/   /   /  Psaume 86:7     

Psaumes 86.7
Vigouroux


Appel à la grâce de Dieu

1 Des (Aux) fils de Coré, psaume (de) cantique.
Ses fondements sont sur les saintes montagnes.
[86.1 Aux fils de Coré. Voir le titre du Psaume 41 (Hébreu : 42). ― Ses (dans l’hébreu et les Septante de lui) se rapporte selon les uns à Sion, exprimé dans le verset suivant, selon les autres, à Seigneur, qui se lit dans le même verset ; selon d’autres, à Jérusalem, mot sous-entendu ; enfin suivant quelques-uns, à temple, également sous-entendu. La seconde explication, les fondements du Seigneur, c’est-à-dire posés par le Seigneur, ou, comme dit l’hébreu, la fondation du Seigneur, faite par le Seigneur, paraît la mieux établie. Comparer en effet, au verset 3. ― Les montagnes saintes sont principalement Sion et Moria, sur lesquelles fut bâti le temple de Jérusalem. ― Les portes de Sion, par une figure très usitée dans le style biblique, sont mises pour toute la ville de Sion. ― « La montagne de Sion, ce siège de l’empire à jamais florissant de ce grand roi (David) ne pouvait manquer de passer avec lui à la postérité. Quoique cette montagne fût petite et aride, elle n’en devait pas moins devenir la tête des nations, le point de départ d’où découleraient tous les fleuves vivifiants, c’est-à-dire la loi et l’enseignement qui assurent la félicité des peuples. Cet honneur lui était prédestiné, parce que son roi devait donner à la terre la paix et la joie, et y répandre la lumière et la prospérité. ― Elle est fondée sur des montagnes saintes, etc. Qu’elle est belle, la lyrique couronne de louanges dont le poète pare la ville royale ! Qu’on se souvienne de tous les chants où Jérusalem est représentée comme la ville de Dieu et d’un royaume éternel, comme la tête de tous les peuples de la terre, et l’on se fera une idée des riches développements que les prophètes donnent à ces images. » (HERDER.)] [86.1-7 Eusèbe dit avec raison que ce psaume est très obscur. Plusieurs critiques pensent qu’il fut composé à la suite de la ruine de l’armée de Sennachérib. Voir Psaumes 45 ; 47 et 75. ― L’auteur y annonce la conversion des Gentils. ― En voici la traduction sur l’hébreu où il est plus clair :

Elle est fondée sur les saintes montagnes (où est le temple) !
Le Seigneur aime les portes de Sion
Plus que toutes les tentes de Jacob.
On dit sur toi des choses glorieuses, cité de Dieu :« Je compterai l’Egypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent.
Voici les Philistins (des étrangers), Tyr avec l’Ethiopie :
Ils sont nés là (à Jérusalem). »
Et l’on dit à Sion :
Une multitude d’hommes y est née.
C’est le Très-Haut qui l’a fondée.
Le Seigneur compte et inscrit les peuples :
Ils sont nés là.
Et chantres et musiciens [s’écrient] :
« Tu es la source de toutes (nos joies). »]

2 Le Seigneur aime les portes de Sion plus que toutes (tous) les tentes (tabernacles) de Jacob.
3 On a dit de toi des choses glorieuses, ô cité de Dieu.
4 Je me souviendrai de Rahab et de Babylone, qui me connaissent. Voici que les (des) étrangers, et Tyr, et le (un) peuple d’Ethiopie sont là, eux aussi (ont été là).
[86.4 Rahab ; ce mot hébreu, qui signifie proprement orgueil, fierté, désigne très probablement et poétiquement l’Egypte, ici aussi bien que dans Psaumes, 88, 11 et Isaïe, 25, 11 ; 51, 9 ; passages où la Vulgate elle-même a rendu le même terme hébreu par orgueil, superbe. ― Des étrangers ; c’est-à-dire les Philistins. Voir sur ce mot, Psaumes, 59, 10.]
5 Ne dira-t-on pas à Sion : Un grand nombre d’hommes sont nés (un homme et un homme est né) en elle, et le Très-Haut lui-même l’a fondée ?
[86.5 Est-ce qu’on ne dira pas ; littéralement ne dira-t-il pas ; ce qui revient au même ; car, dans les phrases semblables, le mot quelqu’un, ou le participe du verbe, formant le sujet, se sous-entend très souvent ; en sorte que le sens rigoureusement grammatical est : Est-ce que quelqu’un, ou un disant ne dira pas ? L’hébreu porte : Il sera dit  ce qui est encore la même chose. Quant aux Septante, où on lit aujourd’hui : Une mère Sion dira, saint Jérôme, dans son Commentaire sur ce passage, soutient que les anciens exemplaires portaient, comme il traduit lui-même Numquid Sion dicet ?De Sion. C’est ce qu’exigent évidemment les mots suivants, dans elle. Ainsi, la traduction, à Sion, est un contresens. A la vérité, la particule hébraïque, mise devant Sion, marque ordinairement le datif, mais elle signifie aussi quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, et qu’elle n’est pas suivie d’un verbe à la seconde personne, comme nous avons déjà eu l’occasion de le faire observer. ― Un homme et un homme ; c’est-à-dire un grand nombre, une multitude d’hommes.]
6 Le Seigneur notera (le racontera) dans la description (les écritures) des peuples et des princes ceux qui auront été en (furent dans) elle.
[86.6 Le Seigneur le racontera ; c’est le Seigneur qui dira quels sont les hommes nés dans Sion. Ce verset est une réponse à la question faite dans le précédent. ― Dans des écritures de peuples, etc. ; c’est-à-dire dans des rôles, des listes ou des dénombrements. Les Septante lisent dans écriture de peuples, et l’hébreu, en inscrivant des peuples.]
7 Ils sont tous dans la joie, ceux qui habitent en toi. [86.7 Ceux qui habitaient en toi ; littéralement l’habitation en toi ; c’est un hébraïsme en vertu duquel le substantif se met très souvent au lieu de l’adjectif. ― L’Eglise applique ce psaume à la très Sainte Vierge. M. Olier, dans ses mémoires inédits, donne un bel exemple des applications que l’on peut faire des chants sacrés aux offices liturgiques, par la manière dont il commente le Fundamenta ejus, entendu de la Mère de Dieu ; « Les fondements, ou autrement les premiers sentiments et les prémices de la vie de la très Sainte Vierge sont élevés par-dessus les plus hautes montagnes de l’Eglise, c’est-à-dire par-dessus les âmes les plus parfaites et les plus éminentes de l’Eglise…, d’où vient que Dieu aime plus ces entrées, ou autrement ces portes, que les tabernacles de Jacob. Les entrées de la très Sainte Vierge sont deux, l’une cachée et inconnue, qui est sa sainte Conception ; l’autre est plus évidente, et c’est sa Nativité… Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei. O Sainte Vierge, vraie demeure de Dieu…, on ne peut exprimer la gloire et la grandeur de votre âme… Memor ero Rahab et Babylonis scientium me. Ecce alienigenæ et Tyrus et populus Aethiopium, hi fuerunt illic. A ce moment de ma Conception et de ma naissance, j’offrais toute l’Eglise à Dieu ; je présentais avec moi toute l’étendue des nations qui devaient servir à son honneur et à sa gloire. Et sa bonté a exaucé mes vœux et mon offrande… Numquid Sion dicet : Homo et homo natus est in ea, et ipse fundavit eam Altissimus ? A voir cette magnificence et sainteté de l’âme de Marie, est-il pas bien aisé de voir que Dieu l’a préparée pour naître d’elle son Fils unique Jésus-Christ, qui est le Fils de l’homme, et avec lui aussi toute l’étendue de son Eglise ? Homo et homo natus est in ea… Dieu remplira le cœur de tous les hommes d’honneurs et de ressentiments pour sa personne… C’est une joie commune et universelle de tous les fidèles chrétiens. » Oraison sur la Nativité de la Sainte Vierge, 8 septembre 1641.]

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