Tite, dont l’historien des Actes ne fait aucune mention, et qui, par conséquent, n’est connu que par les épîtres de Paul, était né dans le paganisme (Galates 2.3), mais paraît avoir été de bonne heure converti au Sauveur. En effet, Paul allant à Jérusalem pour assister à l’assemblée des apôtres, des anciens et de l’Église (Actes 15), était déjà accompagné de ce jeune disciple (Galates 2.1). Dès lors Tite fut le compagnon d’œuvre fidèle du grand apôtre : celui-ci lui confia à plusieurs reprises auprès des Églises des missions difficiles, qui exigeaient autant d’intelligence que de zèle (2 Corinthiens 2.13, note ; 2 Corinthiens 7.6, 13-15, note ; 2 Corinthiens 8.6, 16, 17, 23, note. Comparez 2 Corinthiens 12.18). Il lui laissa la direction des Églises qu’il avait fondées en Crète pendant un séjour qu’il fit dans cette île après sa première captivité (Tite 1.5). Plus tard, lors de sa dernière captivité et peu avant sa mort, il parle de ce disciple comme ayant été auprès de lui à Rome et l’ayant quitté pour se rendre en Dalmatie, où il remplissait, sans doute, quelque mission (2 Timothée 4.10). C’est la dernière mention de Tite dans le Nouveau Testament. Selon la tradition des Pères, il aurait été le premier évêque de l’Église de Crète, où Paul l’avait établi, et il y serait mort à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans.
Peu de temps après l’avoir quitté dans l’île de Crète, l’apôtre écrivit cette épître à Tite pour lui donner les directions nécessaires à l’œuvre difficile qu’il lui avait confiée, d’où il la lui adressa, à quelle époque précise, c’est ce qu’il est impossible de déterminer, faute de données historiques. Paul invite son disciple à venir le voir à Nicopolis, où il comptait passer l’hiver (Tite 3.12) ; mais comme il y avait plusieurs villes de ce nom (ville de la victoire), ainsi appelées en souvenir de quelque bataille gagnée, cette indication ne détermine point pour nous d’une manière certaine le lieu d’où Paul écrivait, et aussi cette question est-elle sans importance pour l’intelligence de notre lettre. Ce qui en a beaucoup plus, c’est la situation morale de cette île de Crète où la lettre fut envoyée, et où Tite devait poursuivre son œuvre au milieu de combats auxquels l’apôtre fait fréquemment allusion. Cette île, grande et populeuse, avait été célèbre dès les temps les plus reculés par une civilisation avancée, en particulier par la sagesse de ses lois. Mais plus tard, ses habitants dégénérèrent et se livrèrent à la piraterie et à d’incessantes guerres. Cent ans avant l’âge apostolique, l’île fut conquise par les Romains après les plus terribles combats. Ces circonstances historiques expliquent l’idée peu favorable que notre lettre nous donne du caractère moral des Crétois (1.12-13). Mais de plus cette île formait, avec les régions voisines de l’Afrique (la Cyrénaïque), une seule province romaine ; et comme les Juifs constituaient le quart de la population de Cyrène, on comprend qu’il s’en trouvât beaucoup en Crète même, et que les jeunes Églises confiées à Tite fussent exposées aux séductions de l’erreur que l’apôtre combat dans d’autres épîtres, et spécialement dans les lettres à Timothée (Voir l’introduction). En effet, Paul signale ici les mêmes fausses doctrines, propagées, comme ailleurs, par des motifs égoïstes et hypocrites. De là, la sévérité qu’il recommande à son disciple, soit dans le choix des anciens qu’il doit établir sur les Églises, soit dans l’exercice d’une rigoureuse discipline contre les séductions des faux docteurs.
L’apôtre expose ces pensées dans l’ordre suivant :