Introduction aux livres historiques Bible Annotée

Ces livres, qui contiennent l’histoire suivie du peuple d’Israël jusqu’au terme de la période prophétique, dans le siècle qui suivit le retour de la captivité, sont au nombre de douze. Dans le Canon juif, ils ne sont point réunis en une série unique, comme dans nos Bibles. Six d’entre eux sont placés, comme dans celles-ci, immédiatement après le Deutéronome ; ce sont Josué, les Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois. Ils portent chez les Juifs le nom de prophètes antérieurs, parce qu’ils étaient envisagés comme écrits par des prophètes, aussi bien que les livres prophétiques proprement dits. Ce nom ne doit pas nous étonner, car la lumière prophétique paraissait aussi nécessaire pour comprendre et raconter au point de vue divin les événements passés que pour pénétrer et annoncer l’avenir. Les six autres, Ruth, l et 2 Chroniques, Esdras, Néhémie et Esther, étaient séparés de ceux-là et placés dans le troisième goupe des livres de l’Ancien Testament, les Hagiographes. Les auteurs de la traduction grecque de l’Ancien Testament trouvèrent préférable de réunir tous les livres historiques en les rangeant d’après l’ordre chronologique des événements racontés. Fidèles à ce principe, ils rattachèrent le livre de Ruth à celui des Juges. On arriva ainsi à l’ordre qui a passé dans la traduction latine et de là dans nos Bibles.

Les six premiers livres historiques ont des modes de narration très différents ; par exemple, les uns citent rarement leurs sources (Josué, Samuel), un autre jamais (Juges), d’autres fréquemment (les Rois). Ils ont leur individualité bien marquée. Mais ils n’en ont pas moins un esprit et un caractère communs ; comme le Pentateuque, ils ne sont destinés à glorifier ni une tribu, ni une caste, ni un personnage, mais Dieu seul, et sont animés d’une foi inébranlable en la mission providentielle du peuple dont ils racontent les victoires ou les défaites. Cette conception qui domine l’historiographie israélite ne peut provenir de la simple réflexion humaine. Elle ne fléchit point dans les moments où les faits semblent lui donner le plus éclatant démenti ; c’est même dans les livres écrits au moment de la décadence qu’elle éclate avec le plus de force. Elle ne peut reposer que sur la connaissance du Dieu vivant, fruit de la révélation, et c’est dans ce trait et non dans l’infaillibilité de tous les détails de la narration, que la tradition peut avoir parfois altérés, que consiste le caractère de leur inspiration. Le jour jeté sur les faits n’est de nature ni logique, ni politique; il procède uniquement de la grande pensée de l’alliance contractée par Jéhova avec son peuple en vue du bien final de l’humanité. Dans ce trait, nous reconnaissons le coup d’œil prophétique, et c’est pourquoi nous ne pouvons douter que les écoles de prophètes n’aient joué un rôle décisif dans la formation de l’historiographie juive jusqu’à l’exil.




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