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1°. Nommé d’abord Osée (délivrance), était fils de Nun, de la tribu d’Éphraïm ; il sortit d’Égypte, le pays de sa naissance, sous la conduite de Moïse à qui il devait un jour succéder dans le commandement du peuple. Chef des guerriers au désert, il se distingua d’abord par la défaite des Amalékites (Exode 17.9), accompagna Moïse sur le Sinaï (24.13), fut chargé de la garde du tabernacle d’assignation (33.11), et, jaloux des privilèges de son maître et ami, voulut empêcher des prophètes de prophétiser (Nombres 11.28). Il fut un des douze espions envoyés en Canaan (Nombres 13.9), et c’est alors que son nom fut changé pour lui rappeler, à lui et à ses compagnons, qu’il n’y a qu’une seule délivrance efficace ; mais seul avec Caleb, il montra par ses œuvres la fermeté de sa foi, et seuls ils échappèrent à la sentence de mort prononcée contre tout Israël (Éléazar et les lévites furent probablement aussi exceptés). Son courage, ses talents et sa fidélité éprouvée, le firent sans doute choisir par l’Éternel pour remplacer Moïse dans la conduite des milliers d’Israël, et il fut revêtu de l’autorité suprême en présence du peuple et d’Éléazar le souverain sacrificateur (Nombres 27.18 ; Deutéronome 31.3). Il reçut encore les ordres de son maître (Nombres 32.28), entendit avec joie son dernier cantique de bénédictions (Deutéronome 32.44), et entra sans difficultés dans l’exercice de ses nouvelles fonctions (Josué 1.1). Son ministère est inauguré par une vision magnifique, destinée à lui confirmer de la part de l’Éternel les promesses qui lui ont été faites par Moïse, et à l’encourager à monter hardiment contre les nations guerrières et puissantes qu’il a devant les yeux et dont la conquête lui est assurée. Des espions sont envoyés ; sur leur rapport, Josué donne trois jours à l’armée pour se préparer, les eaux du Jourdain se partagent miraculeusement pour donner au peuple élu un libre et franc passage dans la terre de la promesse, un autel s’élève en souvenir de cette consécration solennelle de la mission de Josué, semblable à celle qu’avait obtenue Moïse dans le lit de la mer Rouge. Avant de procéder à la conquête de Jéricho, les Israélites sont circoncis ; ils célèbrent la Pâque, qu’ils n’ont pas encore célébrée depuis le départ de l’Égypte, et qu’ils ne devaient pas célébrer non plus (Exode 13.5) ; enfin la manne cesse de tomber, et le peuple se nourrit de la nourriture de l’homme et trouve du grain en abondance (Josué 5.11). Les ennemis d’Israël, quoique vaillants et résolus à se défendre avec courage contre le petit peuple qui veut les envahir, deviennent lâches, et leurs cœurs se fondent à l’ouïe des merveilles que Dieu a faites pour Israël. Une première conquête achève d’effrayer les anciens habitants de Canaan, et d’encourager les nouveaux ; c’est la prise de Jéricho, la clef du pays, la ville forte, la ville aux solides murailles. Elle tombe devant les cris de joie et d’espérance du peuple, devant ses promenades solennelles et silencieuses que trouble seulement le bruit éclatant des trompettes ; les murailles s’écroulent, la ville est mise à sac, tout est égorgé ou brûlé, Rahab seule, avec la maison de son père et tous ceux qui étaient en elle est épargnée, parce qu’elle avait épargné ses hôtes (Josué 6). De là, sur le rapport de quelques espions, 3000 hommes sont envoyés contre Ai ; mais Josué avait oublié de consulter l’Éternel, les 3000 hommes sont battus, et Dieu révèle à Josué les causes de cette défaite, le péché d’Acan. Après le châtiment du coupable, Israël, prêt à faire la volonté de l’Éternel, peut marcher en avant, Ai est aisément subjuguée, et Dieu permet aux vainqueurs de se partager les dépouilles au lieu de les mettre à l’interdit. Cependant les rois de Canaan se réunissent pour combattre l’ennemi commun ; les Gabaonites seuls, usant de ruse, réussissent à se mettre sous la protection d’Israël, et s’ils deviennent coupeurs de bois et puiseurs d’eau, ils ont au moins le droit d’habiter en la maison de l’Éternel, et d’être protégés par Israël dans la mauvaise fortune. Irrités de cette défection, les rois de Canaan commencent les exploits de leur ligue par le siège de Gabaon, mais là déjà ils éprouvent les coups de Josué, en même temps que les Gabaonites peuvent se féliciter de l’alliance qu’ils ont faite ; un grand carnage a lieu, les cinq rois sont mis en fuite, le jour est trop court pour l’achèvement de la victoire, Josué commande au soleil et à la lune de s’arrêter, et les cinq rois sont mis à mort au fond de la caverne dans laquelle ils ont cherché leur refuge. Profitant de ses avantages, Josué assiège plusieurs autres villes cananéennes, Makkéda, Libna, Lakis, Églon, Hébron, il saccage tout le pays depuis Kadès-Barnéa jusqu’à Gaza, de Goshen jusqu’à Gabaon, et devenu maître de toute la partie méridionale de Canaan, il rentre triomphant à Guilgal où le peuple était campé. Une ligue du Nord succéda à la ligue du Midi, Jabin succéda à Adonitsédec, et malgré leur multitude ils ne furent pas plus heureux, ils ne s’assemblèrent que pour être détruits d’un seul coup. Josué les chargea à l’improviste, et les battit tellement qu’il n’en laissa échapper aucun ; il revint de là à Hatsor, qu’il brûla ainsi que toutes les villes d’alentour, et en fit mourir les enfants, les rois et les chevaux. Mais il fallut quelques années pour réduire à l’obéissance tout le pays, car ces petits rois se succédaient les uns aux autres à mesure que Josué en abattait quelques-uns, et il fallut leur faire la guerre à tous, aucun ne s’étant rendu sans combat. Ce ne fut donc que six ou sept ans après leur entrée en Canaan que les Israélites purent commencer le partage des terres, étant maîtres alors de tout le pays, à l’exception de quelques villes, Gaza, Gath et Asdod, qui étaient restées aux Anakins, et de quelques peuplades qui purent conserver longtemps encore leur indépendance, n’ayant pas été exterminées lorsqu’elles pouvaient l’être, et comme Dieu avait ordonné à Josué de le faire.
On suppose en général que le sacrifice du mont Ébal (8.30-35) dont nous avons parlé en son lieu, ne fut célébré qu’alors, une fois que le peuple put se reposer enfin de ses longues et pénibles guerres. C’est dans le même temps à peu près que se passa la touchante scène d’une noble querelle, de franches explications, et d’aimable réconciliation ; ce furent des jours de réveil qui peuvent compter parmi les plus beaux de toute l’histoire d’Israël (Josué 22).
Deux tribus et demie demeuraient au-delà du Jourdain ; la terre promise devait être partagée entre les autres neuf et demie ; ce partage se fit peut-être au fur et à mesure que le peuple avançait dans le pays, et proportionnellement à la force et à la population des tribus ; les villes de refuge furent désignées, et les Lévites se virent assigner les lieux de leur héritage. Lorsque tout fut en règle à cet égard, que les tribus furent entrées en possession de leur territoire, et que les parts furent faites, Josué crut pouvoir à son tour se choisir un héritage avec le consentement du peuple, et il prit Thimnath-Sérakh en la montagne d’Éphraïm. Servi le dernier, il dut se contenter encore d’une petite ville peu importante, située dans une contrée moins favorisée que d’autres, mais il était près de Silo, et le voisinage du saint lieu ne fut sans doute pas sans influence sur son choix.
Josué avançait en âge, il touchait au terme de sa carrière, il avait été une lumière ardente et vive ; l’Écriture sainte nous présente peu de caractères qui aient été aussi actifs au service de leur maître, aussi fidèles dans leur profession, aussi inébranlables dans leur foi ; l’histoire tout entière ne présente aucun conquérant dont les guerres offrent le même caractère de justice dans le but, et sans préoccupation personnelle dans l’exécution. Il mourut comme il avait vécu ; sa dernière pensée fut pour la gloire de son Dieu et pour le bonheur de son peuple. Âgé de cent dix ans, et voyant approcher son heure, il fit convoquer toute l’assemblée d’Israël, ses anciens, ses chefs, ses juges et ses officiers, et lui, seul survivant de tous ceux qui avaient vu la captivité de l’Égypte, seul survivant de tous ceux qui avaient vu les scènes du désert, gouverneur de vingt-cinq années et vrai patriarche et roi du peuple, il ne parle à ceux qui l’entourent, ni de lois, ni de conquêtes, ni d’administration ; un mot suffit à ses victoires, et son discours d’adieu ne suffit pas à leur dire tout ce qu’il voudrait sur les dangers de l’idolâtrie, et l’importance pour eux tous de rester fidèles à ce Dieu qui leur avait toujours été fidèle. Peu de temps après, il les rassemble de nouveau en Sichem pour leur adresser une dernière fois des paroles d’exhortation, il leur rappelle les merveilles que Dieu a faites en leur faveur, et les presse de se décider d’une manière franche sur le Dieu qu’ils veulent adorer ; mais pour moi, leur dit-il, pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. Alors il traite alliance avec le peuple, lui propose des ordonnances et des statuts, met par écrit tout ce qui vient de se passer, et dresse pour monument une grande pierre sous un chêne : puis il s’endort âgé de cent dix ans, et le peuple qui le pleure et qui n’a plus de chef, l’ensevelit à Thimnath-Sérakh dans le lieu de son héritage.
Le nom de ce pieux conquérant se retrouve en Juges 1.1 ; Néhémie 8.17 ; Actes 7.45 ; Hébreux 4.8.
Josué paraît être l’auteur du dernier chapitre du Deutéronome ; quant au livre qui porte son nom, les Juifs le lui attribuent assez ordinairement ; cependant il ne paraît pas qu’il en soit l’auteur ; les uns y voient un extrait du livre de Jahzer ou du Droiturier (Josué 10.13) ; d’autres pensent qu’il a été composé par Éléazar le souverain pontife, contemporain de Josué ; d’autres enfin supposent, avec vraisemblance, que Josué a écrit quelques mémoires détachés, qui ont été plus tard réunis, complétés, et rédigés par un prophète, Esdras par exemple.
La célèbre station du soleil et de la lune, qui a été l’objet de tant de plaisanteries, d’explications, de doutes et d’hypothèses, forme la principale difficulté de l’histoire de Josué, et l’une des plus grandes de la révélation tout entière. On a essayé des traductions différentes du texte, on a imputé à la poésie des paroles qui appartiennent à la prose, on a fait de l’armée des cieux une armée terrestre, du soleil qui brille au firmament l’étendard d’une des compagnies de Josué, de la reine des nuits le drapeau d’un autre corps d’armée, des paroles prophétiques de Josué un ordre stratégique donné à ces compagnies de se poster, l’une sur Gabaon, l’autre sur les hauteurs qui dominent la vallée d’Ajalon. Ces diverses tentatives, toutes plus ou moins hasardées, toutes forcées, car l’interprétation littérale est la seule naturelle, doivent leur naissance aux nombreuses objections, aux difficultés réelles que soulève le récit biblique dès qu’on le prend à la lettre. Nous n’appellerons pas sérieuse l’objection tirée du langage même de Josué, qui paraît supposer le mouvement du soleil, et non la rotation de la Terre. Josué parle comme tout le monde, comme les plus savants, comme l’Annuaire du Bureau des longitudes ; tout le monde dit : Le lever, et le coucher du soleil. Et, comme Chaiibard le fait remarquer, l’ordre de s’arrêter, donné simultanément au soleil et à la lune, non seulement ferait supposer, mais prouve même que Josué, ou celui qui lui dictait ses paroles, ne confondait point à cet égard l’apparence avec la réalité. Mais on peut regarder comme sérieuses les trois objections suivantes, auxquelles nous répondrons en peu de mots : a) Si la terre s’est réellement arrêtée, tout ce qui était alors debout, principalement dans les zones torride et tempérées, arbres, maisons, hommes, animaux, doit avoir été à l’instant même renversé et brisé par la violence du choc de l’atmosphère. Oui, si l’atmosphère ne s’est point arrêtée avec la terre ; non, si au contraire l’atmosphère, qui fait en quelque sorte partie intégrante du globe, s’est arrêtée avec lui ; non, surtout, si l’arrêt, au lieu d’être subit, a été graduel. b) Il répugne d’admettre comme historique un passage dont on s’est autorisé pour condamner Galilée et le véritable système du monde. Sans doute ; mais comme ce passage n’a été qu’un prétexte mal compris, on aurait tort de conclure de l’abus contre l’usage. c) Mais la plus grave objection, c’est que, d’après le récit biblique, ce dérangement du système de l’univers, ce bouleversement de toutes les lois du mouvement des corps célestes, ce cataclysme général, n’aurait eu lieu que pour donner aux Israélites le temps de consommer la déroute de leurs ennemis, lorsqu’il y aurait eu une foule d’autres moyens moins effrayants, moins effroyables, pour obtenir le même résultat.
Les réponses à cette objection sont faibles, du moins à notre point de vue. On peut dire que Dieu subordonnait la terre entière aux succès de son peuple, comme il subordonne à notre globe le récit de la création tout entière ; que la prise de possession des Israélites devait être marquée par des signes dans le ciel et sur la terre ; que Dieu se proposait peut-être de détruire une partie du monde d’alors par un déluge partiel (voir plus bas), et que les deux faits ont coïncidé ; que dans la bouche de Josué, inspiré de l’Esprit de Dieu, ces paroles sont moins un ordre qu’une proclamation ; qu’il se borne à annoncer le fait que Dieu lui a révélé ; que, dans tous les cas, les historiens juifs sont bien excusables d’avoir attribué à une intervention de Dieu en leur faveur le prolongement de jour qui leur a assuré la victoire, etc. Mais si ces réponses sont faibles, nous pouvons demander aussi quelles conclusions l’on veut tirer de l’objection. En conclura-t-on que la station du soleil et le double jour qui en est résulté soient des faits imaginaires ? Ici nous en appelons à la géologie, et nous trouvons une fois de plus, que le plus ancien de tous les livres en est aussi le plus vrai, à quelque point de vue qu’on le considère, et que la science ne mérite son nom que lorsque ses progrès l’ont conduite jusqu’à rendre témoignage à la révélation.
Si la terre s’est réellement arrêtée, que le temps d’arrêt ait été de 40 secondes, ou de 18 minutes, peu importe (v. Gaussen, Théopneustie, p. 360.ss.), l’immensité des eaux de la mer a dû nécessairement continuer le mouvement qui lui était commun avec le globe, et se déverser ainsi sur les continents ; et, en second lieu, le globe cessant d’être sollicité à s’aplatir vers les pôles par la rotation, a dû tendre à reprendre sa forme, sphérique originelle, se renfler vers les pôles, se rétrécir à l’équateur ; de là des convulsions, des tremblements de terre, des ruptures. Or, la géologie et les traditions rendent témoignage de ce double phénomène.
La tradition : en effet, le déluge de Deucalion, selon la chronologie vulgaire, remonte à l’an du monde 2504 environ ; Josué, né l’an 2460, aurait eu alors quarante-quatre ans (il était certainement plus âgé, mais lorsqu’il s’agit de déluges, et dans des temps où l’art des dates n’était pas très avancé, l’on doit se contenter de dates qui concordent à un demi-siècle près) ; la coïncidence entre ces deux événements paraît prouvée ; on peut en dire autant du déluge d’Ogygès, appelé aussi Ogygus, et peut-être le même que l’Augias des fables grecques, dont Hercule nettoya les étables par une inondation. Platon, dans son Timée, fait intervenir des prêtres égyptiens, qui reprochent aux Grecs de ne parler jamais que d’un seul déluge, alors qu’il y en a eu plusieurs, « un déluge, entre autres, accompagné de tremblements de terre, qui dura l’espace d’un jour et d’une nuit (24 heures), et engouffra l’Atlantide elle-même, qui disparut entièrement, abîmée sous les flots », etc. Le long jour des Hébreux se retrouve encore sous le déguisement d’une double nuit, dans les traditions des Latins et des Grecs, qui l’attribuèrent aux voluptueux caprices de Jupiter (Ovid. Amor. 1, 13. Prop. 2, 22. Lucain, Phars. 6.). La double nuit correspond au double jour si, comme on va le voir, la station de la terre a eu lieu peu après le lever du soleil ; alors il devait encore faire nuit chez les Grecs, et la variante de la tradition prouve, mieux que ne ferait son entier accord, la réalité même du fait.
La géologie, avons-nous dit, rend témoignage à l’histoire. Au moins on a constaté une formation de terrains tertiaires de transports dont on a été longtemps avant de reconnaître le caractère spécial, et qu’on ne peut expliquer que par une inondation violente, subite, courte, générale, mais partout partielle, dirigée de l’occident à l’orient, et parfois, par suite de circonstances particulières, du nord-ouest au sud-est, beaucoup plus forte vers l’équateur que vers les pôles, autant de caractères qui ne s’expliquent que par une suspension momentanée du mouvement de rotation du globe. Cette formation, confondue tantôt avec les terrains secondaires supérieurs, tantôt avec les alluvions modernes qui se forment sous nos yeux, comprend les grands dépôts de sable de l’Afrique occidentale (Sahara, etc.), des côtes occidentales et boréales de l’Europe et de la Nouvelle-Hollande, les dépôts arénacés de la Sibérie, avec les gros quadrupèdes qui y ont conservé leurs poils et leur peau, les brèches coquillières ou falun, les brèches osseuses du calcaire jurassique, les cavernes à ossements du même dépôt ; les coquillages bivalves qu’on y rencontre y sont entassés sans ordre, tandis que dans les autres formations ils sont toujours dans leur position naturelle, c’est-à-dire, leur valve supérieure en haut. Ce fait démontre la soudaineté et la brièveté de la catastrophe. Les forêts souterraines qu’on trouve ensevelies sous les sables de la Russie septentrionale sont dirigées du nord-ouest au sud-est ; enfin l’on voit en Auvergne des produits volcaniques et pseudo volcaniques, alternant avec les sables et graviers qui recouvrent les formations secondaires les plus récentes de ces contrées, et l’on a reconnu parmi les fossiles carbonisés, au-dessous d’un de ces amas volcaniques, une planche travaillée par la main de l’homme (à Boutaresse), ce qui semble faire remonter à une date comparativement peu ancienne l’amas de ces terres sableuses et crétacées, et le gisement de cette formation.
Ces faits qui rendent plausible, probable, et même nécessaire, l’interruption momentanée du mouvement de rotation de la terre, ces faits dont le souvenir s’est conservé ailleurs que chez les Hébreux, et qui semblent écrits sur les ruines qui couvrent la surface du globe, sont développés dans les Éléments de géologie du modeste et savant Chaubard (1833), de manière à ne laisser presque aucun doute dans l’esprit. Il nous a paru convenable d’en reproduire les traits principaux, à cause de l’importance du sujet, et de l’invraisemblance apparente du miracle. La station de la terre se place donc, comme phénomène, sur le même rang que le phénomène de la création et celui du déluge, et si sa cause nous paraît moins digne du but, nous répondrons encore avec Chaubard : Quelles conclusions veut-on en tirer ?
Ajoutons, d’après le même géologue :
a) que Josué se trouvait vers la position de Beth-Horon-la-Basse au moment où le soleil suspendit sa course ;
b) que, vu de là, le soleil avait en ce moment 24° 10’ environ d’amplitude ortive nord ;
c) que ce jour est postérieur au 20 mars et antérieur au 24 juillet ; Chaubard le fixe au 5 juillet environ ; la lune devait se trouver dans son troisième quartier ;
d) enfin, que le soleil n’était levé que depuis 26 ou 27 minutes lorsqu’il s’est arrêté.
Voir sur l’ensemble de cette question Chaubard, Elém., p. 267-334. La géologie renferme encore tant de mystères que l’on ne saurait rien affirmer ; chaque savant présente son système, et nous commande le doute par son absolutisme même. Il suffit d’ouvrir un ouvrage quelconque pour s’en convaincre. Le travail de Chaubard nous a paru ne pas répondre à tout d’une manière satisfaisante, mais il a le grand mérite d’être simple, sans prétentions, naturel, et de se rapprocher de la révélation plus que tous les autres systèmes, ce qui est une garantie contre l’erreur, car c’est toujours là qu’il faut en revenir. Ce qu’il dit des terrains de la dernière formation est d’ailleurs plus fort et plus solide que les raisons qu’il allègue pour expliquer les formations précédentes.
2°. Josué, le Beth-Shémite (1 Samuel 6.14). C’est au milieu de son champ que s’arrêtèrent les jeunes vaches que les Philistins avaient attelées au char qui devait emmener du milieu d’eux l’arche sainte. Les deux génisses furent offertes en holocauste à l’endroit même où elles s’étaient arrêtées, mais l’indiscrète curiosité des Bethsémites donna à ce lieu un renom de malheur, à cause de la plaie soudaine qui fut leur châtiment.