit du peuple, la dynastie de Juda fut toujours considérée comme la légitime, tandis que celle d’Israël était sortie d’une révolution, et n’avait pas pour elle ce droit divin que, seule parmi toutes les dynasties qui ont existé, celle de David a pu revendiquer à juste titre ; les prophètes n’ont pas manqué de relever toujours cette légitimité du royaume de Juda. Sans doute, un prophète prédit à Jéroboam son avènement au trône d’Israël, et lui annonça même qu’il serait béni s’il était fidèle ; mais une prédiction n’est pas une autorisation (voir 1 Rois 14.14). Jéhu même, nouvel usurpateur, fut également consacré roi d’Israël par un prophète (2 Rois 9.1ss), et la dynastie de Jéroboam tomba comme elle s’était élevée. Le royaume de Juda était garanti, à l’orient, par de puissantes frontières naturelles, contre ses ennemis extérieurs ; mais, des trois autres côtés, il était presque sans défense. Sa durée, jusqu’à sa destruction par les Babyloniens, a été, d’après les calculs les plus exacts, de 387 ou 388 ans (Ézéchiel 4.5, en nombres ronds dit 390), c’est-à-dire de 975-588 av. J.-C. Les chiffres indiqués dans les livres historiques pour le règne de chaque roi porteraient la somme totale des années à 393 ans et six mois ; mais les années n’étant pas toujours complètes, il est bien facile de réduire ce chiffre à celui de 387 sans altérer la justesse des calculs. Voici la liste de ces vingt rois :
Roboam régna | 17 ans | 1 Rois 14.21 |
Abijam | 3 ans | 1 Rois 15.1-2 |
Asa | 41 ans | 1 Rois 15.10 |
Josaphat | 25 ans | 1 Rois 22.42 |
Joram | 8 ans | 2 Rois 8.17 |
Achazia | 1 an | 2 Rois 8.26 |
Athalie | 6 ans | 2 Rois 11.3 |
Joas | 40 ans | 2 Rois 12.1 |
Amatsia | 29 ans | 2 Rois 14.2 |
Azaria | 52 ans | 2 Rois 15.2 |
Jotham | 16 ans | 2 Rois 15.33 |
Achaz | 16 ans | 2 Rois 16.2 |
Ézéchias | 29 ans | 2 Rois 18.2 |
Manassé | 55 ans | 2 Rois 21.1 |
Amon | 2 ans | 2 Rois 21.19 |
Josias | 31 ans | 2 Rois 22.1 |
Joachaz | 3 mois | 2 Rois 23.31 |
Jéhoïakim | 11 ans | 2 Rois 23.36 |
Jéhoïakin | 3 mois | 2 Rois 24.8 |
Sédécias | 11 ans | 2 Rois 24.18 |
Ce fut, pendant toute l’existence du royaume, une seule et même dynastie ; le fils (et presque toujours l’aîné) monta sur le trône à la place de son père, et cet ordre ne fut changé ni par l’usurpation momentanée de Athalie, ni par le meurtre de Joas, ni par celui d’Amon, ni même par l’intervention étrangère qui détrôna Joachaz et lui donna pour successeur Éliakim son frère (Jéhoïakim), et qui, plus tard encore, remplaça Jéhoïachin par son oncle Mattania (Sédécias), frère de Joachaz (2 Rois 11.1 ; 12.20 ; 21.23 ; 23.34 ; 24.17). Malgré la solidité du trône de Juda, presque aucun de ses règnes ne fut tranquille ; dès le commencement il dut lutter contre Israël, et acheta le secours des rois syriens ; puis l’anarchie du royaume schismatique lui donna la paix pour quelques années (1 Rois 14-16). Lorsqu’Israël se fut raffermi, les deux cours rivales conclurent une alliance (1 Rois 22), bientôt suivie d’un mariage (2 Rois 8.18), qui blessa le royaume de Syrie, premier allié de Juda. Les suites de cette alliance furent fâcheuses, sous le double point de vue politique et religieux, pour le royaume de Juda qui n’eût point dû rechercher la faveur des tribus rebelles. Une nouvelle révolution dans le royaume des dix tribus mit fin à cette alliance, et les Syriens irrités fondirent alors sur Juda, qui dut racheter sa faiblesse par de grands sacrifices (2 Rois 12.17). Un succès momentané rendit à Juda son premier courage et remonta son ardeur ; il réussit à ramener sous le joug les Édomites qui l’avaient secoué naguère (2 Rois 14.7), et enivré de cette victoire, il déclara la guerre au royaume d’Israël (2 Rois 14.8) ; mais Jérusalem fut pillée, et la guerre cessa. L’anarchie ayant recommencé en Israël, Juda put respirer un moment plus à l’aise et jouir en paix de ses conquêtes sur l’Idumée (2 Rois 14.22). Puis Israël, remis de ses troubles intérieurs, renouvela ses attaques contre Juda, et s’allia aux rois de Syrie, qui s’emparèrent à leur tour des ports de Édom (2 Rois 16.6). Juda, trop faible pour résister seul, crut se fortifier par une nouvelle alliance avec une puissance infidèle, et rechercha le secours de l’Assyrie, qui s’étendait déjà vers l’Euphrate ; mais au lieu d’être son allié, Juda fut bientôt son vassal tributaire (2 Rois 18.7) ; il dut, comme le cheval de la fable, servir de monture à son libérateur. Il essaya de secouer ce joug, se reposant sur l’appui qu’il attendait de l’Égypte (2 Rois 18.24) ; mais il est probable qu’il n’eût fait qu’aggraver sa position, si un miracle de l’Éternel ne fût venu lui rappeler, en dispersant l’armée d’Assyrie, qu’il vaut mieux se confier en Dieu que de se reposer sur les grands (2 Rois 19). Israël fut emmené captif, les armées de l’Assyrien durent se tourner vers d’autres ennemis, et Juda eut un temps de répit, dont il profita pour rallier sous son autorité religieuse ceux qui étaient demeurés de reste en Israël ; mais bientôt, jeté entre les armées d’Égypte et d’Assyrie, il devint la proie de la première de ces puissances ; la dynastie cède à l’influence malfaisante de l’Égypte, contre laquelle les prophètes avaient déjà de bonne heure essayé de la mettre en garde ; d’un autre côté Nebucadnetsar, le conquérant de Babylone, creuse la fosse où doivent périr l’indépendance et la royauté terrestre de ce petit royaume ; il chasse vers l’occident de l’Asie ses troupes innombrables, pille Jérusalem, conduit en captivité la meilleure partie du peuple, et finit par bouleverser et détruire entièrement capitale et royaume, sous le règne et par la fausse politique de Sédécias, qui n’avait que l’ombre du pouvoir et qui ne la sut pas même conserver (2 Rois 24.20 ; Ézéchiel 17.15).
Le culte du vrai Dieu ne fut jamais entièrement abandonné, alors même que l’idolâtrie avait pris possession du pays, et plusieurs rois s’efforcèrent, comme Josias, de maintenir la pureté du culte et de lui rendre l’éclat qu’il avait eu aux premiers temps de la royauté juive, sous David et Salomon ; cependant ce ne fut, le plus souvent, qu’une religion extérieure et cérémonielle (Jérémie 6.20 ; 7.4). Les prêtres jouirent d’un grand crédit à la cour de plusieurs rois, mais ne réussirent pas toujours à purifier les mœurs, contre le relâchement desquelles les prophètes, et notamment Ésaïe, s’élevèrent souvent et avec énergie. Dans la période qui s’écoula depuis Ézéchias jusqu’à la fin, une lutte s’éleva entre la royauté et l’aristocratie (Ézéchiel 22.6), et les grands essayèrent plus d’une fois de mettre les rois faibles dans une honteuse dépendance ; parfois ils réussirent (Jérémie 4.9 ; 36.12 ; 37.15 ; 38.25).
Comme mœurs publiques, l’Écriture fait ressortir : un fort penchant à l’incrédulité (Ésaïe 5.19 ; 7.13 ; 28.9 ; 29.11 ; 30.9), et un système de désobéissance à quelques-unes des prescriptions de la loi divine, la violation du jour du Seigneur (Jérémie 17.21 ; 34.9 ; Ézéchiel 5.6), un luxe, une mollesse effrénée (Ésaïe 3.16 ; 5.14), qui endurcissait de jour en jour le cœur et aveuglait le peuple (Ésaïe 32.9 ; Ézéchiel 11.3 ; Jérémie 5.3-21) ; l’injustice paraît avoir été à l’ordre du jour, et l’oppression des faibles (Ésaïe 5.20 ; 10.1 ; Jérémie 5.28 ; 22.3) ; le mensonge et la tromperie avaient chassé la confiance mutuelle (Jérémie 9.3) ; enfin le peuple se livrait sans honte comme sans crainte, au culte de dieux étrangers (Jérémie 10.3 ; Ézéchiel 6.5) ; des prêtres même de Jéhovah se joignirent souvent à ces profanations, soit ouvertement, soit en secret (Sophonie 3.4 ; Ézéchiel 44.10). C’est ainsi que ce malheureux royaume mûrissait lentement pour sa ruine ; il ne dut qu’à des circonstances étrangères de survivre comme il le fit au royaume d’Israël. Quant au sort du pays et de ses habitants pendant l’exil, voir Guédalia.
2°. Fils de Johanna (Luc 3.26-27), ancêtre de Jésus par Marie ; inconnu.
3°. Fils de Joseph (Luc 3.30), ancêtre de Jésus par Marie ; inconnu.