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Psaumes 2.12 Embrassez le Fils . On embrasse en Orient la main des monarques ou le bord de leur vêtement. Le baiser était un signe de soumission, parfois même d’adoration (1 Rois 19.18 ; Osée 13.2 ; comparez Job 31.27 ).
On a contesté la traduction : embrassez le Fils , par la raison que le mot bar , dans le sens de fils , est étranger à l’hébreu ordinaire et appartient plutôt à l’araméen. Mais l’emploi de cet idiome est naturel dans ce passage, si l’auteur, faisant allusion aux circonstances de son temps, s’adresse à des rois étrangers, surtout aux chefs araméens des alentours. Comparez Jérémie 10.11 , où le prophète met dans la bouche des Israélites captifs, en termes chaldéens, l’avertissement qu’ils doivent adresser aux païens qui les environnent. On trouve d’ailleurs le mot bar employé Proverbes 31.2 . Enfin des raisons d’euphonie empêchaient d’employer ici le mot usuel de ben : fils , qui ressemble trop à celui de pen : de peur que , qui suit immédiatement. Les traductions différentes que l’on a proposées donnent un sens peu satisfaisant, même banal, qui contraste avec la grandeur de tout le poème (armez-vous de loyauté, embrassez le pur, servez purement).
Heureux… Lumineuse perspective, au milieu de sombres nuages. Mais jusque dans cette promesse on entend gronder encore la menace (se réfugient ! … ).
Le psaume 2 peut être comparé au portique grandiose qui ouvre le palais d’un roi. Dès l’entrée du livre des Psaumes nous nous trouvons en face, d’une grande prophétie messianique. L’Église ne s’est pas trompée, lorsqu’elle a reconnu son Seigneur et son Sauveur en la personne de ce roi que t’Éternel lui-même appelle son Fils. D’ailleurs, soit dans son ensemble, soit dans ses détails, le psaume s’applique beaucoup plus aisément à la personne du Christ qu’à n’importe quel roi d’Israël. Il est l’Oint de l’Éternel dans le plein sens du mot. Le fait même qu’Israël attend encore son Messie prouve qu’à ses yeux tous ses rois, y compris David, n’ont reçu l’onction divine que d’une manière imparfaite et symbolique. Nous avons vu que le titre de fils, donné d’une manière générale par l’Éternel à la postérité de David, lors de la déclaration faite par Nathan, n’a été appliqué dans la suite, avec la plénitude du sens qu’il renferme, à aucun roi d’Israël. De plus, lequel de ces rois a pu aspirer à recevoir toutes les nations en héritage et à étendre son règne jusqu’aux extrémités de la terre ? Enfin le sujet même du psaume, la révolte générale des nations, ne trouve place ni dans l’histoire de David, ni dans celle de ses successeurs. David a vu se former contre lui de redoutables coalitions (2 Samuel 8.1-18 ), il a vu certains peuples qu’il venait de soumettre chercher à secouer le joug en s’alliant à d’autres peuples indépendants (2 Samuel 10.1-19 ). Mais le Psaume 2 nous montre les nations et les rois de la terre dans leur ensemble soumis à l’Oint de l’Éternel et cherchant à secouer son joug. Le seul événement qui corresponde à cette conception est l’apostasie générale de la chrétienté qu’annoncent, à la suite de notre psaume, les prophéties du Nouveau Testament et que nous voyons se préparer de nos jours. Il est donc inutile de chercher dans quelques troubles momentanés de petits peuples de l’Orient l’explication du tableau grandiose que déploie devant nous le Psaume 2. Ce n’est rien moins que la question de l’empire du monde qui est d’avance résolue ici conformément aux décrets éternels de Celui pour qui l’avenir n’a point de voiles et qui préside aux destinées des peuples.
Le point de vue que nous développons ici n’est pas seulement celui de quelques théologiens. Il a toujours été celui du peuple de l’Église. Même aux yeux des anciens commentateurs juifs, le héros du psaume n’était ni David, ni l’un de ses successeurs, mais le Messie attendu : l’opinion des rabbins ne s’est modifiée que par suite de leur controverse avec les chrétiens. À l’époque où apparut Jésus, les deux noms sous lesquels tant, ses ennemis que ses disciples désignaient le Christ attendu, étaient ceux de Messie et de Fils de Dieu, empruntés tous deux au Psaume 2 (Jean 1.34 ; Matthieu 26.63 ). Les nations nombreuses de notre psaume dans le Nouveau Testament (Actes 4.25-27 ; 13-33 ; Hébreux 1.5 ; Hébreux 5.5 ; Apocalypse 2.27 ; Apocalypse 12.5 ; Apocalypse 19.15-21 ) nous montrent à quel point, les premiers chrétiens y retrouvaient l’histoire de leur roi, les haines amassées contre lui, son élévation à la droite de Dieu, sa victoire finale. Qu’aujourd’hui encore, au milieu du soulèvement d’une partie de l’humanité contre le Christ et contre Dieu lui-même, l’Église prenne courage et contemple par l’œil du psalmiste la gloire de son Sauveur et la destruction certaine de tout ce qui s’oppose à son règne !
Quelle date peut-on assigner à ce psaume? Comme pour mieux reporter nos regards sur Celui qui est la source de toute inspiration prophétique, il se présente à nous à titre anonyme. S’il est cité (Actes 4.25 ) comme venant de David, c’est parce que, dans la primitive Église, comme de nos jours, le souvenir du grand chancre d’Israël restait attaché à toute la collection des Psaumes. Au reste l’époque de David est bien celle qui nous semble offrir le plus d’analogie avec le contenu même de cette prophétie. Si c’est faire fausse route que de voir dans le psaume le récit historique d’événements politiques de ce temps-là, si la personne même de David, ses guerres et ses victoires, sont bien inférieures au tableau que nous venons d’admirer, il y a eu là pourtant de quoi fournir au psalmiste le point de départ et comme le premier plan de la vision à laquelle il nous fait assister. Les principaux éléments de la prophétie sont là, esquissés, pour ainsi dire, quoique en des proportions bien réduites : l’onction, l’élévation à la royauté, procédant directement de l’Éternel, la promesse de Nathan, les coalitions, les révoltes de peuples et de rois. De tout cela l’esprit prophétique a su dégager, dans sa netteté et sa grandeur, la pensée éternelle de Dieu à l’égard de son Fils, oint pour régner en son nom.
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