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Romains 5.12 Plan Le péché et la mort s’étendent d’Adam sur tous les hommes Par un seul homme, le péché et la mort sont entrés dans le monde et ont pénétré dans tous ; d’où il est résulté que tous ont péché ; car le péché était dans le monde avant que la loi eût été promulguée, et, bien que le péché ne soit pas imputable en l’absence d’une loi, la mort a cependant atteint, dans la période d’Adam à Moïse, ceux qui n’avaient pas transgressé de défense expresse, comme Adam l’avait fait, ce type du Sauveur qui devait venir (12-14)
La justification qui donne la vie est assurée à tous par Jésus-Christ
a) L’œuvre de Christ est supérieure en puissance à celle d’Adam. Si la faute d’un seul homme a eu pour conséquence la mort de tous les autres, à plus forte raison le don que Dieu, dans sa grâce, nous fait du Sauveur, aura-t-il une efficacité encore supérieure, et procurera-t-il la justification à ceux qui ont encouru la condamnation par suite de la seule faute d’Adam. Si la faute d’un seul a fondé le règne de la mort, à plus forte raison ceux qui reçoivent la grâce sont-ils assurés de régner dans la vie par Jésus-Christ (15-17)
b) La justification en Jésus-Christ opposée à la condamnation en Adam. Donc, comme par une seule faute tous ont été condamnés, de même tous sont justifiés par une seule déclaration de justice. Car si la désobéissance d’un seul a constitué pécheurs tous les autres, l’obéissance d’un seul constituera justes tous les autres (18, 19)
Le rôle de la loi
Entre le règne du péché et de la mort et celui de la vie, la loi est intervenue, pour que la faute d’Adam portât tous ses fruits ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ; et cela, afin que, comme le péché a régné en donnant la mort, la grâce règne par la justice, pour nous mettre en possession de la vie éternelle par Jésus-Christ, notre Seigneur (20, 21)
Adam et Christ. 5.12-21
12 à 21 La puissance de mort, exercée par la faute d’Adam, garantit l’efficacité de la grâce manifestée en Jésus-Christ.
Jusqu’ici, Paul a montré le péché avec ses suites funestes (Romains 1.18-3.20 ) et la justification avec ses conséquences réparatrices (Romains 3.21-5.11 ).
Maintenant, embrassant d’un regard ces deux grands faits qui sont comme les deux pôles de l’histoire de l’humanité, il va remonter à la source de ce double courant de mort et de vie, à Adam et à Christ, entre lesquels il établit un long parallèle (versets 12-21 ).
Il nous montre l’histoire de l’humanité qui se partage en deux grandes périodes. Adam est à la tête de la première et la domine, Christ domine la seconde. L’économie temporaire de la loi forme la transition de l’une à l’autre.
De plus, dans sa comparaison entre Adam et Christ, l’apôtre se livre à un raisonnement par lequel il démontre la supériorité de l’œuvre rédemptrice du Christ sur l’œuvre destructrice qui a été la conséquence de la chute d’Adam. Si la faute d’Adam a entraîné tous les hommes dans le péché et la mort à plus forte raison la rédemption accomplie par Christ doit-elle être une source de salut et de vie pour tous.
Cette conclusion est le but principal de tout ce développement par lequel l’apôtre achève de montrer la valeur de la justification opérée par Christ, et de prouver au croyant qu’il peut être assuré de son salut final.
L’apôtre introduit son parallèle entre Adam et Christ par : c’est pourquoi , non qu’il l’envisage comme la conclusion logique de l’affirmation du verset 11 ; mais parce qu’il le rattache à tout l’enseignement précédent depuis Romains 1.18 , et le présente comme un regard en arrière, par lequel il considère les deux faits du péché et de la justification dans leur source et dans leurs effets.
Nous ne pouvons pas voir plus clairement ce que nous possédons en Christ que par la démonstration de ce que nous avons perdu en Adam. Il est une manière de concevoir notre humanité, contraire aux données de l’expérience comme aux affirmations de l’écriture sainte, qui ne permet pas de comprendre la pensée que Paul va développer, car elle ne tend à rien moins qu’à nier également les effets de la chute d’Adam et l’œuvre rédemptrice du Sauveur ; c’est la conception qui fait de l’humanité une agrégation d’individus indépendants les uns des autres, qui ne soit unis par aucun lien de solidarité.
Dans cette idée, Adam et Jésus-Christ n’ont exercé d’influence sur les autres hommes, l’un pour les entraîner au péché, l’autre pour les conduire à la justice, que par leur exemple et nullement par une action résultant d’un lien organique entre eux et le reste des hommes.
L’Écriture, au contraire, nous présente l’humanité comme une famille dont chaque membre, tout en demeurant individuellement responsable, fait partie intégrante de l’ensemble et ne peut répudier La solidarité avec tous les autres membres de la famille.
Diverses images sont employées dans l’écriture pour mettre en lumière cette vérité : c’est la relation entre les membres du corps humain, (1 Corinthiens 12.20 et suiv) entre les sarments d’un même cep, (Jean 15.1 et suivants) entre les branches et le tronc de l’olivier (Romains 11.17 et suivants). Or, dans un arbre, il est plus d’une branche dont l’existence n’est pas nécessaire à la plante ; elles peuvent être retranchées sans que l’arbre meure. Mais il est deux circonstances où la destruction d’une faible tige entraîne la mort de la plante : c’est d’abord quand la plante sort de son germe et est encore bien fragile ; c’est ensuite quand, par l’opération de la greffe, une branche nouvelle a été entrée sur le vieux tronc. La destruction de la tige ou de la branche greffée anéantit la plante, ou rend vaine l’opération de la greffe. Il y a eu de même dans le développement de notre humanité deux êtres dont l’existence a déterminé la vie du corps entier Adam et Christ. Adam d’abord, duquel est sorti la race, s’il était mort sans descendants, aussitôt après la chute, l’humanité aurait péri dans sa personne, tandis que la blessure que le péché lui a infligée a nui à tout le développement de la race, de même que l’arbre dont la tige a été courbée, croit de travers. En second lieu Christ. Il est à la descendance d’Adam ce que la greffe est à l’arbre sauvage. S’il avait été retranché avant que son œuvre eût été accomplie, l’humanité serait restée dans son état naturel, comme le sauvageon quand la greffe a été détruite. Mais la greffe généreuse subsiste ; elle change la nature de toute la plante. Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde , comparez Genèse 3.1 et suivants
Il ne faut pas entendre par le péché le premier péché envisagé comme action isolée, ni le penchant à pécher, ni même exclusivement la corruption de l’humanité. Ce terme est pris dans sa plus grande généralité : le péché de l’homme, le fait qu’il est devenu étranger à la communion avec Dieu, et en outre toutes les conséquences de la chute, tous les péchés considérés dans leur ensemble comme un tout dont l’humanité entière est responsable.
Le monde , ce sont les hommes en général, l’humanité, comparez Jean 3.16 ; l’expression est équivalente à celle qui suit : tous les hommes .
Le péché est entré dans le monde , c’est-à-dire le principe du mal s’est implanté dans l’humanité, où il exerce dès lors son action funeste. Le premier homme, en donnant par sa désobéissance accès dans son propre être à la puissance du mal, a infecté l’espèce entière, car c’est une nature corrompue qu’Adam a transmise à ses descendants.
Et par le péché la mort : telle est la constatation à laquelle l’apôtre voulait en venir, la suite montre qu’il lui importait moins de marquer l’origine du péché que celle de la mort.
La mort peut être la mort physique, la mort spirituelle de l’être moral, ou la mort éternelle, la condamnation définitive du pécheur. Le second sens est exclu, car la mort spirituelle ne saurait se distinguer du péché. On ne saurait s’arrêter au troisième sens, car l’apôtre ne peut vouloir dire que, par la seule faute d’Adam, les autres hommes sont voués à la mort éternelle (versets 15, 17 ).
Ce « règne de la mort », dont il est question dans versets 14, 17 , ne peut être que celui de la mort physique. L’homme, exclu de la communion de Dieu par le péché, dut reconnaître, à la mortalité de son corps débile et à toutes les souffrances qui procèdent sa dissolution, qu’il s’était séparé de la source unique de la vie.
Que la mort physique, avec toutes les misères qui l’accompagnent, ne fut point originairement dans le dessein de Dieu qu’elle n’est pas une nécessité inhérente à la nature de l’homme, mais bien l’exécution de la sentence prononcée sur le péché (Genèse 2.17 ; Genèse 2.3 .19 ) c’est là une vérité que l’apôtre suppose admise, qu’il se contente d’affirmer, parce qu’elle est clairement enseignée dans l’Écriture sainte.
La rédemption par Jésus-Christ est destinée à nous délivrer de cet ennemi dont nous sommes devenus la proie (Romains 5.17 ; Romains 5.21 ; 1 Corinthiens 15.21-26 , 1 Corinthiens 15.54-56 ; Hébreux 2.15 ).
Et ainsi , après qu’elle fut entrée dans le monde par le péché et parce qu’elle est le salaire du péché, la mort a pénétré dans tous les hommes, sur quoi tous ont péché .
La plupart traduisent : parce que tous ont péché ; mais la locution employée n’est pas la conjonction qu’on rend habituellement par parce que , elle est formée du pronom relatif et d’une préposition qui signifie primitivement sur , puis par dérivation « dans » et « pendant ».
On ne peut toutefois traduire avec la Vulgate : « dans lequel, Adam tous ont péché ; » ni : « dans laquelle mort (spirituelle) tous ont péché ».
De l’avis de la grande majorité des interprètes, le pronom relatif est au neutre, et selon qu’on le rapporte à ce qui précède ou à ce qui suit, il faut traduire : sur le fondement duquel fait (l’entrée dans le monde du péché et de la mort) tous ont péché ; ou : sur le fondement du fait que tous ont péché .
Dans 2 Corinthiens 5.4 et Philippiens 3.12 , la locution présente ce dernier sens ; mais Philippiens 4.10 peut être invoqué en faveur du premier sens. La plupart cependant adoptent la seconde signification et traduisent : sur ce que, en raison de ce que, parce que .
Beaucoup de commentateurs estiment que le but de cette proposition est de présenter la mort de tous les hommes comme la conséquence, non du péché d’Adam, mais des péchés par lesquels ils l’ont eux-mêmes méritée : elle les atteint parce qu’ils ont tous péché .
De même que le pécheur doit s’approprier personnellement par la foi la justice que Christ lui a acquise, de même il n’encourt le châtiment de la mort que parce qu’il pèche volontairement et s’associe ainsi d’une manière consciente à la révolte d’Adam.
Cette interprétation se heurte à de graves objections.
L’apôtre contredirait dans cette dernière proposition ce qu’il vient d’enseigner dans la première partie du verset : « par un seul homme , le péché est entré dans le monde et par le péché la mort , et ainsi la mort a pénétré dans tous les hommes ». Il ressortait clairement de ces paroles que le péché d’Adam est la cause de la mort universelle. Et c’est ce que confirment les déclarations qui vont suivre : « par la faute d’un seul, tous les autres sont morts : » (verset 15 ) « par la faute d’un seul la mort a régné par ce seul » (verset 17 ). Toute l’argumentation des versets versets 12-21 repose sur l’idée que Christ seul est la cause de la justification, comme Adam seul a été la cause de la condamnation. Si celle-ci était motivée par les fautes individuelles des pécheurs, la justification aussi devrait être, en partie du moins, l’œuvre du croyant. La suite des pensées dans versets 13, 14 ne peut s’établir d’une manière naturelle si l’on admet que Paul considère la mort comme une conséquence des transgressions individuelles. Il faudrait alors considérer verset 13 comme l’énoncé d’une objection : la mort a régné avant la promulgation de la loi qui seule rendait le péché imputable, et verset 14 comme la réponse à cette objection. Paul l’écarterait par une fin de non recevoir justifiée par la pensée qu’il exprime ailleurs : (Romains 1.21 ; Romains 2.14 ; Romains 2.15 ) ceux qui n’ont pas de loi révélée ont cependant la loi écrite dans leur cœur. Cette interprétation, on le voit, nous oblige de sous-entendre des pensées importantes. Au contraire, si l’on admet que Paul voit dans la faute d’Adam la cause de la mort de tous, (verset 12 ) les versets versets 13, 14 présentent la confirmation (car ) de cette thèse dans le fait que la mort a régné d’Adam à Moïse, frappant ceux qui n’avaient pas péché par une transgression positive comme celle du premier homme, et cela en dépit du principe que le péché n’est pas imputé quand il n’y a pas de loi.
Les interprètes qui se rendent à ces raisons expliquent de deux manières la proposition incidente : sur quoi ou parce que tous ont péché. Ceux qui admettent la traduction : parce que tous ont péché, sous-entendent : « en Adam ». Ils expliquent l’omission de ce complément : « en Adam », qui exprime pourtant l’idée essentielle, en disant que la pensée par laquelle débutait le passage : par un seul homme , etc. remplissait tellement l’esprit de l’apôtre qu’il n’a pas jugé nécessaire de la répéter.
Cette explication, si plausible qu’elle soit, n’est pourtant pas entièrement satisfaisante. Elle revient, somme toute, à attribuer à Paul la doctrine augustinienne d’une participation effective de tous les hommes au péché de leur premier père et d’une imputation de la faute d’Adam à ses descendants ; tandis que la seule vérité clairement enseignée dans notre passage, c’est que la mort de tous les hommes remonte à la faute du premier homme. Et il semble qu’en ajoutant : sur le fondement duquel fait tous ont péché , l’apôtre veut prévenir des conclusions excessives qu’on courrait tirer de sa précédente thèse.
Étant donnée la situation créée par la faute d’Adam, tous ont péché , dit l’apôtre, pour marquer la culpabilité personnelle de tous ceux qu’atteint la sentence de mort, qui, par conséquent, n’est pas moins justifiée pour eux que pour le premier homme.
Nous adoptons donc, pour la locution si discutée, la première des deux significations indiquées, et nous rapportons le pronom relatif à l’ensemble des faits qui viennent d’être affirmés : par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort et ainsi la mort a pénétré dans tous les hommes, sur le fondement de ces faits, dans cet état de choses créé par la chute d’Adam, tous ont péché ; c’est un fait d’expérience.
Ces paroles sont admirablement choisies pour exprimer et la chute de l’humanité en Adam et la responsabilité individuelle, en vertu de laquelle chaque pécheur n’est puni que pour les péchés qu’il a commis, le sachant et le voulant.
Ce verset forme une phrase inachevée. Le second terme de la comparaison serait : « de même, par un seul homme, Jésus-Christ, la grâce et la vie sont entrées dans le monde » Dès la fin du verset 14 , la comparaison est reprise, elle est complètement énoncée aux versets 18 et 19 .
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