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Daniel 13.13
Vigouroux


1 (Or) Il y avait un homme qui habitait à Babylone, et dont le nom était Joakim.
[13 Dans l’ordre des temps, cette histoire devrait être placée après le chapitre 1er ; elle est arrivée au temps de la captivité des Juifs à Babylone, lorsque Daniel était encore jeune (voir verset 45), et par conséquent dans les trois premières années de la captivité.] [13.1 Joakim était un des principaux Juifs captifs à Babylone.]
2 Il prit une femme nommée Susanne, fille d’Helcias, parfaitement belle et craignant Dieu ;
[13.2 Susanne signifie lis.]
3 car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse.
4 Or Joakim était très riche, et il avait un jardin fruitier (verger) près de sa maison ; et les Juifs affluaient (souvent) chez lui, parce qu’il était le plus honorable (considérable) de tous.
5 On avait établi pour juges, cette année-là, deux vieillards d’entre le peuple ; c’est d’eux que le Seigneur a dit : L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui semblaient conduire le peuple.
[13.5 On établit, etc. On voit par ces paroles que, quoiqu’en captivité, les Juifs n’étaient pas privés du droit de juger des cas qui concernaient leurs lois et les affaires des individus de leur nation entre eux. ― Disant. Voir sur ce mot, Daniel, 12, 7. ― L’iniquité, etc. Cette citation n’est pas écrite dans les Livres saints, elle pouvait se trouver dans la tradition. Quelques-uns prétendent qu’elle se rapporte à Jérémie (voir Jérémie, 23, 14 et chapitre 29), où on voit en effet une pensée analogue à celle qu’exprime ici Daniel.]
6 Ceux-là fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des affaires à juger venaient les y trouver (vers eux).
7 Lorsque la foule était partie, sur le midi, Susanne entrait et se promenait dans le jardin (verger) de son mari.
8 Ces vieillards l’y voyaient tous les jours entrer et se promener, et ils brûlèrent de passion pour elle ;
9 ils pervertirent leur sens, et ils détournèrent leurs yeux, pour ne pas voir le ciel et pour ne se pas souvenir des justes jugements.
[13.9 Des justes jugements de Dieu.]
10 Ils étaient donc tous deux blessés de son amour, mais ils ne s’entre-dirent pas leur peine ;
11 car ils rougissaient de se découvrir l’un à l’autre leur passion, voulant corrompre Susanne (tous l’assouvir).
12 Et ils cherchaient tous les jours, avec grand soin, à la voir. Ils se dirent l’un à l’autre :
13 Allons chez nous, car c’est l’heure du dîner ; et étant sortis, ils se séparèrent l’un de l’autre.
[13.13 L’heure du dîner ; l’heure de midi (voir verset 7).]

14 Mais, revenant aussitôt, ils se rencontrèrent, et, après s’en être demandé mutuellement la raison, ils avouèrent leur passion ; et alors ils fixèrent ensemble un temps où ils pourraient la trouver seule.
15 Comme ils cherchaient un jour convenable, il arriva que Susanne entra, selon la coutume, accompagnée seulement de deux jeunes filles, et elle voulut se baigner dans le jardin (verger), car il faisait chaud ;
[13.15 La veille, etc. ; littéralement hier et avant-hier ; hébraïsme, pour auparavant.]
16 et il n’y avait là personne que les deux vieillards, qui étaient cachés et qui la regardaient.
17 Elle dit donc aux jeunes filles : Apportez-moi de l’huile et des parfums (savons) et fermez les portes du jardin (verger), afin que je me baigne.
18 Elles firent ce qu’elle avait commandé ; elles fermèrent les portes du jardin (verger) et elles sortirent par une (la) porte de derrière, pour apporter ce qu’elle avait ordonné ; et elles ne savaient pas que les vieillards furent cachés à l’intérieur (du verger).
19 Lorsque les jeunes filles (servantes) furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Susanne et lui dirent :
20 Voici, les portes du jardin sont fermées ; personne ne nous voit et nous brûlons de passion pour toi (vous) ; (rendez-vous) rends-toi donc à notre désir et unis-toi (livrez-vous) à nous.
21 Si tu (vous) refuses(z), nous témoignerons contre toi (vous), et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi (vous), et que c’est pour cela que tu (vous) as(vez) renvoyé tes (vos) jeunes filles.
22 Susanne gémit (soupira) et dit : L’angoisse m’entoure de tous côtés ; car si je fais cela, c’est la mort pour moi ; si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains.
23 Mais il est meilleur pour moi de tomber sans motif entre vos mains, que de pécher en la présence du Seigneur.
24 Alors Susanne poussa un grand cri, et les vieillards crièrent aussi contre elle.
25 Et l’un d’eux courut à la porte du jardin (verger) et l’ouvrit.
26 Ayant entendu crier dans le jardin (verger), les serviteurs de la maison se précipitèrent par la porte de derrière, pour voir ce que c’était.
27 (Mais) Après que les vieillards eurent parlé, les serviteurs éprouvèrent une grande honte, parce qu’on n’avait jamais rien dit de semblable de Susanne. Le lendemain arriva
28 et le peuple étant venu chez Joakim son mari, les deux vieillards y vinrent aussi, pleins d’une résolution criminelle (inique) contre Susanne, pour lui faire perdre la vie.
29 Et ils dirent devant le peuple : Envoyez chercher Susanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. On y envoya aussitôt
30 et elle vint avec ses parents, ses enfants et tous ses proches (parents).
31 Or Susanne était d’une délicatesse et d’une beauté parfaites (extrêmement gracieuse et belle de visage).
32 (Mais) Ces méchants ordonnèrent qu’on lui ôtât son voile (car elle était voilée), afin de se rassasier au moins en cette manière de sa beauté.
[13.32 Commandèrent, etc. On voit, dans la loi mosaïque, que la femme accusée d’adultère par son mari, avait le visage découvert pendant le jugement (voir Nombres, 5, 18). Les accusateurs de Susanne prirent sans doute prétexte de cet article de la loi, pour lui faire ôter son voile, sans lequel aucune femme en Orient ne peut paraître en public.]
33 Les siens et tous ceux qui l’avaient connue pleuraient.
34 Alors les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.
[13.34 Mirent leurs mains, etc. ; usage consacré chez les Hébreux, surtout dans les condamnations à mort (voir Lévitique, 24, 14).]
35 Elle, en pleura(nt), leva les yeux au ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur.
36 Et les vieillards dirent : Comme nous nous promenions seuls dans le jardin (verger), cette femme est entrée avec deux (jeunes) servantes ; elle a fermé les portes du jardin (verger) et elle a renvoyé les jeunes filles.
37 Et un jeune homme, qui était caché, est venu et a péché (commis le crime) avec elle.
38 Nous étions dans un coin du jardin (verger), et, voyant cette iniquité, nous sommes accourus (avons couru) à eux, et nous les avons vus s’unir (ensemble).
39 Lui, nous n’avons pu le prendre, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé (est sorti avec précipitation).
40 Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. C’est de quoi nous sommes témoins.
41 La multitude les crut, parce qu’ils étaient des anciens et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.
[13.41 A mort. La lapidation était la peine de l’adultère (voir Lévitique, 20, 10 ; Jean, 8, 5).]
42 Alors (Mais) Susanne poussa un grand cri et dit : Dieu éternel, qui pénétrez ce qui est caché, et qui connaissez toutes choses avant qu’elles arrivent
43 vous savez qu’ils ont porté un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de tout ce qu’ils ont inventé malicieusement contre moi.
44 Et (Or) le Seigneur entendit sa voix.
45 Et comme on la conduisait à la mort, le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel,
[13.45 L’esprit saint ; l’esprit de prophétie, pour découvrir le crime des vieillards et les convaincre par leur propre bouche avant l’instruction de l’affaire. ― D’un jeune homme (pueri junioris). L’épithète junior, littéralement plus jeune, ne change pas la signification de puer, qualification donnée déjà quatre fois (voir Daniel, 1, vv. 4, 13, 15, 17) à Daniel, sans cet adjectif. Au reste, quel que fût l’âge de Daniel, aidé d’une lumière surnaturelle, il n’a nullement été précipité dans son jugement, comme l’ont prétendu certains incrédules.]
46 qui cria à haute voix : Je suis pur (innocent) du sang de cette femme.
47 Tout le peuple se tourna vers lui et dit : Quelle est cette parole que tu as proférée ?
48 (Lui,) Se tenant debout au milieu d’eux, il dit : Etes-vous assez insensés, fils d’Israël, pour condamner, sans la juger et sans connaître la vérité, une fille d’Israël ?
49 Jugez-la de nouveau, car ils ont porté un faux témoignage contre elle.
50 Le peuple revint donc en grande hâte, et les vieillards dirent à Daniel : Viens, et prends place au milieu de nous, et instruis-nous, puisque Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse.
51 (Et) Daniel dit au peuple : Séparez-les l’un de l’autre, et je les jugerai.
52 Lorsqu’ils eurent été séparés l’un de l’autre, Daniel appela l’un d’eux et lui dit : Homme vieilli dans le mal, les péchés que tu as commis autrefois viennent maintenant sur toi,
[13.52 Maintenant, etc. ; c’est maintenant que tous vos crimes sont retombés sur vous, et que vous allez les expier.]
53 qui rendais des jugements injustes, qui opprimais les innocents et qui relâchais les coupables, quoique le Seigneur ait dit : Tu ne feras pas mourir (un) l’innocent et le (un) juste.
[13.53 Tu ne feras pas, etc. Voir Exode, 23, 7.]
54 Maintenant donc, si tu (vous) l’as(vez) vue, di(te)s sous quel arbre tu (vous) les as(vez) vus parler ensemble. Il dit : Sous un lentisque.
55 Daniel lui dit : Vraiment tu as (vous avez) menti contre ta (votre) tête ; car voici que (qu’un) l’ange de Dieu, ayant reçu son arrêt, te (vous) coupera en deux.
[13.55 ; 13.59 Contre votre tête ; de manière que votre mensonge va retomber sur votre tête, va tourner à votre perte. ― Vous coupera par le milieu. Il y a un jeu de mots dans le grec ; d’où on a prétendu que le grec était le texte original ; mais en bonne critique cela ne le prouve pas, parce que l’allusion a pu se trouver dans la version sans avoir été dans le texte, et qu’il pouvait y avoir dans le texte une allusion semblable à celle qui se lit dans la version ; mais on ne connaît pas assez les noms hébreux des arbres pour pouvoir déterminer quelles étaient les expressions du texte. Il est probable que l’expression, vous coupera par le milieu, signifie ici vous exterminera, et que les deux vieillards furent lapidés, suivant la loi du talion qui veut que le faux accusateur souffre la peine qu’il a voulu faire souffrir à l’innocent. Voir les versets 61 et 62 ; Deutéronome, 19, 18-19.]
56 Après l’avoir renvoyé, il ordonna qu’on fît venir l’autre, et il lui dit : Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté (vous) t’a séduit, et la passion a perverti ton (votre) cœur.
57 C’est ainsi que vous traitiez les filles d’Israël, et, effrayées, elles vous parlaient ; mais une (la) fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité.
58 Maintenant donc, di(te)s-moi sous quel arbre tu (vous) les as(vez) surpris lorsqu’ils se parlaient. Il dit : Sous un chêne (une yeuse).
59 Daniel lui dit : Vraiment, toi (vous) aussi tu (vous) as(vez) menti contre ta (votre) tête ; car l’ange du Seigneur est (tout) prêt, et tient l’épée pour te (vous) couper par le milieu et pour te (vous) faire mourir (tous deux).
60 Alors toute l’assemblée poussa un grand cri, et ils bénirent Dieu, qui sauve ceux qui espèrent en lui.
61 Et ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir porté un faux témoignage ; et ils leur firent le mal qu’ils avaient fait à leur prochain
62 pour exécuter la loi de Moïse. Ils les firent mourir, et le (un) sang innocent fut sauvé en ce jour-là.
[13.62 Voir Deutéronome, 19, 18-19.]
63 Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim son mari et tous ses proches (parents), de ce que rien de honteux ne s’était trouvé en elle.
64 Quant à Daniel, il devint grand devant le peuple, depuis ce jour-là et dans la suite.
65 Et le roi Astyages ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse lui succéda dans le royaume. [13.65 Ce verset n’a aucun rapport avec l’histoire de Susanne, arrivée au commencement du règne de Nabuchodonosor ; il appartient plutôt au chapitre suivant, où sont racontés des faits qui datent du commencement du règne de Cyrus. ― Astyage ; est selon plusieurs le fils d’Astyage, Cyaxare II, Darius le Mède, mais voir Daniel, 5, 31.]

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